Après l'article de la semaine dernière où le blanc était de mise, vous allez peut-être vous dire : « Ça y est, il remet ça, avec ses histoires de mariage ! », eh bien, pas du tout. Bien-sur, le mariage représente des moments importants de la vie pour certains mais là je vais vous parler d'un passage important de la vie d'un enfant, enfin plutôt d'une adolescente. Tan est ma grande fille, même si elle n'est qu'aux balbutiements de sa vie la fille de ma femme et d'un père qui ne s'est plus jamais manifesté depuis qu'elle a fêté ses sept mois, autant vous dire que l'idée de son géniteur est plutôt floue, d'où la permission que je me donne et qu'elle m'octroie de ma considérer comme son « papa ». Même si sa mère, OY ma moitié, avait tenté de la garder près d'elle, à Bangkok, après le départ de son mari, le coût de la garde de sa petite fille ne lui était pas permis alors qu'elle tenait un petit stand de bouffe ISAN dans le quartier industriel de Prachat Uthit de l'autre coté du Chao Praya, quasiment sous le pont RAMA IX, une activité qui lui prenait tout son temps (achat en gros au marché de gros de Pra Pradeang aux aurores, préparation et vente pour toute la journée) et il faut le dire, cela ne lui rapportait pas de quoi espérer éduquer sa fille correctement.
Alors, comme beaucoup de fille de l'ISAN, elle mît sa fille en garde chez sa sœur aînée à Sélaphum en contre partie d'un envoi régulier mais raisonnable d'une aide à la grande sœur. Deux années plus tard après notre rencontre, OY et moi nous partions en France sans pouvoir emmener sa petite fille puisqu'il fut impossible de mettre la main sur le « papa fuyant » afin qu'il signe les papiers d'autorisation du territoire thaïlandais. Très vite, rester en France ne fut plus d'actualité pour Oy et moi-même et nous revenions en ISAN pour nous y installer définitivement et depuis jusqu'à cette minute où j'écris ces quelques lignes, « pourvu que ça dure !». Tan a alors 6 ans lorsque nous réintégrons les terres d'ISAN et on peut dire, malgré nos hivers précédents passés en ISAN, pour elle, son « pô » et « mae » sont alors la sœur aînée et le beau-frère de ma femme...Rien de bien exceptionnel, si je remarque encore aujourd'hui le nombre de gosses qui à Ban Pangkhan sont élevés par leurs grands-parents qu'il nomme respectivement, père et mère... Enfin, petit à petit, puis la venue du petit frère Tangmoo ont fait qu'elle s'est rapprochée de nous depuis longtemps et que nous assumons complètement son avancée dans la vie ! Il y a quelques semaines elle a donc fêter ses dix-huit ans !
Vous allez encore vous dire (peut-être) que les introductions sont toujours à rallonge chez moi mais le contexte bon dieu, le contexte ! Tan vient donc de fêter ses dix-huit ans et le titre de l'article pourrait laisser supposer, qu'elle va se marier, eh bien NON ! Qu'elle va se mettre en blanc pour devenir nonnes, toujours NON, un peu jeune tout de même pour cela même si elle aurait plutôt tendance à être « fan de temples & de cérémonies bouddhiques en tous genres », mais non, définitivement trop jeune et puis surtout elle est bonne élève, voire très bonne élève, très studieuse, pas pets de travers avec d'éventuels petits copains, je m'en étonne encore mais c'est la réalité... C'est une enfant qui fut toujours très sérieuse et qu'il le demeure.
Elle veut donc enfiler pour l'avenir une blouse blanche, médecine, carrière scientifique, elle « tâte »...Enfin elle doit prendre des décisions...Cette année est l'année du Bac, en classe Mattayom 6, elle a déjà réussi son diplôme afin d'intégrer des études secondaires, du coup, elle doit choisir où elle doit les continuer, mais pas question de les arrêter comme beaucoup de ses copines de classes qui depuis la « Mattayom 3 (équivalent du brevet) » sont déjà parties sur le marché du travail ou se sont mariées et ont déjà marmaille en masse placée dans la famille restée au village.
Ses professeurs la poussent à tenter d'intégrer des universités sur Bangkok, ses notes étant de très bonnes factures puisqu'elle tient une moyenne de 3.8/4 depuis la seconde et même si elle est d'un collège de « cambrousse », elle peut prétendre à une belle carrière universitaire...
C'est donc cette année, l'année des choix et les élèves passent des concours d'entrée aux universités. La plupart vont se rendre dans les universités provinciales telle Ratchapat Université Roi Et qui destine les élèves vers des métiers plutôt manuels, une équivalence des Bac Pro en France. Mais elle ne veut pas de ça !
Son désir profond est de devenir médecin mais là ça se complique même si une gamine du village a réussi le concours d'entrée à l'école de médecine de Khon Kean l'année dernière. Après, il y a la question du coût, eh oui, ne l'oublions pas la plupart des études longues sont payantes pour la plupart, exceptées pour les élèves les plus méritants qui accèdent à un système de bourse (en fait la plupart des universités offrent la gratuité aux élèves finissant dans les premiers du concours d'admission). Pour devenir médecin, si l'on doit payer les études, toutes ces années passées à l'université peuvent se chiffrer en million de baths (un million de baths=vingt cinq mille euros), eh oui quand même !
Tan a donc pour l'instant choisit trois voies et trois concours qu'elle devra passer. Ce n'est qu'un début...
Embrasser un cursus scientifique au sein de l'université Srinakhariwirot de Bangkok, six ans d'école et la possibilité de continuer vers l'enseignement ou la recherche...
Passer le concours de l'université d'Ubon Ratchatani pour tenter tous métiers liés à la médecine, si son placement au concours s'avère loin de ses espérances, elle peut obtenir dans le pire des cas intégrer une formation afin de devenir responsable de dispensaire.
Et tenter d'intégrer l'école privée liée aux laboratoires Novartis pour ensuite espérer un métier dans l'industrie pharmaceutique, des métiers pleins d'avenir, n'est-ce pas ? Mais là, le concours est coton !
Là, je commence à flipper à propos de mon porte-feuille, car ces trois concours, si Tan a déjà présenté un dossier suffisamment costaud pour s'y présenter, elle devra finir dans les vingt premiers comme par exemple pour son université à Bangkok sinon il faudra cracher au bassinet... et à chaque concours (qui est payant d'ailleurs, 1500 baths chacun sans compter les déplacements), ils sont nombreux à tenter l'aventure car les requérants pour chacun d'eux sont approximativement au nombre de cinq mille...
Je croise donc les doigts pour que Tan réussisse ses concours, un serrement de doigts d'autant plus fort pour qu'elle les termine en tête de liste... mais même si elle termine loin des sommets, on tentera de faire notre possible pour qu'elle poursuive ses études ! D'autant plus qu'elle a eu la chance d'éviter ces petites magouilles scolaires dont certains parents d'élèves et professeurs tentent de perpétrer certaines de ces traditions malsaines, elles ont la peau dure, tel le trafic des notes et achats de bonnes places aux concours. Tan a les moyens légaux d’accéder à ces écoles et certains de ses profs la soutiennent juste pour le bonheur de l'excellence alors nous aussi, on ne va pas la lâcher maintenant, ce serait dommage, non ? Résultats dans quelques mois !
Paille Kheundheu...
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