Quelques heures à Essaouira

Publié le 24 août 2014 par Severine @NativeduMonde

Port d'Essaouira



9h - Réveil à Marrrakech (qui fut ma ville "point de chute" pendant tout mon séjour), l'appel de l'océan l'emporte sur la montagne puisque j'avais prévu ce jour de me rendre à Tighdouine.Tant pis, ça n'est que partie remise, et j'ai exactement vingt-quatre heures devant moi pour faire une petite escapade à Essaouira, trajets compris. C'est de l'inconscience, je le sais bien, de penser qu'on fait le tour d'un endroit en si peu de temps. Mais je le fais, l'inconscience n'étant pas un frein pour moi.10h - Direction la gare routière, en taxi collectif, et même très collectif! Pour info, les taxis collectifs sont des voitures, certes spacieuses, mais des voitures, de cinq places. Ce jour là, on était sept... Mais je ne vous conseille pour rien au monde de réserver votre taxi seul. La promiscuité avec les marocains est extrêmement enrichissante et ça vaut la peine de se serrer un peu!10h30 - Arrivée à la gare routière, un bus part dans cinq minutes, parfait, pas d'attente, je me sens pousser vers l'ouest marocain.Sur la route, traversée d'une multitude de villages, des enfants reviennent de l'école, d'autres semblent y aller... Difficile de comprendre le système scolaire à ma simple observation. J'apprendrai plus tard que dans certains villages, les enfants ne vont pas à l'école toute la journée pour cause de pénurie d'instituteur, ils ont classe soit le matin, soit l'après-midi, et se relaient ainsi afin de ne pas surcharger les effectifs.Durant le trajet, une adolescente assise à côté de moi me tappe sur l'épaule et me propose un bonbon, que j'accepte évidemment. Elle ne parle pas français, je ne parle pas marocain, mais nous échangeons des sourires jusqu'à ce que nous arrivions à Essaouira.13h30 - Arrivée à Essaouira, je me dirige vers la médina à droite de la gare routière. De premier abord, les alentours ne m'inspirent pas vraiment, je ne sais pas si j'aurai suffisamment de temps pour apprécier cette ville en quelques heures, mais j'y suis, alors j'avance.Je m'arrête déjeuner au Café des Arts dans la rue principale de la médina. A cette heure, personne dans le restaurant, juste un couple franco-marocain qui m'offre le thé. Abdel, le gérant, se joint à nous, s'en suivent des échanges autour de la musique, le restaurant étant rempli d'instruments en tout genre. A la demande du serveur, Abdel prend sa guitare, va sur la petite scène en coin de pièce, et nous livre un mini concert d'anthologie. Pendant que je déguste un excellent tajine poulet - citron, plus aucun bruit ne résonne en ce moment précieux, laissant place à la magie acoustique de la guitare et de la voix.Evidemment, je vous recommande cet endroit, où tout est organisé de sorte que vous n'oublierez pas votre passage en ce lieu.16h30 - Je finis par partir du Café des Arts, l'heure tardive comprommettant grandement ma visite prévue de la ville. Mais à ce moment précis, je sais que je viens de vivre ce qui me nourrit dans chaque voyage, les rencontres prenant toujours plus d'importance que les visites.Direction le port d'Esaouira, puis je décide de m'asseoir sur l'esplanade face à l'océan pour lire. Je me fais rapidement rejoindre par Gérard, un retraité français qui voyage seul, sa femme n'aimant pas partir. Alors on refait le monde, il me dit qu'Essaouira, c'était mieux avant, moi-même lui confirmant que les temps changent, et que le tourisme aussi...En réalité, l'un comme l'autre, nous ne sommes pas convaincus que tout était mieux avant, et c'est ainsi que nous concluons nos deux heures d'échanges en front de mer.19h30 - Il est temps pour moi de trouver un endroit où dormir. Habituellement, c'est la première chose que je fais en arrivant dans un lieu que je ne connais pas, mais là, je me suis laissée porter par la ville et ses riches rencontres. C'est à l'hôtel Eddaize que je vais passer la nuit, pour soixante-dix Dirhams, un peu plus de six euros. Chambre modeste mais parfaite, sanitaires sur le palier à l'hygiène impeccable. 20h30 - Je décide de sortir manger, tandis qu'un concert de musique gnaoui est anoncé dans la médina. Toutefois, à peine un pied posé dans le hall, Mahmoun, le gérant de l'hôtel, m'invite à me joindre au repas qu'il partage avec sa femme, ce que j'accepte.La discussion s'amorce autour du plat de lentilles, et on parle de la France, beaucoup. Il m'explique qu'il a de la famille à Lyon et à Reims, et qu'il est le seul de sa fratrie à être resté au Maroc. Il semble le vivre comme un échec, disons plutôt une fatalité, expliquant qu'il est l'aîné et qu'il s'est assuré que ses frères et soeurs réussissent. La discussion est intéressante et je tente de relativiser l'importance de la réussite financière au détriment parfois, peut-être, de la réussite sociale...23h - Je me résigne à aller me coucher et à mettre un terme à cette petite escapade à Essaouira. Mon bus part le lendemain matin à 6h pour Marrakech.Je m'endors en ayant la certitude que, malgré le peu de temps passé dans cette ville, j'ai bien fait de venir, qu'il fallait que je vienne, et que je reviendrai assurément.Il se dégage une ambiance particulière, perceptible à l'hospitalité des gens, globalement assez différente de Marrakech.Cette expérience fut si différente, et à la fois si proche de celle vécue à AÏt Souka. Si différente, parce que je n'ai cette fois-ci pas pris le temps de vivre au rythme de la ville et de ses habitants, mais si proche, parce qu'une fois encore, les échanges ont été d'une authentique richesse, sans condition ni contrepartie.

Remparts de la médina d'Essaouira


Le port d'Essaouira, vu de l'esplanade de la plage principale


Chambre de l'hôtel Eddaize