Mardi 29 avril 2014. La Ministre Islandaise du Commerce et de l’Industrie profite de la douceur parisienne dans le cadre d’une visite de quelques jours. Elle est venue en France pour promouvoir l’île, ses start-up, ses infrastructures, sa culture et même ses paysages. Le communiqué diffusé auprès des invités n’a laissé planer aucun doute quant aux motivations économiques des intervenants. Ces quelques jours n’étaient pas de trop pour vanter les mérites d’une nation longtemps confinée dans son insularité. Il fallait bien une prestigieuse conférence pour présenter cette Islande résolument conquérante. Et quel meilleur symbole que la salle Colbert de l’Assemblée Nationale pour écouter quelques vikings nous montrer l’île sous l’angle de ses multiples et plaisantes opportunités d’affaires ? « Discover Innovative Iceland » était organisée par la Chambre de Commerce Franco-Islandaise, avec le concours du Groupe Parlementaire d’amitié franco-islandais, des Ambassades d’Islande en France et de France en Islande et de la CCIP.
La Chambre de Commerce Franco-Islandaise organise un événement pour présenter un aperçu des opportunités commerciales en ce qui concerne le tourisme en Islande, l’industrie du cinéma ainsi que les start-ups islandaises, avec la participation de Ragnheiður Elín Árnadóttir, Ministre du Commerce et de l’Industrie. Un après-midi sera consacré à la présentation des secteurs les plus prometteurs et les plus pertinents d’Islande, dont ceux ancrés dans les traditions tels que la pêche ou encore la narration orale. Les paysages naturels islandais attirent chaque jour de plus en plus de touristes, mais il y a encore d’autres choses à découvrir en Islande.
Après « Islande, la renaissance« , organisée un an plus tôt, « l’Islande innovante » que nous étions conviés à découvrir cette fois, s’est donc inscrite dans la droite ligne des ré-requis du genre : « tout va très bien madame la marquise ». Autrement dit, malgré les tentatives de déstabilisation téléphonique entreprises à quelques milliers de kilomètres de là par les grévistes de l’aéroport de Keflavik durant l’allocution de la Ministre Islandaise, les sujets polémiques furent poliment évités. Et c’est dans un esprit de courtoise confraternité que les différents intervenants purent promouvoir successivement leurs activités respectives.
En digne successeur de Laurent Joffrin (Directeur de la Rédaction du Nouvel Obs), c’est Pascal Riché (Rédacteur en Chef de Rue89-Nouvel Obs) qui accepta cette fois le rôle de « modérateur », après avoir lui aussi fait la promo de son fascicule : « Comment l’Islande a vaincu la crise » (qu’il faudra tout de même que je lise un jour).
Parce qu’elle contribue un peu plus à désacraliser le « 4e pouvoir », certains s’offusquent de cette pratique aujourd’hui assez largement répandue qui consiste à vouloir crédibiliser un événement purement commercial en exploitant la notoriété d’un journaliste. Moi pas. Je compatis : en dépit des efforts méritoires de la Société du spectacle (à moins que cela ne soit à cause d’eux !), les temps sont devenus bien difficiles pour les acteurs de la presse. Cette connivence médiatico-marketing assumée a en outre le mérite de clarifier la façon dont certains envisagent leur statut.
Rendons tout de même à Pascal ce qui est à Pascal : après que Thorsteinn Örn Guðmundsson eut évoqué avec fierté une augmentation de plus de 20% du nombre de touristes en Islande, le co-fondateur de Rue89 eut la présence d’esprit de s’interroger sur les conséquences pour l’environnement d’un tel engouement. Un thème qu’abordent ici même Ölof et Dominique dans certaines de leurs chroniques. La question n’a pas semblé inspirer plus que ça la patronne d’Inspired by Iceland, Inga Hlín Pálsdóttir, qui expliqua en substance que le sujet était au coeur des préoccupations du moment et qu’ils travaillaient d’arrache peton à trouver des solutions. Vous je sais pas, mais moi je suis méga rassuré.
Mais alors qu’as-tu retenu de cette conférence, me direz-vous ?
- que la langue anglaise telle qu’elle est parlée par mes compatriotes reste, comme l’a fait remarqué avec humour François Froment durant sa présentation, un exercice amusant à entendre, à défaut d’être totalement maîtrisé,
- qu’au regard du caractère soporifique de certaines interventions (je pense en particulier à l’interminable déballage de lieux communs chiffrés fait en toute fin de séance par le Directeur Général de l’Agence Française pour les investissements internationaux), la progression des capacités de conviction de nos représentants frôle les 100% !
- que les islandais ont une façon bien à eux de mettre en valeur les cadeaux qu’ils offrent à leurs hôtes
- qu’il fut émouvant d’assister à l’hommage rendu en fin de journée à Erró, dans l’enceinte parisienne de l’Unesco. Tel un gamin aux anges dont on fêtait en grande pompe l’anniversaire, le peintre savourait les dithyrambes successives comme on déguste un sucre d’orge coloré, souriant parfois et promenant un regard incrédule parmi les tendres attentions dont il était l’objet. Une partie de son oeuvre abondante est pour la première fois exposée au sein de l’organisation jusqu’au 28 mai prochain.