Je passais souvent le long des imposants immeubles de l’ancien aéroport de Tempelhof et me demandais ce qui se cachait dans ses entrailles. Une amie me raconta qu’elle avait justement suivie une visite et avait pu découvrir l’intérieur de ce lieu historique.
C’est ainsi qu’un dimanche de canicule je participai moi aussi à une visite guidée en anglais de 2 heures menée par le dynamique Hans : Mythos Tempelhof. Il nous expliqua autour d’une maquette le parcours qui allait nous mener à travers l’aéroport : de l’aile gauche à l’aile droite du bâtiment en passant par le tarmac avant de traverser un souterrain, emprunter des ascenseurs puis descendre des escaliers pour en remonter d’autres… Incompréhensible, mieux valait ne pas le perdre dans ce labyrinthe gigantesque. Surtout que plusieurs portes nécessitent un pass et si on reste en arrière on se retrouve coincé jusqu’au lendemain.
Bref la visite s’annonçait aventureuse. Tant mieux ! Hans nous raconte l’histoire de Tempelhof, aérodrome témoin des premiers exploits d’aviateurs qui n’avaient pas froid au yeux, construction nazie qui ne sera à cette époque jamais utilisée comme aéroport mais comme l’un des premiers camps de concentration où les travailleurs forcés fabriquaient des avions. Ce n’est qu’après la guerre, quand les Américains en prirent possession, que Tempelhof redevint un aéroport, à la fois militaire et civil. Aéroport il restera après la départ des alliés fin 1992, et ce jusqu’en 2008, année de fermeture de Tempelhof. Les bâtiments sont aujourd’hui utilisés comme espace événementiel, et le tarmac comme parc.
Sous l’immense auvent grâce auquel les passagers pouvaient embarquer sans se faire mouiller par la pluie Hans nous explique tant les techniques ingénieuses que les aberrations de conception de cet aéroport unique en matière architecturale. Puis direction les tapis à bagages, encore utilisée jusqu’en 2008. Nous suivons en contre courant le chemin des valises, traversons des couloirs au sol marbré sans défaut malgré le passage de milliers d’usagers et atteignons l’immense terminale vide de voyageurs. Aucune hôtesse non plus derrière les bureaux d’enregistrement, un tapis à bagage trône solitaire dans le hall majestueux.
A l’étage un restaurant prometteur avec vue sur le tarmac et plafond intéressant. Puis direction la salle VIP qui, comme nous l’avait promis Hans, est bien décevante, voir effrayante si vous êtes claustrophobe. Retour au terminal principal où une fresque rappelle le rôle prépondérant de Tempelhof durant le pont aérien organisé par les alliés. Durant presque une année des avions y atterriront et décolleront toutes les 90 secondes pour approvisionner la population de Berlin Ouest en nourriture, charbon et… bonbons.
Un ascenseur nous fait redescendre sur terre, et même sous terre, dans un abri anti bombe utilisé pendant la guerre. Des dizaines de personnes s’y sont réfugiés pendant les attaques aériennes. D’étranges dessins dont on ne connaît pas l’origine ornent les murs. Puis retour dans les airs, du moins au 6ème étage du bâtiment principal où se trouve … un terrain de basket installé par les Américains pour les soldats en faction. Encore des halls et des baies vitrées jusqu’à une dernière salle impressionnante, en cours de rénovation et au plafond ornementé par des fresques typique de l’esthétique nazie.
Nous terminons la visite dans l’entrée principale, la tête qui tourne un peu après ce voyage spatial et temporel mais remplie d’anecdotes aéroportuesques. D’autres visites sont proposées et certaines me mettent l’eau à la bouche : Verborgene Orte qui nous fait passer dans les lieux secrets et insolites de l’aéroport, ou encore une visite photo de 4 heures pour mitrailler l’architecture unique de Tempelhof.