Berlin : découvrir Kreuzberg avec un Greeter

Publié le 07 septembre 2014 par Caraporters @Caraporters
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Jardin "alternatif" au coeur du quartier

Berlin, ville d’histoire par excellence, marquée par un XXème siècle torturé, qui a fait de la capitale allemande un symbole dans le monde entier. Mais Berlin, c’est aussi une ville cosmopolite, attirante, déroutante. Et pour la découvrir, quel meilleur moyen de la parcourir avec un Berlinois, via un tourisme participatif : les Greeters (1).

Bien loin des visites guidées par des guides accrédités qui s’évertuent à montrer les grands monuments en un temps record aux touristes assoiffés de souvenirs, prêts à dégainer leur appareil photo devant le moindre bâtiment, quelques Berlinois ont décidé de prendre en charge les touristes de passage qui souhaitent entrer dans un Berlin plus intimiste. Visite gratuite mais surtout insolite. Pas question pour autant de visiter toute la ville. On sélectionne un quartier. Pour une première, ce sera celui de Kreuzberg. Pourquoi lui ? Et pourquoi pas ! Peut-être parce que il est incroyablement vivant. Peut être parce que il est totalement bigarré. Peut-être parce qu’il a su accueillir les immigrés turcs, les marginaux, les alternatifs et autres artistes en son sein sans se poser de question. Et certainement parce qu’il est un exemple de tolérance.

Un petit coin de Turquie en Allemagne

Le rendez-vous est pris. C’est avec Peter, qui a longtemps habité le coin, que la visite va avoir lieu. Dès les premiers pas dans ce quartier, qui était situé à l’ouest lorsque le mur était encore debout, on sent l’effervescence. On se retrouve au coeur d’une place qui fleure bon les effluves de la Turquie. En même temps, le quartier de Kreuzberg est la troisième ville turque après Ankara et Istanbul ! D’ailleurs, à quelques mètres de là, à peine cachée par le métro aérien, une immense mosquée, qui brille de mille feux, est érigée. Elle se visite… à condition d’être un homme !

Si le lieu de culte est bien visible, d’autres sont disseminés dans les immeubles. On peut les découvrir lorsque les portes s’entrouvent et que l’on aperçoit du coin de l’oeil, des hommes pieds nus, priant au sol, alors que les femmes, voilées, négocient fruits et légumes sur les étals des marchés. Ca et là, restaurants et bars turcs, proposant les fameux « doner kebabs » -qui sont devenus une spécialité culinaire berlinoise-, ont pignon sur rue. Même la langue allemande est parfois reléguée au second plan… Alors oui, le quartier, surnommé « la petite Istanbul », a résolument un petit air de Méditerranée… ou de Mer Noire.

Mosquée de Kreuzberg

Ferme pédagogique et jardins « alernatifs »

Au détour d’une rue, le « guide » s’arrête et nous demande « Vous savez ce qu’il y a ici ? ». Vu de l’extérieur, on repère une cabane en bois, s’imaginant que d’autres sont attenantes, formant ainsi des jardins ouvriers. A peine passé le petit portillon, il n’en est rien. En plein coeur de Berlin, on découvre une ferme pédagogique ! Poneys, poules et autres chèvres naines ont investi les lieux… depuis plus de 30 ans, alors que les propriétaires ont élu domicile dans des vieux vans, transformés en caravane. Et que ça et là, les affaires sont rangées dans des meubles et des dressing de fortune (quelques planches comme ossature et un bout de tissu pour cacher le tout !). Dépaysement garanti… Enfin pas pour les animaux car, contrairement aux petits Berlinois, nous avons déjà vu des animaux de la ferme… dans une vraie ferme ! En revanche, en plein coeur d’une capitale, c’est vrai que cela nous fait sourire.

Mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Car un peu plus loin, c’est un jardin qui est à l’honneur. Pas municipal non ! Un jardin où poussent d’innombrables plants de légumes, arrosés, s’il vous plait avec l’eau du puits qui a été construit au milieu du jardin. Même système, donc, car il doit sa création via des habitants du quartier. Une immense batisse, couverte de tags, se dresse derrière, accueillant une population éclectique. Nature toujours avec un autre jardin. Minuscule cette fois-ci et coincé sur un îlot entre deux routes. Et son origine est pour le moins… anecdotique. C’est le jardin du mur… Entendez le mur de Berlin.

Ces quelques mètres carrés, situés dans un no man’s land près du mur, ont été « récupérés » par un habitant, d’origine turque, qui a décidé qu’il en ferait le « Mauergarten », les autorités berlinoises ayant accepté sa requête. « Impensable à Paris, hein ? », glisse d’ailleurs Peter, amusé. Et c’est pas faux, il n’y a que dans cette ville qu’on voit ça. Ce jardin se visite moyennant quelques euros. Sauf qu’il n’y a rien à voir. Par contre, on peut prendre une petite boisson sur les tables installées à l’extérieur pour une pause salvatrice.

Au bonheur des fêtards et des manifestants

Kreuzberg est aussi connu et reconnu pour ces soirées totalement déjantées. On y fait la fête de jour comme de nuit. D’anciennes bâtisses, parfois à la limite du squat, accueillent un nombre incalculable de soirées. Rock, électro, techno… Il y en a pour tous les goûts et pour tous les styles. D’ailleurs, les affiches présentant ces soirées fleurissent sur tous les murs et faire un choix relève du miracle !

En revanche, le quartier étant tellement bigarré, il est conseillé de ne pas s’y aventurer seul la nuit. Encore moins un certain 1er mai ! Eh oui, car c’est au coeur de Kreuzberg que les manifestants « mettent le feu » le soir de la fête du travail, véritable institution en Allemagne. Extrémistes de gauche ou de droite, on ne sait pas trop qui ils sont. Par contre, voitures en feu et altercations avec les forces de l’ordre rythment cette nuit si particulière.

Cette année, quelque 7000 policiers étaient déployés dans les rues, les hélicoptères balayant le ciel avec des torches longue portée. Un quartier en état de siège. Et chaque année, c’est pareil !

Topographie des terreurs

Une pause au bord de la Spree

En bon guide, et après deux heures de balade au milieu du bitume, Peter a décidé de nous montrer une autre facette de Kreuzberg. Et c’est parti pour le parc de Treptow. 88 hectares de verdure au bord de la Spree, le fleuve qui traverse Berlin. Et lors des chaleurs estivales, les citadins investissent les pelouses, barbecue sous le bras, afin de faire griller les « wurst » -qui ne sont autres que des saucisses, LA spécialité de la ville- et les partager en famille ou entre amis.

Après avoir déambulé au milieu du parc, l’île d’amour se dessine devant nous. En face, des péniches sont accostées. Certaines sont habitées, d’autres sont des restaurants. Un cadre idyllique et bucolique en face d’un lac, dont l’eau frémit à chaque passage de pédalos. Ce sera notre point de chute pour déguster, non pas de la saucisse, mais une spécialité à base de saumon. Le tout arrosé de bière… Il faut bien s’adapter aux us et coutumes du pays !

Dans les pas d’une Histoire mouvementée

Kreuzberg, c’est aussi l’endroit où de nombreux musées sont réunis. Le Musée juif, qui n’est pas seulement centré sur l’histoire de la Shoah, ce qui en fait certainement un des musées les plus intéressants de Berlin ; le Musée du mur, très -voire trop- fourni, mais néanmoins incontournable avec de nombreuses anecdotes sur ces Berlinois, qui avaient une imagination débordante pour gagner l’Ouest ; la Topographie des terreurs, qui est peut être le plus émouvant. Il a été édifié sur l’ancien bâtiment de la Gestapo, dont il reste encore un bout de fondation. La montée du nazisme, les humiliations envers les Juifs, les Tziganes, les homosexuels, les enfants handicapés… jusqu’au procès de Nuremberg. Bref, des témoignages, essentiellement constitués de photos, qui, même des années après, glacent le sang des visiteurs. Édifiant.

Juste derrière, quelques mètres du mur de Berlin se dressent fièrement. Histoire de faire une photo souvenir. A découvrir également, le seul bâtiment du IIIe Reich encore debout et surtout intact à Berlin : le ministère de l’armée de l’Air, dirigé par un certain Göring…

Bien evidemment, c’est aussi là que l’on retrouve le checkpoint Charlie, passage le plus connu entre l’Est et l’Ouest, devenu néanmoins une attraction qui n’a plus rien d’historique. Mais qui relève plutôt du folklore local avec ces « pseudos » soldats américains, français, anglais ou russes. Dommage, et surtout à éviter en pleine journée !

Un des lieux où on peut faire la fête à la nuit tombée, dans le quartier de Kreuzberg

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A peine cachée par le métro aérien, la mosquée de Kreuzberg

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Les murs des maisons un terrain de jeu idéal pour la création artistique

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Pont sur la Spree, qui marque la fin du quartier, avec une vue sur « l’est »

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Treptow park : un des nombreux havres de paix des Berlinois

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> L’association des Greeters a été fondée en 1992 à New-York. L’idée est de proposer un tourisme participatif. Des bénévoles accueillent des touristes pour leur faire visiter leur ville ou leur région comme ils le feraient avec de la famille ou des amis. L’association est désormais internationale car on retrouve des Greeters dans le monde entier, dont à Berlin. En quelques clics, il est possible d’avoir un contact avec un Greeter pour une visite différente et gratuite. Les Greeters parlent parfois plusieurs langues. A Berlin, certains d’entre eux parlent français. Bien évidemment, on peut visiter n’importe quel quartier. Contact des Greeters de Berlin : http://www.berlin-greeter.org/ ou sur Facebook.

> Le meilleur moyen de visiter les quartiers de Berlin reste le vélo. On peut en louer partout dans la ville (environ 10 euros la journée). Non seulement c’est économique mais en plus, on fait du sport… Et rien de tel pour découvrir des lieux que l’on ne trouve pas dans les guides. Enfin, les Allemands et le vélo, c’est un peu une histoire d’amour. Des pistes cyclables sont donc présentes dans toute la capitale tandis que les voitures sont reléguées au second plan.

Date du reportage : mai 2012