Nous vous avions informé, dans notre article le ministre des Infrastructures et des Transports, Maurizio Lupi, aux acteurs du tourisme de masse sur les bateaux de croisière à Venise. Le 25 juillet, le ministre trancherait parmi les solutions proposées.
En toute logique, nous espérions donc, aujourd’hui, vous donner, de façon définitive, une idée du destin de Venise pour les prochaines générations.
La décision du ministre à été : il est urgent d’attendre, on en reparlera en octobre.
Cette décision fait s’écrouler de rire les italiens pour qui la question serait plutôt : "est-ce que ce gouvernement sera encore là en octobre ?". Quand aux vénitiens, ils se demandent pourquoi, encore une fois, on reporte une décision, dictée par une loi qui n’a jamais été appliquée à Venise, alors que le passage des navires dans le bassin de San Marco n’est pas une fatalité que l’on doit accepter comme l’unique solution.
Le miracle du pont votif.
Déjà, nous sommes ravis de vous apprendre, que, quand ça arrange les compagnies, d’autres trajets que le canal de la Giudecca et le bassin devant San Marco sont possible.
La preuve, pendant la fête du Redentore, les MSC Fantasia n’a pas attendu en haute mer que le pont votif soit démonté. Le mardi 23 juillet 2013, en catimini, il a emprunté le canale dei petroli, et personne n’y a trouvé à redire.
Donc, quand on veut faire autrement, on peut le faire, et dès aujourd’hui !
Conformément aux vœux du ministre des transports, les parties concernées ont fait des propositions, au nombre de six. Pour plus de "simplicité", les journalistes italien ont donné à ces propositions, les noms de leurs géniteurs. Nous ferons de même (même si cela ne simplifiera pas forcément grand chose pour nos lectrices et lecteurs).
Toutefois, les habitants de Venise, et le comité No Grandi Navi, il existe une septième proposition, celle du peuple de la lagune, qui semble volontairement écartée par les politiques, les spéculateurs et les mafias. Selon Sivio Testa, "La vraie solution est de changer de modèle, de passer du gigantisme qui ne profite qu’aux intérêts de grosses sociétés de croisière et de développer un tourisme à taille humaine, avec de petits bateaux, avec quelques passagers. En jouant sur le privilège de pouvoir accoster au cœur de Venise, proposer aux propriétaires de yacht un des plus beaux mouillages de toute la Méditerranée. Une marina avec des infrastructures de qualité, directement accessible par les transports publics et privés, à quelques minutes de l’aéroport. Si nous créons une synergie avec les bassins de l’Arsenal où ces bateaux de luxe pourraient être stockés et entretenus, les incitant à choisir Venise comme port d’attache de clients haut de gamme".
Il faut dire que les propriétaires des compagnies maritimes qui exploitent les touristes qui utilisent ces bateaux ont mis de gros moyens en jeu pour exerces des pressions à tous le niveaux. Ces exilés fiscaux se sont même payé le luxe, par l’intermédiaire d’un "Comitato Cruise Venice" spécialement créé de toute pièce il y a quelques années, de publier dans la presse locale de couteux encarts publicitaires.
On peut véritablement se demander ce que peut peser l’avenir d’un joyau mondial comme Venise et sa lagune, face au potentiel de corruption que possèdent ces armateurs. Le patrimoine de l’UNESCO est-il appelé à la mort certaine à cause de l’appétit féroce et l’appât du gain des croisiéristes ?
Les exploiteurs de ce système de tourisme de masse ont fait planer la menace du chômage pour les employés du port, et ont essayé de monter les dockers contre les opposants aux maxi navires de croisière dans la lagune. Vieux thème éculé, mais qui fonctionne toujours, d’autant plus quand la crise frappe de plein fouet les plus faibles et démunis.
Toutefois, les pseudo militants de ce "Comitato Cruise Venice" étaient bien peu présent face aux centaines de militants du "Comitato No Grandi Navi", qui représentent la vraie volonté des vénitiens d’en finir avec le saccage de leur ville par ces monstres. Voir :
Verso il vertice col ministro Lupi di giovedì 25 a Roma
Grandi navi: Venezia vuole subito il divieto e la valutazione delle alternative
Mobilitazione del Comitato e voto del Consiglio comunale
de Redazione Globalproject Venezia
Notre ami Lorenzo était très optimiste après cette réunion du Conseil Municipal, nous le sommes moins, connaissant le niveau de corruption des responsables politiques en Italie : Maxi Navi à Venise : ne serait-on pas en train d’avancer ?
A ce propos, nous vous en reparlerons bientôt, le maire de Venise est désormais empêtré dans une affaire de financement de sa campagne électorale avec de l’argent de l’État qui était destiné à la construction du MOSE. Nous vous parlerons de ce scandale prochainement.
Paolo Costa, qui voit sa proposition plaire de moins en moins, freine désormais les négociations en criant sur toutes les altanes "Il n’y a aucune urgence"… en affet, tant que la recherche d’une solution durable traîne, les navires passent à dix m^tres de la piazza san Marco, et l’autorité portuaire se rempli les poches.
Les six solutions proposées :
Au ministère, à Rome, autour de la table, en plus des ministres Maurizio Lupi et Andrea Orlando (Environnement), étaient, entre autres, le gouverneur vénitien, Luca Zaia, le maire de Venise, Giorgio Orsoni, le président de l’Administration portuaire, Paolo Costa, des représentants des armateurs.
Option Paolo Costa: Maintenir le port à la Marittima et creuser plus profondément le canal S.Angelo Contorta
L’ancien eurodéputé et ministre de Romano Prodi, membre de l’Advisory Board ITF (International Transport Forum/OECD) reste droit dans ses bottes, sans changer une seule ligne de son projet depuis des mois. Lire la lettre de Paolo Costa sur la Nuova Venezia. Outre que ce projet nécessite un investissent important, il ajoute le creusement plus profond d’un canal qui va créer un courant important dans une partie de la lagune fortement polluée par les installation de Marghera. Ce qui aura pour conséquence d’augmenter considérablement les risques de pollutions dans les canaux de Venise, et des épisode dramatiques comme celui que nous venons juste de connaître, voir :
Option Giorgio Orsoni : aménagement du port de Marghera pour les croisiéristes
Comme on l’à vu plus haut, les MSC Fantasia l’a fait sans problème, alors, cette solution serait possible très facilement, si la volonté y était. Oui mais, voilà, quand on vends une croisière au départ de Venise, les gogos veulent voir le Palais des doges, et pas des raffineries et des marais insalubres et pollués. C’est pourquoi les croisiéristes ne veulent pas de cette solution, sauf en dépannage.
Option Luigi Brugnaro : Maintenir le port à la Marittima et utiliser Vittorio Emanuele
Le président de la Confundistria di Venezia, qui a créé le Comitato Cruise Venice propose d’élargir encore plus et de creuser encore la canal Vittorio Emmanuelle III. Il estime que la cité ne peut pas se passer du tourisme des navires de croisières qui lui est vital et donc, la seule proposition acceptable pour lui est de créer une autoroute maritime dans la lagune.
Option Enrico Zanetti: Maintenir le port à la Marittina et creuser un nouveau canal derrière la Giudecca
Encore plus fou, le parlementaire vénitien de Scelta Civica, s’obstine à vouloir conserver les installation actuelles en l’état, mais en plus, le creusement d’un grand canal adapté aux maxi navires derrière l’île de la Giudecca, une sorte de périphérique, une voie rapide pour les monstres des mers. C’est le projet soutenu également par Fabio Sacco le président d’Allilaguna ; voir : Tangenziale per le navi dietro la Giudecca.
Les mauvaises langues disent qu’on lui aurait soufflé cette idée pendant sa croisière à bord du Navigator of the Seas en juin dernier.
Option Alessio Vianello: faire le port pour les navires de croisières à Marghera près des Fincantieri
L’avocat et un cabinet international ont planché sur un vaste projet qui utiliserait 31 hectares de friches industrielle à Marghera. Selon lui, l’atout de ce projet est que seul le canal dei petroli, sans changement, serait utilisé, et que le nouveau port, moderne, ne gênerait pas le port de marchandise, ni les installation pétrolières.
Comme vous le voyez, toutes ces propositions nécessitent la présence des navires de plus de 40.000 tonneaux dans la lagune, ce qui est totalement incompatible avec le décret Clini-Passera, et le souhaite des habitants de la Sérénissime qui est que les navires restent au dehors.
Il reste donc la dernière proposition :
Option Cesare De Piccoli: des quais à la bouche de la lagune
L’ancien sous-secrétaire aux Transports et du Commerce dans le gouvernement Prodi e Amato se refuse à voir entrer les navires dans la lagune et propose que des quais soient créés à l’entrée des passes, côté Adriatique.
Une autre version de ce projet serait de ressortir des cartons un projet de port à Punta Sabbioni et de l’actualiser. Il faudrait réfléchir sérieusement à la protection de la pinède existante, mais ce projet serait, de loin, le plus écologique, le plus économique, et l’option qui pourrait être la plus facile à réaliser en terme de développement durable.
Nos lectrices et lecteurs, qu’ils soient ou non vénitiens on certainement un avis sur ce sujet.
Selon vous, quel serait le meilleur projet pour les vénitiens, Venise et sa lagune :
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