USA : le Bagdad Café fait toujours son cinéma

USA : le Bagdad Café fait toujours son cinéma

« A desert road from Vegas to nowhere. » Une route déserte de Vegas à nulle part. Les premières paroles de Calling You, chanson originale du film Bagdad Café, annoncent la couleur. Au bord de la mythique Route 66, qui relie Chicago à Los Angeles, quelque part en Californie (à Newberry Springs, exactement), se dresse le célèbre petit café, décor unique du film auquel il a donné son nom.
Souvenez-vous : ce long-métrage allemand de 1987, qui avait rencontré un grand succès en France, mettait en scène Jasmin, touriste allemande, qui, suite à une dispute avec son mari, atterrit dans ce bar-motel miteux, en plein désert. Elle décide d’y rester. Elle finira par se faire apprécier de tout le petit monde qui vit dans ce coin oublié.

Plongée au cœur d’un film mythique

Aujourd’hui, le motel et la citerne – au centre de l’affiche du film – ont disparu. Reste le café, dans son jus. Une baraque rouge au toit pentu, auquel est encore accolée la caravane en aluminium du film, laissée à l’abandon. Et c’est tout.

Venus en voiture depuis Las Vegas – nous parcourons alors la Route 66 depuis deux semaines – le Bagdad Café est la première trace de vie humaine depuis des centaines de kilomètres. Le dernier arrêt remontait à une pause-déjeuner à Needles, « ville la plus chaude des Etats-Unis ».
USA : le Bagdad Café fait toujours son cinéma Entre-temps, nous n’avons rencontré qu’un car de touristes au Roy’s, seul motel-café sur cette portion de route, situé à Amboy. Même les guides de voyage qualifient cette région de « vraiment hostile »…

Quand nous arrivons au Bagdad Café, nous sommes la seule voiture sur le terrain poussiéreux du parking. A l’intérieur, presque rien n’a changé par rapport au film. Seule une vieille dame est attablée près de nous. Un large comptoir traverse le bar, des petites tables en formica longent la vitrine, un vieux jukebox attend qu’on le mette en marche… On s’attendrait presque à être servis par Brenda, la propriétaire acariâtre du film…

L’empreinte des touristes français

Le serveur, un Latino d’une quarantaine d’années, est presque aussi peu avenant que son homologue sur grand écran. Après nous avoir servi sans un sourire un Diet Coke et un milkshake, le maître des lieux nous incite (fortement) à mettre un morceau dans le jukebox – qui propose évidemment Calling You et tous les succès d’Elvis. Il nous propose (impose ?) également de poser derrière le comptoir, seul ou en couple, pour la photo souvenir.

Enfin, le touriste français de passage au Bagdad Café doit sacrifier au rite du petit mot laissé sur le mur, près de la porte, qui en est tapissé. Certains louent la magie des lieux ou la beauté des paysages, d’autres passent le bonjour aux cousins restés en Bretagne ou à Saint-Etienne… On sera au moins d’accord sur le fait que le passage au Bagdad Café est obligé, même si le charme du film, lui, s’est un peu envolé.

USA : le Bagdad Café fait toujours son cinéma

Date du reportage : mai 2012