Islande – écologie​ : la série B

Publié le 10 mai 2014 par Vivreenislande @vivreenislande

Il est navrant de constater que des valeurs, qu’on croyait universelles, peuvent subir une dévaluation inexplicable du jour au lendemain, ou d’un pays à l’autre. L’eau et l’air purs sont ainsi des facteurs essentiels à l’épanouissement de la vie sur terre, qui hélas se raréfient sur la planète bleue Heureusement, l’Islande est une sorte d’aquarium de la pureté, une bulle magique, un condensé d’Eden. L’Islande est un lieu privilégié. Elle l’était en effet !

Car cet air pur qui attire les touristes du monde entier n’est guère prisé par les autorités islandaises. L’empreinte-carbone de l’Islandais moyen est considérable, étant donné que tous les transports domestiques sont routiers ou aériens. On va chercher sa pizza en 4×4, même au coin de la rue. Cela n’a rien de très étonnant : les transports en commun sont inefficaces, et bien que la plupart des insulaires profitent des sources d’eau chaude géothermique réputées propres, la pollution fait rage.

En fait, l’image de l’énergie géothermique s’est quelque peu ternie ces derniers temps. La nouvelle centrale de Hellisheiði par exemple est un projet présenté comme « ambitieux et admirable ». Il est peu rentable. Et son taux de pollution  est inacceptable pour les habitants des municipalités environnantes (Kópavogur, Reykjavík, Hveragerði, Selfoss…) et l’exception dont elle a fait l’objet est choquante et inexplicable en ce qui concerne le taux de sulfure d’hydrogène qu’elle dégage. En plus, son exploitation provoque des séismes à répétition. Il revient bien cher aux Islandais, l’aluminium. Autre exemple ? L’école Waldorf avoisinante est en péril car le taux de sulfure d’hydrogène provoqué par la centrale est devenu beaucoup trop élevé.

Mývatn

Quant à l’eau, parlons-en. On a appris récemment que le bord des routes islandaises est depuis des années arrosé de Roundup, redoutable poison rendant l’eau impropre à la consommation.  Ceux qui s’occupent des infrastructures en Islande voudraient empêcher les herbes folles d’envahir les routes. On en a froid dans le dos. La bière faite à base de déchets de baleine, c’est une chose, mais l’eau c’en est une autre. Ajoutons que cet intérêt frénétique, irrationnel et intempestif  pour les centrales hydroélectriques a déjà fait deux victimes de marque que nous déplorons : les lacs Lögurinn, devenus une flaque de boue morte, et Mývatn, dont l’écosystème unique au monde a été allègrement saccagé au seul profit de l’industrie, et malgré la Convention de Rio signée par les Islandais. Principe de précaution ? Quel principe de précaution ? Celui en vigueur selon les normes internationales a été finalement annulé.

Il est d’autres valeurs qui gagnent du terrain sur le continent comme sur l’île, hélas. Les propos identitaires de Marine Le Pen rappelle de manière générale celui de notre actuel Premier Ministre et celui du Ministre des Affaires étrangères. Et puis, dans la famille « ministres », il y a la dame qui porte le titre de Ministre de l’Intérieur en Islande. C’est une personne raciste dont les abus font la une. La question du jour : que faut-il pour qu’elle démissionne ?

Hanna Birna Kristjánsdóttir

Cette photo parue aujourd’hui dans DV montre la ministre annonçant qu’elle ne démissionnera pas. Les employés du ministère feraient-ils grise mine ?

Rappelons pour finir que c’est le parti de ces deux ministres qui est le principal responsable des barrages monstrueux et autres actes de terrorisme commis au cours de ces dernières années contre la nature, au nom de l’industrialisation et des petits groupes d’intérêt. Il ne s’agit pas seulement d’une affaire privée que les islandais pourraient régler en famille. Ces dégâts concernent la terre entière, et l’éruption d’Eyjafjallajökull est une douce plaisanterie à côté.

© Photos : Vivre en Islande ~ DV ehf / Sigtryggur Ari