La vérité sur le retour de voyage

Publié le 20 août 2014 par Lesbaroudeurs @lesbaroudeurs1

Que vous soyez parti 6 mois en stage à l’étranger, 1 an en tour du monde ou 2 ans en expatriation, vous avez tous, à un moment, eu le mal du pays. Vous avez imaginé votre retour : les tonnes de charcuterie et de fromages que vous alliez engloutir, les anecdoctes que vous alliez raconter et celles que vous alliez taire, les soirées entre amis…

Oui, mais voilà ! Le retour n’est pas qu’une partie de plaisir. Pour éviter la décompensation, voici une petite liste non exhaustive de ce qui vous attend vraiment.

#1. Le premier mois

Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage.

La tête encore pleine de beaux souvenirs, vous posez enfin votre sac à dos. Vous vous permettez encore le luxe de vivre à votre rythme et de faire fi de certaines conventions au prétexte que "là-bas, on ne fait pas comme ça". Cette touche d’exotisme est charmante et votre téléphone n’arrête pas de sonner. Votre mère s’échine en cuisine pour vous concocter vos plats préférés et vos amis baissent la musique en soirée pour écouter vos exploits.

Le métro, pôle emploi, le journal de 20h ? Vous regardez tout cela d’un oeil distrait. Ce n’est plus tout à fait votre monde et cela ne vous atteint pas. Vous arrivez même à y trouver une certaine poésie, à votre ville natale. Le début de la sagesse sûrement…

Fillettes sur la route du Macchu Pichu, Pérou

#2. 你 好, I’am Peter. Como te llamas ?

Avouez que ça avait quelque chose d’excitant de parler plusieurs langues et de faire votre tout premier rêve en VOSTFR.

Oui mais voilà, tout ça c’est fini.

La boulangère ne vous sourit plus à cause de votre petit accent et elle se contrefiche de là d’où vous venez. Elle, elle bosse. Vos amis ne vous pardonnent pas de chercher parfois vos mots et vous traitent de snob au moindre anglicisme. Encore un petit côté grisant du voyage qui s’envole.

Ne vous reste plus qu’à vous morfondre en oubliant petit à petit tout le vocabulaire engrangé pendant votre séjour à l’étranger…

Ou, haut les cœurs, il y a un ou ! Pourquoi pas continuer ? Laisser vos amis tranquilles et inscrivez-vous dans une association où vous pourrez utiliser vos acquis à bon escient.

Quand on a le cafard, nous on opte pour une soirée internationale (elles sont souvent référencées sur des sites comme www.meetup.com ou www.couchsurfing.org par exemple) ou pour un Apéro Voyageurs. Là, personne ne vous jugera et vos anecdotes de voyage passionneront encore et toujours ;-)

Passer inaperçu – Edimbourh

#3. Réapprendre le quotidien

Voilà 2 mois que vous êtes rentrés. Vous n’avez toujours pas fait la moindre démarche, votre coloc lorgne du coin de l’oeil vos sandwichs peanut butter-bananes et votre nouvelle lubie de ne boire que dans votre tasse à maté. Si votre page facebook est encore inondée par commentaires de vos amis d’ailleurs, ici, c’est le calme plat.

Finalement, vous vous agacez un peu vous-même à commencer toutes vos phrases par "En Australie" ou d’autres "Quand j’étais sur les rives du Gange". Vous commencez à comprendre ce que l’on vous reproche. Votre grand-mère avait raison la culture, les voyages, c’est comme la confiture…

Il est grand temps de se reprendre. Le voyage est bel et bien terminé et puisque vous êtes ici et maintenant, autant remettre le pied à l’étrier et en profiter.

Recommencez à sortir et à créer de nouveaux souvenirs. Une bière en terrasse, un cinéma, ce n’est finalement pas si mal que ça.

Des bières à Stramberk, République Tchèque

#4. Mettre de l’ordre dans l’administratif

Vous vous sentez un peu mieux dans vos pompes. Il est maintenant grand temps de passer à l’étape supérieur et de régler les quelques détails administratifs qui feront de vous à habitant de notre douce France. Ce n’est pas la partie la plus rigolote mais elle est nécessaire et, croyez-moi, vous y passerez du temps.

Nous écrirons un article spécial à ce sujet très bientôt ;-)

Les mystères de l’administration française

#5.  Bien plus qu’un décalage horaire

Vous, vous, vous. Pour l’instant, vous ne vous étiez concentrés que sur vous. Vous avez tout à coup un regain de curiosité envers vos proches.

Il y a bien Cécile qui a eu une promotion et Martin qui a mis les voiles vers l’étranger à son tour. Mais en dehors de ça, il faut l’avouer, c’est le calme plat. Il faut dire que si vous avez vécu à 100 à l’heure durant quelques mois, ici, les choses ont suivi calmement leur cours.

Que vous le vouliez ou non, vous avez beaucoup pris en maturité. Certains amis vous ont emboité le pas, d’autres en sont restés au même point et vous ne vous trouvez plus vraiment de sujets de conversation communs. C’est parfois décevant mais un remaniement s’impose. Consolez-vous ; les vraies amitiés tiennent le choc du voyage ;-)

Après trois ans d’absence, certaines amitiés se renforcent, Paris

#6. Le rêve d’ubiquité

Le retour sera surement un peu dur au début mais vous vous y ferez, vous en êtes certain. Après tout, vous retournez juste d’où vous veniez. Une fois votre milieu réapprivoisé, tout rentrera dans l’ordre…

C’est sans compter que vous ne vous êtes plus rattaché à un seul endroit. C’est un peu le monde à l’envers ; en Australie, la France vous manquez. Et voilà que c’est l’Australie qui vous manque en France désormais !

Vous comprenez enfin la contrepartie qui suit à toute expatriation ; vivre le cul entre deux pays et rêver en permanence d’ubiquité…

Pendant que je suis à Paris, que se passe t’il sur la plage de Caponga, Ceara, Brésil ?

#7. Voyager, et après ?

Après ? Qu’allez-vous faire dans 2, 3 ou 4 ans ?

Difficile de se projeter juste après votre arrivée mais sachez que les 6 premiers mois du retour sont cruciaux. Si la plupart arriveront à rester en place, d’autres ne pourront plus envisager de rester au même endroit ad vitam eternam.

Et si le virus du voyage vous avez, vous aussi, contaminé ?

Vous le saurez assez vite. Et si c’est le cas, il faudra envisager d’adapter votre vie à cette satanée maladie qui fait briller les yeux et vous rend tellement heureux ;-)

Claire, sur la route depuis 2011 – Laos

Et vous, comment avez-vous vécu votre retour ?