Je me souviens, petit, en France, on trouvait aussi dans les campagnes de nombreuses décharges sauvages, peut-être en reste-il ? Sûrement ! La consistance de ces dépotoirs était plutôt différente que celle que je vois au bord des chemins des rizières ou des petits bosquets où il serait si agréable de faire une pause à l'ombre du soleil lourd et puissant de l'ISAN. En France donc, on trouvait, frigo, gravas, vieilles bagnoles, et j'en passe... Plus tard, il y a un peu plus vingt cinq ans lors de mes premières balades en Europe entre le sud de l'Italie et le Portugal entre autre, elles pullulaient aussi, ces décharges sans contrôle. Les campagnes de sensibilisation déferlaient de tous les médias, dans les écoles pour que les concitoyens de ces pays arrêtent de jeter tout et n'importe quoi n'importe où ! Ensuite, beaucoup plus tard, on nous a alors pondu le tri sélectif, et là tout a changé ! Les ordures sont devenues un business. Pour de bonnes raisons, parce que je n'ai rien contre ce fameux tri sélectif, des raisons écologique (ou écologiste), il fallait commencer à mettre certaines choses dans des poubelles multicolores, chaque couleur ayant son ordure favorite ! Le verre, la verte (pourquoi pas?), la bleu (les plastiques recyclables), la marron (le compost), la vert-jeune-rouge (produit du jardin), la orange (les fruits)...Non ! j'arrête là, j'exagère, parce que si nos souvenirs ne se sont pas trop érodés, il y a peu, on consignait les bouteilles de verre, les produits étaient emballés dans du carton ou des boites en fer que l'on gardait pour conserver entre autre, comme bon semblait dans chaque famille, nos photos de famille, notre collection de timbre etc... Les grandes surfaces ne nous avaient pas encore proposé de multiples produits emballés, qu'est-ce que je dis, sur-emballés, « question de marketing », ont-ils voulu nous faire gober ! Du coup, toutes ces poubelles, tous ce travail de tri, à fait bondir le prix des taxes de ramassage d'ordure...J'ai le souvenir, à Noimoutier où j'habitais auparavant, ce marché que les grosses multinationales savaient juteux, allait être administré par une énorme entreprise qui ne s'appelait pas encore Véolia...En dix ans, de 70 francs de frais de taxes annuelles que l'on payait sans rechigner jusqu'à la dernière année, année où je partais vivre en ISAN, presque 500% d'augmentation, on payait alors plus de 400 francs (vous vous rappelez, avant l'Euro, le FF)...Effarant non ? Je ne sais où cela en est désormais, mais je parie que les taxes d'ordures ménagères ont encore augmenté et qu'en plus, ces entreprises ont réussi à ne plus venir collecter les détritus encombrant ou recyclable à domicile, mais ont installé des centres de tri où chacun doit venir déposer son rebut trié et bien trié sinon, pan pan cul cul, et pire, je crois que tout le monde trouve cela normal...
En ISAN, tout ce qui est recyclable est collecté à domicile...Fer, aluminium, verre, emballage en tous genres, PVC, enfin, tout mais vraiment tout est collecté et chaque collecteur privé donne même de l'argent à chacun, suivant le cours en vigueur de chaque matière. Ensuite d'autres collecteurs, plus gros, s'occupent de transformer le tout pour que ce soit ensuite réutilisé...Enfin, je disais « tout mais vraiment tout », pas vraiment, les petits plastiques ne sont pas concernés !
Il y a 15 ans, l'ISAN, ne regorgeait pas de produits de la surconsommation et on brûlait à tire larigot, quitte à s'intoxiquer au monoxyde de carbone, mais là est un autre sujet. Le soir, une odeur nauséabonde envahissait l'air des rizières, une fumée recouvrait la campagne aux alentours de cinq heures de l'après-midi et cela était vraiment désagréable ! Certains villages ont donc commencé la collecte d'ordure pour les mettre dans des décharges plus ou moins contrôlées, et d'autres laissent faire alors...
Dans la campagne d'ISAN, on retrouve donc des plastiques et des plastiques et encore des plastiques et pas n'importe lesquels...Des poches, ou pochons en pagaille, des couches jetables pour bébé et puis surtout toutes ces boites et verres en cette sorte de polystyrène que les marchands de boissons et de nourritures de rue se servent pour que leurs clients puissent consommer « à emporter » !
Dans les villes, comme à Roi Et, les décharges qui se trouvaient en dehors de la ville se retrouvent désormais submergées et la ville s'étendant, la décharge principale se retrouve en pleine ville et en pleine vue de toutes et de tous, tellement elle déborde, tellement elle regorge de plastique que les autorités de la ville ont décidé de la fermer pour en faire une autre ailleurs, plus loin, mais où ? Mystère ! 10% de croissance par an en ISAN, (plus du double que la moyenne nationale thaïlandaise) depuis ces cinq dernières années a fait que la consommation a explosé et bien-sur l'expansion des déchets allant de pair !
Alors que faire ? quelques fois, les grandes enseignes de la distribution tentent de sensibiliser les consommateurs à grand renfort de campagnes publicitaires, sûrement pour être dans l'air du temps mais à part les supermarchés MAKRO qui ne donnent jamais un sac plastique, les autres, c'est plutôt, deux articles, un sac ; j'exagère un peu mais pas tant que cela, les 7/Eleven vous donneront entièrement satisfaction si vous décidez de collectionner tous les conditionnements plastiques inimaginables que vous avez toujours rêvez d’acquérir !
Alors quelles solutions ? Je ne sais pas ! Revenir aux emballages des temps anciens qui ne sont pas si anciens que ça ! Papier journal, corde en chanvre, feuille de bananes ou autres ? Je ne crois que ce soit possible... Brûler « hygiéniquement » ? peut-être... mais je ne crois qu'un état comme la Thaïlande fasse d'une priorité ce problème mondiale désormais. Et ils n'ont pas vraiment tort. L'éducation, l'accès aux soins de santé pour tous, faire sortir de la pauvreté nombre de ses concitoyens est le but de cet état thaïlandais et de tous ces états dit « émergents ».
En 2011, je retournais en Inde après dix ans d'absence et le constat était là : emballages naturels, petits bols de terre cuite qui servaient de récipients pour boire le thé et que l'on jetait à terre et que chaque mousson ramenait à la terre nourricière, feuilles de banane en guise d'assiette que l'on jetait au fond des restaurants pour que les vaches soient grassement nourries, papier journal qui emballait tout, terminé tout ça ! Remplacé par le « fameux pochon » qui emballe le non moins fameux paquet de « Lays »(eh oui aussi en Inde) et autres « saloperies » que l'ont retrouvent au gré des vents accrochés dans les arbres tels des fruits indestructibles ou jonchant les bords de plage ou de routes. Terminé le temps où le sac plastique, le seul que l'on avait, donné par un magasin de prêt-à-porter après avoir acheté un sari ou un penjabi, que l'on conservait jalousement pour s'en servir de sac à main ou de sac d'écolier jusqu'à ce qu'il se disloque totalement...
Que peut-on donc faire ? Surtout ne pas donner de leçons, j'en connais qui aiment ça. N'oublions pas que nous venons de pays où nous avons pollué allègrement la planète pendant des siècles, où nous continuons à le faire ; moins visible désormais cette pollution : nos centrales et usines, nos bagnoles et l'exemple que nous avons imposé à tous ces pays du monde pour que nous puissions devenir immensément riche... Aujourd'hui, en France, de nombreuses incinérateurs d'ordures n'ont même plus assez de matières premières pour qu'ils soient rentables, on recycle trop, il y a de quoi se marrer, non ? Le monde à l'envers ? Peut-être pas !
Alors faisons comme on l'a fait pendant de nombreuses décennies où l'on a envoyé par cargos entiers nos déchets dans les pays du tiers monde, importons du pochons pour nourrir nos usines d'incinération ! La mer sera un vaste ballet de bateaux transportant des ordures que personne ne veut, enfin... ces bateaux seront sûrement propriété de grandes multinationales qui finalement, nous auront bien faites tourner en bourrique... La libéralisation du commerce mondiale, pour la gloire de la globalisation a aussi entraîné ces petites pollutions de tous les jours qui s'amoncellent même dans les rizières...
Paille Kheundheu...
Post Scriptum : Même si je m'emporte sur la vue de tous ces résidus de plastiques jonchant la campagne de Ban Pangkhan, les enfants, du moins ceux que je côtoie tous les jours, ont adopté le réflexe « je mets à la poubelle » (il est vrai que je leur prends la tête depuis...
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