village de Talatast
Toujours au départ de Marrakech, je prend un grand taxi direction Tighdouine, pour aller explorer la vallée du Zat quelques jours. J'ai entendu parler du village de potiers de Talatast lorsque j'étais à Aït Souka, ce sera donc ma prochaine destination.
A peine arrivée, je rencontre Ali* sur mon chemin qui me propose de m'accompagner randonner dans la vallée, moyennant quelques dirhams. Après négociation, j'accepte à 100Dh (environ 9€), mon budget restant ne me permettant pas de faire des excès.A ce moment, je ne me sens pas très fière de négocier, 9€ la journée de salaire, c'est vraiment peu cher payé...Première étape de la randonnée, les sources naturelles Sidi El Wafi. Elles sont au nombre de sept et auraient des vertues curatives, chacune guérissant une partie précise du corps. Certains habitants s'aspergent les yeux à côté de nous, Ali m'explique que cette source guérit les maladies oculaires, et qu'il n'est pas dans les habitudes locales de consulter un spécialiste.On s'arrête déjeuner près des sources, et nous dégustons un excellent tajine au poulet, le meilleur mangé jusqu'alors. Un ami d'Ali se joint à nous et nous discutons de la France. Décidément, les marocains rencontrés pendant ce voyage sont fascinés par notre pays.Et pour combler notre soif, direction la source naturelle d'eau gazeuse près de nous, qui elle, guérirait les maladies d'estomac. Fraîche et finement gazeuse, l'eau est excellente.Grâce aux sources naturelles, l'eau abonde en ce lieu.Pour une digestion parfaite, on s'arrête chez l'herboriste qui nous offre un thé à base de plantes en tout genre, pas moins de vingt-cinq au total. Je ne saurais pas faire la liste des plantes, mais ce thé est absolument divin, très aromatisé.On repart ensuite explorer la montagne qui se colore davantage à chacun de nos pas. Les petites cascades deviennent argileuses et le flanc de montagne nous apparaît au fur et à mesure un peu plus rose.Les paysages sont magnifiques, vraiment.En chemin, les sujets de conversations avec Ali sont divers et variés. On aborde le mariage forcé et il m'explique qu'il n'a pas choisi sa femme, mais qu'il l'aime, je cite, de "toutes [ses] forces". Il me dit que les choses changent au Maroc et que ses enfants choisiront eux-mêmes leur partenaire. Il ne juge pas, ne sait pas si c'est mieux ou moins bien ainsi, c'est comme ça c'est tout.Et puis on arrive au village de Talatast.
Ali me présente aux potiers et aux quelques habitants que l'on croise. Tous ont la peau très foncée, j'apprends alors que ce sont des descendants d'escalves d'Afrique noire faisant à l'époque parti de la garde rapprochée du Glaoui, un des plus célèbres pachas marocains.
Je découvre les conditions de travail rudimentaires des potiers, enfermés toute la journée dans un abri enfoncé dans le sol. L'un d'entre eux m'expliquent que les tours de potiers abrités ont été construits par un riche français pour un meilleur rendement, puisqu'ils peuvent ainsi travailler en temps de pluie. Je ne parviens pas à savoir franchement si ce "riche français" bénéficie de ce rendement, mais je crains que ça ne soit le cas...Les potiers travaillent la terre argileuse de la montagne, parfaite aux doigts et à la cuisson selon eux.Bien malgré moi, je me retrouve dans l'école du village où les enfants de tout âge sont réunis. Cette situation me dérange un peu, interrompre la classe juste pour une visite me met mal à l'aise.Juste au dessus de l'école, j'aperçois des femmes au travers d'une ouverture qui semblerait être une fenêtre. Elles m'invitent de la main à monter et à observer les broderies qu'elles sont en train de réaliser. Elles les vendront dès le lendemain au souk de Tighdouine. Elles m'expliquent, à l'aide d'Ali qui fait l'interprète, que les hommes du village se rendront demain à Tighdouine avec les broderies et les poteries chargées à dos de mule. C'est principalement de cette économie que vit le village.Il est à présent temps de prendre le chemin du retour et de poser mes affaires à l'hôtel repéré le matin.Or, en arrivant à Tighdouine, je ne me sens pas tout à fait à l'aise. Difficile d'expliquer ce sentiment, une sorte d'insécurité, d'étrangeté que je n'avais pourtant pas quelques heures plus tôt...Aucun élément concret de danger imminent, mais j'en fais part à Ali qui m'explique qu'il s'agit probablement du regard que posent les gens sur moi, n'étant pas habitué à voir une femme voyager seule. Cette région reste beaucoup moins touristique que d'autres vallées de l'Atlas, et les voyageuses se font plus rares.J'ai pour habitude de toujours me fier à mon instinct, à ce que je ressens. Et mon instinct semble me dire, là maintenant, de ne pas rester dormir ici. Ca tombe bien un taxi est en train de se remplir direction Marrakech, et je crois à cet instant que c'est la chose à faire.C'est ainsi que je reprends la route pour la ville, laissant derrière moi cette beauté rose et ce sentiment étrange que je ne parviens concrètement pas à expliquer aujourd'hui encore.Comme à mon habitude, je vous laisse explorer les images de cette belle journée. Bonne balade! :)
Vallée du Zat
Village dans la vallée du Zat
Chute d'eau argileuse
Une des sept sources Sidi El Wafi
Endroit où déjeuner près des sources
Photo très floue de l'herboristerie
Four à poteries
Poteries en préparation pour le souk de Tighdouine
*Si vous cherchez un accompagnateur parfait, vous pouvez contacter Ali au 06 68 10 75 30.
__________________________________________________________