Bali, un coin de paradis victime de son succès

Publié le 04 septembre 2014 par Caraporters @Caraporters

Tanah Lot

Une chaleur étouffante, des perles d’eau sur la peau à peine le nez en-dehors de l’avion, des taxis bleus, des centaines de scooters, des femmes et des hommes en habits de cérémonie qui en côtoient d’autres en shorts et en tongs. Des bureaux, des bâtiments officiels, des petite échoppes où fruits et légumes de toutes les couleurs se serrent sur les étals. Pas de doute, Denpasar, la capitale de Bali, nous ouvre grand ses bras, avec tous ses contrastes.

Encerclée par les milliers d’autres îles qui composent l’Indonésie – on en dénombre plus de 17000 ! –, Bali, petit morceau de terre presque collé à sa grande sœur Java, n’a de cesse de séduire les touristes du monde entier. Elle a déjà conquis Australiens, Japonais et Malaisiens, pour qui quelques heures de vol suffisent. La petite île de pêcheurs poursuit sans s’interrompre son développement, depuis plusieurs décennies. Aujourd’hui, Bali cherche son équilibre entre une volonté affirmée d’ouverture sur l’Occident et son industrialisation, et des traditions religieuses qui relèvent davantage de la philosophie de vie et qui font d’elle une perle (encore) rare au milieu de l’archipel.

Bali, une exception à plusieurs titres

Avec  près de 250 millions d’habitants, l’Indonésie est le premier pays musulman du monde. Bali, « l’île bénie des dieux », la bien-nommée, fait vraiment figure d’exception puisqu’elle est la seule qui ne partage pas les croyances de l’islam. Entité hindouiste, Bali pratique une religion qui a forgé ses traditions, et vit au rythme de cérémonies qui font d’elle un havre de paix. Lorsque l’on vient visiter Bali, on cherche d’abord sa quiétude, sa culture si particulière, la beauté de ses paysages et ses rizières. La sérénité fait partie du mode de vie balinais. Ici, on honore les divinités tous les jours, avec des offrandes que l’on confectionne soi-même et avec ce que l’on a sous la main. Sur les trottoirs, à défaut de trouver une stèle, on dépose des petits « paniers garnis » pour faire plaisir à Ganesh ou Krishna. Biscuits, riz, pièces de monnaie et même cigarettes font office de cadeaux.

Même la mort n’est pas un problème. Les cérémonies de deuil ressemblent davantage à des fêtes, durant lesquelles tout le monde revêt son costume traditionnel et défile en musique avant de partager un repas, dans la joie. La promesse de revenir sur terre dans la peau d’un autre être vivant doit être célébrée dans l’allégresse, au son typique et xylophonique du gamelan. Parfois, les jeunes gens exécutent la danse nommée legong, en joignant leurs doigts de cette façon si spécifique et en contorsionnant leur corps.

De jeunes danseurs de legong

Pour retrouver cette authenticité, rien ne vaut un détour dans les terres, au cœur des villages de paysans et d’agriculteurs, qui vivent de la récolte du riz. Il suffit de s’éloigner des villes et de s’enfoncer légèrement dans les terres pour trouver d’authentiques villages où la quiétude des rizières n’est troublée que par le bruit des bœufs qui les labourent.

Béton et hôtels de luxe

Mais Bali séduit aussi surfeurs et plongeurs, attirés par les spots de Kuta, ville phare du tourisme balinais, ou mieux encore, d’Uluwatu, à l’extrême sud de Bali, dont les spots restent impressionnants pour les néophytes, comme pour les plus aguerris. On vient aussi pour la vie très peu chère. Des repas locaux à deux euros et des tee-shirts à trois, forcément, on consomme. Sur cette partie des terres, la fréquentation tous les jours accrue a évidemment des conséquences sur le paysage, et sur les mentalités. Le « meilleur » exemple reste Seminyak, repaire des visiteurs « huppés », qui consomment cocktails et cuisine occidentale au bord des piscines des restaurants et bars chics, et à qui les prix un peu plus élevés, par la force des touristes, ne font pas peur.

Dans le coin, on peut acquérir une villa tout équipée et le personnel qui va avec pour le prix d’un appartement de taille moyenne en région lyonnaise. Le béton se taille la part du lion sur les côtes, où les hôtels et les propriétés de luxe s’érigent telles l’étendard d’une société de consommation qui aurait du mal à trouver sa place à côté des temples. Leurs prix plus qu’attractifs pour les étrangers finit de les convaincre que Bali serait le paradis sur terre, un paradis qui commence à souffrir de la pollution et du manque d’eau.

Les détritus, ce n’est pas un problème

L’éducation à l’environnement n’a pas encore atteint toute la population. Les détritus, ce n’est pas un problème, nous explique-t-on. « On jette dans la rivière, elle emporte tout et cela disparaît. » La nuit, touristes et habitants, qui veulent tous leur part du gâteau, se mélangent et font connaissance pour quelques heures. Lady Gaga prend la relève du gamelan pour des fêtes qui durent jusqu’au petit matin, avant que les rites religieux, malgré tout immuables, ne reprennent leurs droits.

La petite île aux deux visages n’a pas terminé sa mutation. Reste à savoir quelle place la culture balinaise saura garder, un défi dont tous, habitants et visiteurs, n’appréhendent pas forcément les enjeux de la même manière.

Les carrefours sont jalonnés de lieux de culte pour les offrandes

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Une famille se rend à une cérémonie d’offrande, en fin de journée

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Un couple en habits traditionnels pour une cérémonie

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Tanah Lot, à une vingtaine de kilomètres de la capitale Denpasar, l’un des lieux de culte les plus visités de l’île

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Cortège lors d’un enterrement, à Denpasar

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Enterrement à Denpasar

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Offrandes

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Les boutiques occidentales sont réunies dans un centre commercial au cœur de Kuta

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Les villas en construction sont légion, en particulier du côté de Seminyak, au nord de Kuta

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La culture du riz

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Se recueillir, même sur la plage

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De jeunes danseurs de legong

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Date du reportage : février 2010