Brésil : graffs à cœur ouvert à Rio

Publié le 10 septembre 2014 par Caraporters @Caraporters

Miro

Décor de début du monde et ciel de satin, la ville de Rio de Janeiro, au Brésil, boursouflée de collines, s’étend entre l’océan et la mata atlantica (forêt tropicale). Mais par-delà ces attributs romantiques et naturels, une fresque urbaine a pris possession de la cité.

Dès la fin des années 1970 et avec une rapide accélération après la Biennale internationale de Sao Paulo de1983, le tag investit tous les quartiers de Rio de Janeiro, de la zone touristique au sud à la zone populaire du nord qui englobe deux tiers de cette ville de 10 millions d’habitants. Partout les graffs mangent les escaliers, habillent les portes et les poteaux électriques, grignotent les cabines téléphoniques et les bittes en béton, se frayent un chemin dans les tunnels et les murs des immeubles.

Parfois le dessin commence sur un volet roulant d’un magasin et se termine sur le trottoir, parfois il couvre une voiture abandonnée. Le phénomène est devenu tellement prégnant dans les rues cariocas que Rio commence à se tailler une réputation de choix dans le milieu underground. « La ville est en train de devenir ‘the place to be des graffeurs’. On en voit arriver de Paris, d’Allemagne, de Hongrie… Ils viennent bomber à Rio parce que c’est le spot au top en ce moment », explique Philippe Cuizinaud, un photographe français passionné du genre, installé à Rio depuis quelques années.

Double approche

Dans les textes, la loi interdit le graff mais dans les faits, la tolérance est extrême. Mieux, les pouvoirs publics tentent de promouvoir l’encadrement du phénomène. En 2010, l’Etat de Rio a effectué une commande auprès de quelques artistes leur fournissant peinture et échafaudages pour orner un pignon d’immeuble proche des grandes arches de Lapa (quartier du centre-ville). Régulièrement, le graffeur Angelo Campos redonne des couleurs aux murs d’enceinte des écoles publiques avec l’appui logistique des directeurs.

A Manguinhos, en zone nord, une école de graff, « la fabrique », a même vu le jour, dans laquelle le très reconnu Ema enseigne gratuitement les techniques aux enfants des favelas. 
Mais si certains artistes travaillent main dans la main avec l’Etat, d’autres conservent une approche plus authentique, basée sur l’anonymat et l’appropriation éphémère d’une partie de l’espace public.

Librairie de Santa-Teresa

« Généralement, les graffs surgissent puis disparaissent tout aussi soudainement. Mais il y des exceptions, comme la fresque de Ment dans le quartier de Santa-Teresa. Son Pain de sucre est aujourd’hui vieux et délabré mais personne n’ose y toucher parce Ment est un graffeur très respecté», décrit Philippe Cuizinaud.

Les murs parlent

Comme des cartes postales bétonnées, les graffs cariocas font la part belle aux attributs de la ville, du Christ rédempteur au Pain de sucre, en passant par le stade de foot du Maracana, le Sambodrome du carnaval, les surfeurs de la plage de Copacabana et l’avalanche de corps dénudés. « Sûre de sa séduction, Rio l’enjôleuse joue la pause et s’exhibe sur ces propres murs », analyse le chasseur de graffs. Les femmes surtout sont à l’honneur, dénudées, plantureuses presque toujours suggestives. Les favelas aussi s’affichent, dévalant les « morros » (collines) avec leurs escaliers tourbillonnants. Quant à la musique qui s’improvise « ao vivo » dans tous les bars de la ville, elle est immortalisée par des guitares, des notes ou des congas.

Comme un clin d’œil à la réalité, le dessin est distordu, exagéré, empreint d’une certaine dérision mais parfois la vitrine colorée laisse place à des tags résolument politiques. « Quand les murs deviennent tribune, il s’agit surtout de pochoirs qui délivrent des messages. Dilma Rousseff, par exemple, est régulièrement attaquée sur des polémiques comme le barrage en Amazonie ou la légalisation de l’avortement », détaille l’expert. La critique est l’essence même du mouvement essentiellement dénonciateur quand il émerge à Rio.

Éclectique mais toujours coloré, le graff s’immisce dans tous les recoins de Rio de Janeiro et offre à l’une des plus belles villes du monde, un incroyable va et vient entre art et réalité.

Photos par Philippe Cuizinaud

Perché à 710 mètres d’altitude sur le mont Corcovado, le Christ Rédempteur domine la ville de Rio.

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Comme une figure de proue, le Corcovado est dupliqué à l’infini

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Des nues qui rappelent celles d’Henri Matisse.

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Le stade Maracana de Rio, « Templo do Futebol », est actuellement en travaux pour accueillir la Coupe du monde de foot à l’été 2014.

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Le Maracana se soulève, la « seleca » (sélection) a marqué… L’instant est figé sur le mur de la librairie de Santa-Teresa.

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Walter Salles, l’excellent cinéaste brésilien (« Central do Brasil »…) dira que « la ville de Rio est plus dure que ne le donne à croire sa beauté ».

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Le plat le plus célèbre du Brésil est la « feijoada », une marmite de haricots rouges et de porc, très étouffe-chéritien.

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« La praya del Diablo », spot de surf très fréquenté entre les plages de Copacabana et d’Ipanema.

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Il y a toujours un air de musique qui flotte dans l’air. A peine marche-t-il que le Brésilien se déhanche.

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Les capitalistes ne scient-ils pas la branche sur laquelle ils sont assis ?

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René Magritte, sauce brésilienne.

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« La police » (sécurisante et corrompue), « la milice » (qui supplante les trafiquants mais qui pratique le racket), « les trafiquants » (qui se cachent mais qui sont toujours là) et « les autres ». L’ananas symbolise la république bananière.

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« Utilise ta petite tête ». L’alerte au formatage et l’invitation à être actif sont souvent déclinés.

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« Tout ce que vous savez, croyez savoir, est faux ».

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Le mur d’enceinte d’une école.

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Le portail d’une école.

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« Créer, recréer, préserver »

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Le gamin des favelas tirent les fils électriques comme si c’était des cerfs-volants.

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L’amour à la brésilienne.

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Le peintre Joan Miro n’est pas loin

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