Aujourd’hui, nous allons vous compter en images, la genèse de la dernière barque de l’association VIVA Voga Veneta qui a été patiemment construite au squero Roberto Tramontin.
Cette batela a coa de gambaro (également nommée : batea a coa de gambaro, battella a coda di gambero), à été construite sous la direction du Charpentier de Marine (Maestro d’ascia) Matteo Tamassia, les rames et forcole en noyer sont de l’atelier Pastor & Cie (voir le site Le fórcole di Saviero Pastor).
Ces barques, typiques de la lagune vénitienne, de près de 8 à 12 mètres de long servaient autrefois aux transports légers (entre 10 et 40 quintaux). Elles étaient beaucoup utilisée par les maçons, les transporteurs et les commerçants, et, sur de vieilles photos, on peut en voir au Rialto entre la Pescheria et la Naranzeria.
Cette embarcation a une forme et une structure qui la rendait très polyvalente, et, pour cette raison, elle a été construite avec une grande variation de mesures. C’était une braque très répandue dans la lagune, et on pouvait encore en voir il y a une cinquantaine d’années.
C’est donc à juste titre que de nombreux vénitiens déplorent la disparation de cette barque emblématique. De nos jours, il n’en reste plus aucune ancienne. La dizaine de battelle a coda di gambero que l’on peut voir de nos jours sont toutes des copies récentes, et la plupart ne sont pas fidèles aux plans d’origine.
Cette copie, d’une longueur de près de 8,50 mètres, a été réalisée à partir d’iconographies anciennes et de dessins, ainsi que l’apport salvateur d’un érudit et auteur de plusieurs livres sur les bateaux vénitiens : Gianfranco Munerotto, auteur entres autres de la Batèla umile protagonista ou de La Gondola Nei Secoli et membre de l’association ARZANA. Pour la forme générale, si l’autre variante de cette barque, la batela buranela a une poupe semblable à celle d’un sandolo, la batela a coa de gambaro a l’arrière avec une forme arrondie et une tige légèrement élevée, plus semblable en cela à la poupe d’une caorlina. D’où le nom de la barque que l’on pourrait traduire par "barque à queue de crevette".
Gianfranco Munerotto et Matteo Tamassioa ont beaucoup travaillé, ensemble, pour que la reconstitution soit la plus fidèle possible. C’est ensemble qu’il ont pu concrétiser le rêve des membres de l’association.
Matteo Tamassioa a travaillé quelques mois pour réaliser cette barque. Il a utilisé du mélèze et du chêne, ainsi que du contreplaqué marine pour le fond.
Les forcoles, ont été réalisées en noyer par Saviero Pastor.
Puis ce fut le jour du baptême de la nouvelle battella a coda di gambero, qui a une bien belle marraine :
La mise à l’eau d’une nouvelle embarcation reste toujours un moment crucial, d’une grande intensité émotionnelle.
Puis il y eût l’épreuve de la rame :
Et la récompense pour ceux qui ont patienté si longtemps après cette passion toute vénitienne.
L‘association VIVA Voga Veneta est l’une des protagoniste de l’aviron vénitien, qui tente de faire de nouveau connaître les barques typiques de la lagune. Comme vous l’avez compris en lisant notre article, cette association ne se pose pas en concurrence avec d’autres, mais ses membres assurent une collaboration étroite avec toutes les forces vives de la lagune qui cherchent à y promouvoir l’aviron et des barques qui alllient plaisir, sport et amour de la nature.
Photos Saverio Pastor et Nan McElroy pour l’associazione VIVA Voga Veneta.