En attendant, on est blotti dans une couvrante, un pull vite enfilé sur les épaules qu'il aura fallu aérer une bonne après-midi tellement il sentait le fond de malle (en attendant, tu auras froid), des chaussettes (en espérant que les mites ne se sont pas occupées de les façonner style meule d'Emmental des montagnes) que l'on aura mis des heures à retrouver, coincées au fond d'un tiroir derrière les shorts et tee-shirt « made in Thailand » et qui, une fois mises aux pieds ne nous quitterons plus ; il y a
On se met donc en quête de calories, de protéines, pour que le sang de son corps s'active au mieux pour se sentir au chaud. J'avais entendu parlé qu'il se trouvait pas très loin de chez nous, une ferme qu'un farang d'origine française avait monté, il faisait dans le bœuf ! Pas n'importe lequel, du bœuf « nua khrung », c'est-à-dire, de race mixte. Moitié charolais ou moitié limousine avec une maman vache thaïlandaise. Une histoire de semences à laquelle je laisse les spécialistes débattre. Pour faire court, dans cette ferme coopérative, on faisait de la viande de bœuf de qualité, coupe à la française, on la laissait rassir à la perfection, il fallait absolument y aller...
On est donc parti avec un pote, en effet « la chasse » n'est-elle pas une histoire d'hommes ? (macho va !). Direction plein nord de Sélaphum vers Sakon Nakorn, la ferme se trouve aux abords de la ville.
La route :
Afficher La route du "Serpent grillé". sur une carte plus grande
On découvre alors de nombreuses petites fermes disséminées un peu partout le long de cette route qui, il faut le noter, est en très bon état (les routes en ISAN sont devenues réellement très praticables désormais). Aux détours des bosquets, on aperçoit des potagers bien ordonnés sur des terrasses bien aménagés, et surtout, on ne remarque alors que des plantations d'hévéas... On sent que c'est une mode récente, ces arbres à latex ne fournissant pas encore leur laitance. On redescend et on passe un village, on remonte et ceci pendant presque quarante kilomètres. On rejoint alors une plaine large et baraquée. Les rizières refont leur apparition. La circulation redevient abondante. Un panneau nous indique, Sakon Nakorn, 10 kilomètres et sur notre gauche on découvre l'entrée de la ferme coopérative de Pon Yang Khram. Nous avançons pendant un kilomètre et commençons à apercevoir de nombreux bâtiments, des hangars, des étables. Nous y sommes, il est midi et on a faim.
Il y a un nombre important de camions et pick-up frigorifiques. Le logo "thaifrench beff" sur le flanc, chaque véhicule est numéroté, on y remarque aussi un numéro de téléphone imposant afin de le voir de loin. C'est un numéro de Bangkok. En fait nous sommes à abattoir, l'atelier, la vente se fait principalement à la Capitale. On rencontre la responsable qui nous permet de visiter à notre gré, on peut faire des photos, « mai pen rai », mais pas de vidéo. Juste à coté, un petit bâtiment, le restaurant !
On a faim et on se commande un bon steak. Il y a le choix. J'opterais pour une bavette d'aloyau bleue et mon ami d'un pavé-filet « médium » ! (Chut ! On mange!). Nous nous sommes régalés, cuisson parfaite, viande d'une tendresse soyeuse et le goût, eh oui le goût ! un petit goût de France avec un calme appliqué d'une clientèle thaïe studieuse sur leur assiette. Le restaurant est plein et comme les thaïs ne font rien à moitié, leur table regorge de plat, steak, en effet, il n'hésite pas, mais surtout, Du Lap cru ou cuit, soupe avec abats et panse, du soda et des glaçons venant noyés quelques bouchons de Brandy ou Whisky de bonne qualité. Manifestement, l'endroit est connu et reconnu ! Les prix raisonnables, la qualité de la viande, le calme de la campagne environnante n'étant sûrement pas étrangers à ce succès.
Repus mais pas alourdis (nous avions encore de la route à faire vers le nord pour continuer notre quête de protéines, fromages et accessoires) nous allions à la boucherie, glacières en bandoulière. Hélas, nous ne trouvions pas toutes les pièces de viandes désirées. L'abatage a lieu le mercredi et le vendredi et nous étions un mardi, pas de chance ! Les bêtes à cornes étaient pourtant là, acheminées la veille de l'abatage des nombreuses fermes, où chaque propriétaire constituait le corps de cette coopérative, où selon un cahier des charges précis, ils élèvent ces races de bœuf résistantes, pour leur coté thaï et goûteuses pour leur coté « frenchi ». Le boucher nous dît alors qu'il valait mieux venir ces jours là, le mercredi ou le vendredi, les morceaux choisis étant alors sortis des frigos ventilés après trois semaines a les laissés rassir ! Le roulement des viandes, abatage, découpage et vente était bien ordonné. Le français qui avait monté cette « firme », qui leur avait vraisemblablement appris la découpe, est décédé depuis plus de deux ans et cela continu de bien tourner ! Il livre de nombreux grands hôtels sur Bangkok, des restos un peu partout, jusqu'au Laos. Ça tourne !
Décidément, tout tourne autour des vaches dans le quartier !
Nous repartions direction Udon, en quête de fromages, nous avions aussi dans nos poches, tarifs, numéros de téléphone afin de se renseigner et de commander « à point » pour notre prochaine razzia dans la région !
La route reprenait son rythme, camions de cannes à sucres, rizières à perte de vue, circulation dense sur cet axe bien droit dans ses bottes !
Nous n'avions toujours pas vu de stand ou échoppes de serpents grillés. N'était-ce qu'une légende, alors ? Nous n'en verrions pas, de toute manière, au cours de cette boucle au sein de l'est et du nord du nord-est de la Thaïlande ! De toute façon, nous étions protéinés pour la journée sans une envie folle de s'attaquer à une matelote de serpent en papillote (eh oui, pourquoi pas?) !
Eh bien, « la route des serpents grillés (thanon yagn gnou, ถนน ยาง งู) », est-ce une route traversée par des serpents qui finissent grillés sur le macadam ou comme certaines routes telle celle qui va de Khon kean à Phitsanulok où le risque est de voir des éléphants vous couper la route est réel ? Pas du tout, ce n'est qu'une forme de langage, la façon imagée de
Paille Kheundheu...
Ps : De nombreuses photos ont été prises sur le site de la Pon Yang Khram Farm...
« La gazette de Ban Pangkhan (23). Du 3/11/2013 au 10/01/2014.Tags :