Jeudi 26 septembre, nous avons répondu à l’invitation des groupes de citoyens vénitiens : FALLO (Fronte Anarcolettico Liberazione Lucchetti Ora) dont nous vous avions déjà parlé dans l’article I nostri masegni puliti e splendenti les citoyens qui nettoient les murs de Venise de tous les graffitis laissés par les porcs, et qui ont créé le Cleaning Day, souvenez-vous :
… et, bien sûr, nous étions présent, en tant que "Touristes qui manifestent contre les touristes", et membres actifs du Collectif Venessia.
Durant notre dernier séjour, nous avons enquêté sur les vendeurs illégaux de cadenas de l’amour. Tous ceux que nous avons vus sont des pakistanais. Nous n’avons aucun moyen de savoir si leur présence sur le territoire européen est légale ou non. Par contre, nous avons pu observer leur méthode, et en peu de jours, nous avons tout appris de leur manière de faire.
Voici le modus operandi des vendeurs du ponte dell’ Accademia.
Ils déballent et préparent leur marchandise à l’abri des regards, sur le campo San Trovaso, qui est à trois minutes de là.
Les vendeurs sont positionnés, tous, dans la partie basse du pont au dessus du campo de la Carita, juste avant qu’il se sépare en deux, vers le rio terrà A. Foscarini à gauche, et la calle Gambara à droite. Ils sont quatre, en tout, plus un guetteur, plus âgé, qui sert également de rabatteur, et qui est, le plus souvent, positionné vers le sommet du pont. Ce homme est plus âgé que les autres, et il surveille l’arrivée des policiers en uniformes.
Les quatre vendeurs sont positionnés, par deux, sur chaque bord du pont, et sont également armés d’un feutre, pour permettre à leur clients de personnaliser leur cadenas.
Le soir, on retrouve exactement le même groupe avec la même organisation sur le pont du Rialto.
Si nous, simples touristes, avons pu, aussi facilement, observer et noter leur organisation, pourquoi la police de Venise, n’est pas capable de faire la même chose, et de mettre hors d’état de nuire ces vendeurs ?
La Nuit des Lucchetti
Nous avions rendez-vous à 20 heures, devant un bar près de l’église San Giacometo, pour un départ de l’action à 21 heures.
Pendant qu’Olga attendait sagement (il faut dire que nous avions beaucoup marché dans la journée), Claude discutait avec des amis vénitiens, que nous n’avions pas vu depuis longtemps, et prenait quelques forces.
Puis, nous avons découvert les nouvelles banderoles.
A 21:00 heures précise, notre bande s’est mise en route. En plus de citoyens vénitiens du centre historique et de Mestre, une amie anglaise était présente, nous n’étions donc pas les seuls "touristes". Ces actions se font toujours dans la bonne humeur et la dérision, et aussi, comme souvent à Venise, beaucoup de bruit et d’agitation…
Départ, donc, vers le premier objectif de la soirée, le pont du Rialto, où il y avait encore de nombreux touristes, et aussitôt, les premiers cadenas (lucchetti) sont attaqués.
Les vénitiens qui ont vu ces travailleurs volontaires les ont immédiatement encouragés de "Bravo", "Bravi" et de "Grandi"… signe que cette pollution est mal vécue, au quotidien. Cette action se voulait aussi médiatique. La presse avait été conviée, et plusieurs journalistes étaient là. Les citadini lavoranti ont donc sacrifié à la pose pour les médias :
Et le travail a repris avec entrain, dans des conditions parfois un peu difficiles, en prenant soin de ne provoquer aucun dégât, ni aucun accident, sur la circulation intense dans le Canalasso, même à cette heure tardive.
Parfois, en coupant un gros cadenas, il était possible de collecter toute une grappe agglutinée. Klod à été chargé de porter ce gros paquet dans la valise où les prises de guerre de la soirée étaient conservées.
Puis, le groupe s’est dirigé vers d’autres objectifs, divers ponts de Venise, jusque dans Castello. Regardez la récolte sur le seul pont sur le rio dei Baratei :
Au total, dans la soirée, ce sont 40 kilos de cadenas qui ont été récoltés. Le contenu de la valise sera remis à Giorgio Orsoni, maire de Venise, avec un certain nombres de demandes pour que la municipalité s’occupe réellement de ce grave problème qui représente un réel danger pour les monuments et pour la sécurité de certains ponts. Uniquement sur le ponte dell’ Accademia, le poids des "cadenas de l’amour", dépasse 2 tonnes, sur une structure, en bois, presque centenaire et qui avait été construite, à l’époque, pour être provisoire. Danger réel, comme le prouve la mésaventure survenue à Alessandro De Zorzi, gondolier à San Tomà qui a reçu une clef dans l’œil, voir : Gondoliere centrato al volto da un lucchetto "dell’amore"
Même Aras Kefayati, toujours prisonnier dans sa maison de San Giacomo dell’Orio, a participé à notre aventure à sa manière :
Nos lectrices et lecteurs peuvent voir la vidéo tournée par Stefano Sofiato, du Collectif Venesssia, pour le groupe FALLO :
Le reportage sur la chaine de télévision Rete Venezia :
Les articles dans la presse locale : Con le cesoie per ripulire i ponti da centinaia di lucchetti
Iniziativa di un gruppo di amici su Facebook. Hanno indossato gli elmetti e i guantoni da lavoro e ….zac, zac … hanno fatto nottetempo una caccia grossa di “lucchetti dell’amore"