Ce matin du 8 mai 2557, j'aurais du avoir un pressentiment... Nous prenions l'avion pour Roi Et, trois jours passés au sein de la capitale, Khrung Thep (Bangkok), c'était largement suffisant ! ISAN, tu me manquais après quelques semaines en France. Nokair, la compagnie qui dessert notre contrée, nous oblige à se lever à pas d'heure, Quatre heures du mat' pour être exact si l'on veut accrocher l'avion de six heures au départ de Don Muang !
Bagages dressés, douche express, nuit agitée, décalage horaire non digéré, à quatre heures trente pétante nous étions, le fiston, Tangmoo, Oy, Ma dame et moi-même au garde-à-vous devant les portes de l'hôtel, celui où nous descendons depuis des années, le Baan Keaw Mansion, tapie au fond d'un minuscule Soi au sein de l'arrière garde de la grande avenue de Ratchada, plus exactement entre Ding Deang et Huay Kwang. Les karaokés du voisinage n'avaient toujours pas coupé les micros des derniers soulins du quartier...Les hôtesses, pas très fraîches mais encore en bonnes tenues dues à leur jeunesse, se poilaient devant un motobike récalcitrant, pas pétaradant du tout ! Ma dame en quête d'un taxi, le fils dans les brumes de sa nuit, je me proposais de les kicker ; Ce fut un succès immédiat, trois sur le siège et une accroupie sur le cadre, la tête sur le guidon, les rires repartaient, les kamp khoup aussi, cette moto devenait mirage et le taxi-pépère arrivait... Je l'avais dit, « pas de taxi-yabba », non mais, on espère toujours arriver en entier à l'aéroport ! Oy avait eu l’œil, nous serions sûrement encore vivant avant de peut-être se scratcher avec un de ses vieux coucous que Nokair attribue généralement à la ligne BKK-Roi Et ; Saab 900, ATR 72 voire 42 ; Nokair a beau affublé ses avions d'un bec et de yeux tout mimi, sous la peinture, ça sent la tôle qui en a vue de l'horizon ! Mais comme nous sommes fous, comme nous sommes attirés irrésistiblement vers notre « chez nous », on capitule...Douze heures de bus voire quinze heures dans un van surpeuplé, j'ai donné, désormais, C'EST NOKAIR et au diable les a priori sécuritaire !
Lors du trajet, taximan et Oy parte dans une grande discussion d'actualité...Yingluck, la première ministre thaïe vient d'être obligée de démissionner, les gens du PDRC, cette drôle d'alliance démocratique qui prône un conseil du peuple (du peuple élu non pas des urnes mais sphères privilégiées) non élu (étrange quand on sait que le parti principal de cette coalition se nomme « Le Parti Démocrate ») qui gérerait le pays, le doterait d'une nouvelle constitution et alors, seulement appellerait à de nouvelles élections...Il faudra m'expliquer qui nommera ce qonseil du peuple ! Je n'ai toujours pas compris de quelle manière il comptait nommer les futurs siégeant de l'assemblée, sur quels critères, si ce n'est que pour moi, le vote reste le moyen le plus équitable et surtout le plus démocratique de nommer ces gens ! Mais sûrement, qu'ils n'en veulent pas les « jaunes » pour faire simple, les gens du « Puay Thaï », les rouges, pour faire court, gagnerait vraisemblablement une fois de plus les élections comme ils les gagnent depuis plus de dix ans régulièrement...
Cette parenthèse de vingt minutes de démocratie terminée nous arrivions à Don Muang, la rampe d'accès remplie de taxi, ça grouille tôt pour embarquer avec les compagnie aérienne lowcost...Les enregistrements se font à la vitesse grand V et nous sommes déjà dans le couloir qui dispatche les voyageurs vers les portes d 'accès aux avions. D'habitude, on nous envoie tout au bout de ce long corridor, porte 72, trois-quatre cents mètres pour attendre un bus qui nous déposera au milieu du tarmac des petits avions et là changement, porte 32, nous arrivons dans le hall où des satellites nous font embarquer directement dans les carlingues... Étrange ! Par la grande baie vitrée, le ciel s'éclaircit, le soleil ne va tarder à poindre ! On remarqua alors que ce jour, Roi Et sera desservie par un biréacteur de grande taille. Je me dis alors que les temps changent. Un Boeing 737 pour la piste de petite ville de Roi Et, un scoop...Il y a décidément de plus en plus de monde pour aller vers notre province plutôt reculée. De l'autre coté des sièges de notre porte d'embarquement, rassemblées et entourées d'une myriade de femmes d'un certain âge et d'hommes au look branché, une grappe de fille toutes plus grandes les une que les autres ! Toutes habillés du même uniforme, une écharpe de miss barrant leur poitrine. Cet avion surdimensionné serait alors là pour nous bien-sûr mais aussi pour tous ces gens.
Dans les haut-parleurs, on crachote que l'on peut embarquer ! Qu'à cela tienne, on y va et le « gron'avion » comme le dit Tangmoo est bien pour nous. Rangée 17, on y va, on enfile la carlingue pour se rendre compte que le rang 17 est le deuxième rang de sièges. « pardon , kho troop », on doit refluer vers l'arrière à contre courant. Je n'ai toujours pas compris pourquoi les rangées de cet avion ce débutent pas par le numéro 1. Il faudra m'expliquer ! On s'assoit sagement et alors que nous, les passagers lambda, sommes tous bien en place, on assiste au défilé des miss. Elles étaient bien prévues pour se rendre à Roi Et ! C'est l'occasion de remarquer qu'elles concourent toutes pour être Miss Universe Thailand. Elles sont toutes plus grandes les unes que les autres ; les hôtesses de Nokair paraissent minuscules à coté. Il y en a même une de ces miss qui manque de se prendre une porte des coffre à bagages tellement elle est grande. Elles sont toutes bien standardisées. Même coupe de cheveux, même maquillage, même nez, même cils, même habits, même chaussures, même attitude, nous sommes bien dans une élection de Miss. Les femmes qui papillonnent autour sont au petits soins et ont ce look des agences de pub. Les mecs, cheveux longs, coupe post punk, rouge et verte, caméra et appareils photos aux objectifs surdimensionnés en bandoulière. Ils s'engouffrent au fond de l'avion et la carlingue commence à se mouvoir...Pas de retard, à la queue leu leu, les avions attendent leur tour pour le décollage. Nous sommes vite dans les airs, le ciel est dégagé, à peine dans les airs que nous sommes en descente vers Roi Et. À peine 50 minutes avec ce 737-800 au lieu de l'heure et quart habituellement. Le commandant annonce la couleur ! Ciel dégagé, température au sol à 7H00 du matin, 28°C. Il fait déjà chaud.
Les agents au sol de l'aéroport n'ont pas l'habitude de manier les escaliers d'accès à ces gros avions. Ils vont s'y reprendre à plusieurs reprises, on sent chez les hôtesses leur énervement ! « Eh, ils n'ont pas l'habitude nos gars de l'ISAN de piloter ces escaliers sur roues ! ». Enfin, les portes s'ouvrent, et le comité d'accueil est là ! Il y a du monde au balcon. Les officiels bien en rang, les invités VIP, des danseurs qui offrirons un show traditionnel de bienvenue. Tout est en place. On nous invite à récupérer nos bagages mais là aussi, l'habituel pick-up qui transporte sacs et valises se voit affublé de trois petits chariots, masse de bagages oblige ! Le Toyota de service ne pourra tirer le tout. Bah, pas 'rave, ils feront trois tours ! Ils devront traverser les deux rangées d'officiels pour déverser leur cargaison ! Ça fait un peut désordre mais attention, on est en ISAN, à Roi Et, on improvise ! Ce manque de timing nous permet de voir la mise en scène. Quatre fois, ils vont faire descendre puis remonter les Miss. Les cameramans sont exigeants ! Les filles vont enfin pouvoir recevoir leur guirlande de fleurs respectives, nous, on va pouvoir récupérer nos valises. La sortie est engluée de curieux, de policiers, nous nous frayons un chemin. Notre taxi, notre voisin épicier de Ban Pangkhan n'est pas là, enfin, il est là mais le parking habituellement parsemé de quelques voitures est aujourd'hui à la limite de l'engorgement. Les policiers sont partout. Ça siffle de partout. Deux bonhommes peluches aux couleurs de « Pizza compagnie » et « KFC » arrivent à la bourre, « qu'est-ce qu'ils doivent avoir chaud » sous leur toison ridicule ! Les discours continuent dans le hall de l'aérodrome et enfin, car la sortie de l'aéroport est en plein cagnard, Pougny Houn a pu se glisser au milieu de ce brouhaha et nous pouvons prendre la route vers notre cambrousse. Il fait déjà plus de trente degré, on déambule au milieu des rizières, c'est le temps de la moisson de la deuxième récolte et les routes sont encombrées de machines, motoculteurs et tracteurs. Les paysans cagoulés s'activent, bien loin de ces futilités de Miss, qui sont là pour la promotion de produits de beauté, de marques de fringues, de marques alimentaires douteuses, marketing, marketing, quand tu nous tiens !
D'ailleurs, la plupart des gens avait un léger sourire à la vue de ce renfort de beauté préfabriquée. Entre nous, sous la couche de maquillage, il y aurait à redire ; je ne parle pas de peaux pas très lisses et gracieuses mais des nez, des pommettes et je n'oserai pas parlé du reste qui ont été largement remodelés. Il faut du standard de taille, de faciès...Tout cela bien loin des préoccupations de chacun et de la beauté naturelle des filles des rizières. J'oserai dire que la numéro 33 était différente, un teint plus mat, un sourire moins « Ultrabrite » (pour ceux qui ne connaîtrait pas, « Ultrabrite » était un dentifrice dont la publicité dans les années 70 montrait deux mannequins parfaitement modélisés au sourire ravageurs), une taille raisonnable, un semblant de vrai dans cet univers de bling bling...
Si vous suivez l’événement, vous me direz ? Ben oui tout de même, pour la petite, numéro 33. Une autre par contre n'a pas eu la chance de venir à Roi ET, elle s'était faite même virée du concours deux jours plus tôt, elle avait eu le malheur d'exhiber un pénis « Oh ! Quelle horreur ! » sur son compte Twitter, vous vous rendez compte ! Pas la sienne de zigounette, non, sûrement celle de son petit copain car à les avoir vu de près, les MISS sont bien des MISS pas de délits de kathoeys (trans') avérés.
Exit la Miss !
Nous nous rapprochions de Pangkhan, le soleil rejoignait le zénith, notre épicier-voisin et ami se payait même le luxe d'écraser non pas un chien mais trois d'un coup... « Tu as vu papa, Pougny Houn, il a écrasé trois chiens ! ». Impassible, il continua sa route... Décidément notre retour au village se voulait inhabituelle !
C'est la saison des chaleurs, à tous les niveaux : Pour les chiens qui habituellement ne bougent pas du bord des routes, là en bande, ils courent la gueuze en pensant encore moins aux voitures, pour les gens d'ISAN, les 40°C font légion en cette période et puis pour les MISS qui pour l'une d'entre elle, ira au concours final quelque part sur la planète, en attendant, elles étaient à Roi ET, demain à Koh Samui et après ?
Paille Kheundheu...
Quelques photos...
NB : Cet article date du 8 mai 2557. Je ne le publie qu'aujourd'hui, cela étant du à des problèmes (Ah ! Les orages) de connexion au réseau...Vous aurez remarqué que le « coup d'état » n'avait pas encore eu lieu, on en était qu'à son balbutiement, quoique... il était déjà annoncé depuis quelques mois ! Mais nous en reparlerons dans la prochaine Gazette de Ban Pangkhan... À Suivre !
« Je dors en Bretagne ce soir !*