Nous allons évoquer un corps de métier qui fut particulièrement privilégié et qui, près de l’Arsenale (l’Arzana per i Venexiani) a laissé de nombreuses traces.
Pour cela, il suffit dans un premier temps de prendre votre plan de Venise, ou mieux, le CCC (Calli, Campielli e Canali le guide incontournable de Venise dès que l’on veut sortir des itinéraires balisés), et de rechercher, comme nous l’avons fait, les noms typiques des métiers des arsenaloti, les travailleurs de l’Arsenal.
La République de Venise a, dès les premiers temps de son histoire militaire, privilégiée les régiments de marine et d’infanterie. Sur les 18 régiments capables d’agir outremer, 11 étaient de l’infanterie, 4 régiments de cavalerie, 1 d’artillerie et 1 de travailleurs (dit le Régiment de l’Arsenal). Une proportion très favorable à une armée du peuple qui était considérée comme le fondement de l’État oligarchique et aristocratique.
Toutefois, l’artillerie, si peu présente n’était pas considérée sans importante, comme on peu le comprendre aisément en parcourant l’importante collection des Cicogna. On y trouve décrit avec précision les bombardieri et leurs aides, leurs réalisations, les maîtres et les spécialistes, retranscrits sous la forme de dialogues. Sont également décrits les exercices d’artillerie et la manipulation des fusils, ainsi que l’œuvre majeure de Domenico Gasperoni, dédiée au doge Paolo Renier.
Toutefois, jusqu’en 1757, l’armée vénitienne n’avait toujours pas un corps d’artillerie, autonome et possédant ses propres tactiques.
Pourtant, on remonte bien plus avant l’activité des fabricants de bombes et pièces d’artillerie, les bombardieri. L’utilisation de la poudre, à Venise, remonte vers 1300.
Quand à la confraternité des artilleurs, elle fut fondée le 31 octobre 1500, dans un premier temps dans l’église de Sant’Andrea, puis à San Marcuola, avant d’être définitivement transférée dans l’église Santa Maria Formosa en 1505 (Scuola di Santa Barbara, Arte dei Bombardieri).
Les artilleurs de Venise, choisirent Santa Barbara de Nicomédie, dont on vénérait déjà les reliques à Saint-Jean de Torcello depuis le XIème siècle. C’est pourquoi la sainte est toujours représentée dans la lagune, avec un canon à ses pieds, la palme des martyrs dans une main et une tour dans l’autre (en France, elle est patronne des pompiers, qui étaient autrefois aussi sapeurs et avaient une bombe ou grenade comme emblème).
De nos jours on retrouve les traces de ces artilleurs de l’Arsenal, assez facilement dans Venise.
Il existe un sottoportego et une calle dei Bombardieri…
… et sur les murs des maisons, de nombreuses patères représentant Santa Barbara. C’est ici que vers 1555 / 1557, la Scuola dei Bombardieri fit l’acquisition de terrains, dans la paroisse de San Francesco de la Vigna, sur lesquels elle fit construire des maisons destinées à ses membres. Ce sont ces maisons que vous voyez encore de nos jours dans ces rues si étroites.
Dans un de ces ‘immeubles se trouve la Casa dei Bombardieri, appartement loué par Annamaria et Fabio Balbi. Donc, en logeant chez eux, vous résiderez dans une demeure chargée d’histoire.
Voir également chez nos amis :
Calle e sotoportego dei bombardieri
Du côté de chez Santa Barbara, la patronne des Bombardieri
La Casa dei Bombardieri – Art et Histoire
***
Une visite que vous pouvez faire avec comme guide Luisella Romeo