La petite bourgeoisie locale...

La petite bourgeoisie locale...Bientôt treize ans que j'habite en ISAN et on peut le dire, d'ailleurs ceux qui arpentent les routes de cette région du nord-est de la Thaïlande ne me contrediront pas : « L'ISAN s'est considérablement enrichi depuis, elle est même devenue le nouvel Eldorado des investisseurs désireux de faire de bons, voire de très bons profits « au pays du sourire » ». Entre 2007 et 2011, l'ISAN a connu 40% de croissance contre à 24% pour le reste du pays, 40 % d'augmentation des revenus des ménages, et les deux dernières années, les investissements ont crû de près de 50 %, chiffre impressionnant d'autant plus que depuis l'instauration du minimum salarial à 300 baths brut par jour, nombres des gens d'ISAN quittent Bangkok pour travailler 'au pays » jouissant donc des mêmes conditions de salaires...Cette étude très sérieuse et détaillée mené par deux journalistes (Paul Carsten and Pairat Temphairojana) dont les chiffres ont été repris par le non moins sérieux Bangkok Post (l'article de Voranai Vanijaka) puis par Lepetitjournal.com (l'article du journal francophone) montre même que le programme d'aide aux agriculteurs par le soutient du prix du riz dont nombreux sont ceux qui le critiquent, a permis aux paysans de l'ISAN d'améliorer considérablement leur revenu... Et je ne peux que le constater, mes voisins, certes ne roulent pas sur l'or mais vivent désormais beaucoup mieux !

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Un Kubota, la couleur orange que l'on voit partout désormais dans les campagnes d'ISAN !

S'il y a plus de trente ans, entre Roi Et et Sélaphum, on découvrait et on se déplaçait de partout en ISAN pour visiter le fameux « village suisse », à Ban Jan, première idée de « Moo Baan », c'est à dire une sorte de lotissement regroupant des personnes aux revenus privilégiés, désormais pas seulement à Bangkok mais dans toutes les villes de la Thaïlande fleurissent ces lotissements avec gardiens aux barrières d'accès sécurisées, certains de ces Moo Baan n'étant accessibles qu’après avoir montré pattes blanches avec preuves d'identité à la clé !

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L'entrée d'un Moo Baan à Bangkok !

Dans les villages, nous n'en sommes pas là, mais comme à sélaphum, bourgade tranquille de L'ISAN, le premier de ces lotissements a vu le jour... Depuis ces dernières années, les prix des terrains ayant vraiment flambé, il est difficile d'acquérir un bout de terre, même à Sélaphum. Il n'est pas rare de voir des terrains se vendre plus de un million de baths (25000 euros) le raï (1 raï = 1600 mètres carrés) ; Autant vous dire que le grande majorité des personnes ne peuvent s'accaparer un terrain pour y construire sa maison... Seuls, les grosses fortunes du bled, maire, entrepreneurs et propriétaires des concessions motocyclistes et automobiles ne sont que ces quelques personnes privilégiés pouvant en faire l'acquisition.

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"La patronne", madam Ti, compagne de Mister Da, devant le salon de la nouvelle demeure !

Un de ces entrepreneurs a donc eu l'idée de parcelliser un de ces terrains pour permettre à une classe moyenne émergeante d'accéder à la propriété... Sur un peu plus de 2 raïs, neufs maisons ont été construites et notre cher « épicier-bistrotier » de la place des bus de Sélaphum, vivant depuis plus de 20 ans à l'arrière de sa boutique faite de bric et de broc et qui a vu ses revenus exploser ces deux dernières années fait parti de ces heureux propriétaires. On était convié bien-sur à la « pendaison de crémaillère », 15 ans de précarité puis 5 années de dur labeur, en effet, « mister Da » ouvre sa boutique tel un seven/11, c'est à dire que la boutique ne ferme jamais et ses tarifs étant nettement moins cher que dans la chaîne de supérettes franchisés, cela n'arrête jamais...Un défilé de consommateurs de jour comme de nuit lui ont permis en une année de s'acheter une voiture neuve et cerise sur le gâteau, cette maison quelque peu édulcorée mais où il se voit bien lui et sa famille y couler des jours heureux à l'heure de la retraite... Oui, il y pense mais avant cela il faudra rembourser, le prêt de la voiture sur 7 ans et surtout le prêt de la maison sur 20 ans...Eh oui 20 ans tout de même ! Il y a déjà dix ans et depuis tous les ans, il voulait rénover sa caverne d'Ali Baba, mais les banques ne prêtent que très rarement pour un commerce, enfin elles prêtent mais à des taux très élevés alors que pour acheter du bâti, la banque sera enclin à le faire sans exagérer sur les garantis (une hypothèque tout de même) et les taux prodigués sont attractifs, 3 % ce qui est pour la Thaïlande un excellent taux !

La petite bourgeoisie locale...

Chez Mister Da...Épicerie & bistrot ! Service 24/24 !

Deux millions et demi pour la maison (salon, cuisine, deux salles de bain et trois chambres) sur un terrain de 300 mètres carrés et l'équipement qui va de soit, clim' et meubles dernier design seront à rajouter au prix initial ! Un bras tout de même mais comme le dit mon ami Da, il a confiance en l'avenir, s'il n'arrive pas à rembourser, il pourra toujours revendre son bien, les prix, jusqu'à aujourd'hui étant en constante hausse... Dans vingt ans, la maison sera sûrement prête de l'écroulement si l'entretien se fait à l'arrache, comme les gens d'ISAN ont l'habitude de la faire, en effet les matériaux ne sont pas du top de top mais « 20 ans, c'est loin » comme aime à le répéter Tha Da !

La petite bourgeoisie locale... La petite bourgeoisie locale...

En attendant, j'espère que mon ami Da profitera un peu de cette belle maison au confort moderne, car pour rembourser, il devra encore plus travailler, mais le travail n'est pas vraiment une chose qui fait peur aux gens d'ISAN alors tous les espoirs sont permis... « Happy Home, Happy Life, mister Da ».

Paille Kheundheu...

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