Depuis quelques jours, le second roman de Marie Charrel est disponible en librairies. En exclusivité pour Vivre en Islande, l’auteure, qui a choisi l’Islande pour décor principal de l’histoire, livre un extrait de « L’enfant tombée des rêves » et vous propose de gagner l’un des 5 exemplaires mis en jeu… Si vous parvenez à répondre à cette question ô combien difficile :
Quel auteur Islandais a remporté le Prix Nobel de Littérature ?
Postez votre réponse en commentaire; les 5 premiers recevront leur exemplaire prochainement.
-l’extrait-
…Le véhicule crissant sur les graviers se rapproche encore. Robert réfléchit une seconde. Le facteur est déjà passé trois jours plus tôt. Jóhann est parti quelques jours pour Selardalur, au nord, où son fils s’est installé. Qui peut bien lui rendre visite un dimanche, à une heure aussi matinale ? Une idée folle lui traverse l’esprit : et s’il s’agissait de cet enfoiré d’agent immobilier ? Robert Repac déteste les agents immobiliers. Surtout celui-là. Dix jours plus tôt, au moment précis où le rêve du balcon a recommencé à le hanter –, un certain Allan Dollier avait laissé un message sur son répondeur. Avec une voix de crécelle irritante et une assurance surjouée, il expliqua en quelques mots que les locataires de l’appartement que le médecin possède à Annecy, en France, lui faisaient une offre de rachat dont il souhaitait absolument discuter. Robert Repac écouta le message sans décrocher. Il rembobina la bande pour le passer une seconde fois. Quelque chose, quelque part dans son organisme, se figea. Il lâcha la tasse de café qu’il tenait à la main et regarda le liquide sombre imbiber le tapis. Un frisson glacé courut le long de sa colonne vertébrale. L’appartement. Annecy. Depuis qu’il s’est installé en Islande, il mène ses jours comme s’il avait toujours vécu là, comme s’il n’avait jamais rien été d’autre qu’un paisible médecin de campagne se fichant pas mal du reste de l’univers. Et dont le reste de l’univers se fiche pas mal. Mais Robert Repac n’a pas toujours vécu en Islande. Il n’a pas toujours été qu’un vieux médecin de campagne. Le coup de fil de ce baratineur d’Allan Dollier lui a brutalement rappelé cette réalité-là. Maintenant que le rêve du balcon le tourmente de nouveau, comment pourra-t-il le chasser ?
Il s’approche avec méfiance de la fenêtre, la batte de baseball à la main, afin de découvrir l’identité de son mystérieux visiteur. S’il s’agit de Dollier, il n’hésitera pas une seconde avant de lui botter les fesses. Il écarte les rideaux et jette avec appréhension un œil à l’extérieur. Un taxi s’est garé près de la barrière. Le chauffeur sort, contourne le véhicule, tire du coffre une petite valise noire à roulettes, ouvre la porte arrière. Une femme descend. Cascade de cheveux bruns, le corps emmitouflé dans une doudoune bien trop épaisse pour la saison – la plupart des touristes, harnachés pour affronter un froid qu’ils imaginent glacial, se laissent surprendre par la douceur de l’été islandais, même lorsqu’il touche à sa fin. Robert cligne des paupières, pas tout à faire sûr. Il s’arrête sur les pommettes hautes, à la russe. Les yeux bleus. La bouche minuscule, comme une petite fraise des bois, qu’il a autrefois tant embrassée. Il lâche la batte de base-ball, le souffle coupé. Tel un fantôme du passé, Laura, son ex-femme, s’avance vers la maison en traînant son bagage derrière elle.
Emilie, une fillette à l’imagination débordante, découvre que ses parents lui ont caché ses véritables origines. En Islande, à des milliers de kilomètres de là, un vieux médecin poursuivi par ses démons s’efforce d’oublier son passé. Ils ne se sont jamais rencontrés. Pourtant, ils sont chaque nuit torturés par le même cauchemar : celui d’un homme chutant d’un balcon. Et si leur improbable rencontre brisait le terrible secret qui unit leurs destins ?