[...]
Par contre, ces deux jours de déplacements d'est en ouest, de l'Asie du sud est vers l'Europe de l'ouest, ont eu comme un effet sur l'espace temps... Je le laissais entendre quelques lignes plus haut, partis à la fin du mois de mai, un dimanche midi, cernés par les caprices de la mousson, nous arrivions 15 heures plus loin, à peine une demie journée plus tard, en plein milieu de ce qui semblait être un mois de novembre. Étrange ! Nous ne pouvions alors que nous dire :« mais qu'est-ce que l'hiver allait donner ? »...Avions-nous changé d'hémisphère ? Non ! Les esprits avaient-ils décidé de nous jouer un coup de Trafalgar ? Peut-être !
Nous sommes donc partis du petit aéroport, plus que provincial, qu'est celui de Roi Et avec Nok Air pour rejoindre la cité des anges... Désormais, le petit coucou qui était alloué pour ce trajet, un SAAB 900, a été remplacé par un ATR 72 offrant plus de sièges, beaucoup plus rapide et nettement moins brinquebalant ! Les tarifs de plus en plus attractifs et l'enrichissement d'une certaine partie de la population du quartier font qu'il y a du monde au balcon pour rejoindre la capitale par les airs.
Partis à huit heures du matin sous un ciel déjà lourd et menaçant, nous arrivions sans encombre à Don Muang au nord de Bangkok. Vingt minutes de taxi plus tard, après s'être faufilés dans l'amoncellement de véhicules rejoignant le centre ville grâce à un chauffeur aussi bavard que ma femme qui ont débattus des derniers événements survenus au sein de la province de Roi Et, sans laisser une minute à l'improvisation, mais c'était une évidence, lui aussi était natif de Roi Et, nous arrivions dans « notre quartier » ISAN, Huay Kwang. Pas de temps à perdre, direction Chatuchak, le marché du week-end pour les derniers achats afin de caler les valises de petits cadeaux issus de pays exotiques, passage au retour sur le marché du quartier, celui de Huay Kwang, marché que je recommande d'ailleurs, local, animé de jour comme de nuit, regorgeant de toutes sortes de produits peut-être plus « authentiques » que ceux trouvés au marché cité plus haut. Quelques achats alimentaires plus tard, eh ! Il ne faut pas oublié les copines de l'ISAN qui « coincées » en France, sont souvent à cours de délices fraîchement cueillis ou arrachés de la terre natale. Racines, feuilles, bases de curry de la « marque number one » et préparation introuvable chez l'épicier asiatique de la grande ville voisine, même si cela avait été déjà préparé à Ban Pangkhan, et là, je pense à l'incontournable Pla La, mis en bouteille renforcée pour éviter un quelconque débordement lors du transport, renversement qui occasionnerait sûrement de gros soucis à son éventuel propriétaire, il y a donc toujours une raison de se rendre au marché du coin même si cela n'est pas nécessaire. L'attirance vers un marché quel qu’il soit et pour n'importe quelle bonne ou mauvaise raison est imprimé dans le gêne thaï...
Entre temps, plus tard dans la soirée, j'allais de mon coté au Far West, station Sukkhumvit de la ligne MRT. Je rejoignais un ami de longue date qui a délaissé l'ISAN il y a longtemps pour les lumières de la capitale. Nous avions beaucoup de choses à nous dire, notre dernière rencontre remontant à la dernière mousson. Une bonne raison de s'éclipser une partie de la nuit, afin de supporter notre voyage long courrier du lendemain qui serait vraisemblablement trop long. Il fallait se fatiguer sans aucun doute...
Le lendemain matin, valises bouclées, passeport et billets en main nous traversions vers l'autre aéroport de la capitale, Suwanabhum... Le dimanche matin, en partant de Huay Kwang vers les pistes menant vers l'étranger, cela ne se trouve qu'à trente minutes. Pas de trafic, ça roule plutôt bien ! Notre taxi, ce coup-ci, un sino-thaï, qui se caractérise dans son attitude par la distance qu'il met entre vous et lui, nous déposa sur les trottoirs bruyants et étouffants de l'aéroport. Les gardiens du temple de l'aviation jouaient du sifflet de plus belle pour fluidifier le mouvement incessant de limousine, taxi, bus et minibus ainsi que son flot de voyageurs repartant vers leur pays d'origine... Populations chinoises, coréennes et russes dans une grande majorité bataillaient ferme pour l’accès aux comptoirs de leurs compagnies aériennes respectives qui allaient les ramener dans leurs pénates. Au milieu de toute cette chorégraphie, nous arrivions tant bien que mal à la rangée bien ordonnée de la compagnie des « hollandais volants ». KLM nous emmènerait jusqu'à Amsterdam. Il fallut passer tout d'abord par la borne électronique d'accès, afin d'imprimer les cartes d'embarquement, un travail supplémentaire qui ne vous dispense pas d'enregistrer notre bagage qui ne doit pas excéder un poids intransigeant de 23 kilos... Pas intérêt de se tromper de quelques centaines de grammes sous peine d'un grand déballage au grand jour, à la vue de tous, afin de remodeler son colis ! Nous n'avons pas eu ce souci et les bouteilles de Pla La de Oy resteraient bien au fond des valises, une divulgation de ce produit « explosif » aurait peut-être pu engendrer sa confiscation... (expérience lointaine d'un voyage passé).
Jusque là, la feuille de route était tenue. Un passage sous les portiques de sécurité sifflant à la sensation de n'importe quel bout de ferraille et quelques scanners plus tard, vérifiant contenus des sacs, ordinateurs déballés de leurs étuis, ceintures et chaussures avançant seules sur les tapis roulant, paniers en plastiques regorgeant de portables, portes-feuilles, mallas ornées de Bouddhas protecteurs et l'accès à zone internationale pouvait enfin se faire. Quoique, à noter désormais une nouveauté, pour se faire palper et avoir la joie à une introspection complète de votre futur statut de voyageur au long cours, l'aéroport a mis en service un mouvement d'escalator vous emmenant vers le haut puis toutes sonneries récalcitrantes terminées, un escalator vous ramène vers la bas pour avoir la joie de se faire tamponner votre passeport, signifiant bien que vous êtes sortis du territoire thaïlandais. Ayant le privilège de voyager avec ma femme thaïe et mon fils franco-thaï, ce passage obligé se fait avec une rapidité déconcertante, les porteurs de passeports étrangers devant, eux, supporter des queues interminables.
Quelques boutiques de luxe et marchands de clopes et d'alcool plus tard nous étions devant la carlingue de l'avionneur néerlandais. Un 777 flambant neuf, bien équipé et on ne pouvait pas se tromper, nous étions déjà en sol batave...Grandes et longilignes, profondément blondes aux yeux d'un bleu intense, les hôtesses de l'air ne pouvaient dissimuler leurs origines. L'esprit très cool et décontracté, pas du tout collet-montées, à la différence de certains personnels de bord d'autres compagnies, suivez mon regard (mais il regarde vers où, le farang-ISAN?), elles nous accompagnèrent agréablement tout au long des onze heures d'un vol plus que correct... Planer avec les hollandais volants fut un vrai plaisir... Survolant les plaines cultivées parsemées de canaux innombrables, paysage typique de l'idée que l'on peut se faire de ce pays, expliquant peut-être la configuration physique du hollandais, leurs corps s'adaptant au fil du temps pour se maintenir hors de l'eau tels de grands échassiers, nous atterrissions sans dommage sur le tarmac de l'aéroport de Schipol... Contrôles renforcées, une fois de plus, à l'entrée de l'espace Schengen mais toujours dans une décontraction sympathique, on pouvait alors à peine une heure trente plus tard rejoindre la France...Correspondance rapide pour Nantes pour nous autres mais aussi la possibilité de se rendre à Lyon et Bordeaux dans des temps similaires.
Pour rejoindre le « tagazou » qui nous emmènerait en Gaule, on nous déposa pêle-mêle au pied de l'avion et là, offerts au vent glaciale venu du nord, nous nous sommes rendus compte, comme d'ailleurs certains m'avaient gentiment prévenu avant notre départ d'ISAN :« Au mois de mai, ne te découvres pas d'un fil ». « Ben ! Ça va pas mon « gârs », on dit plutôt « en mai, fais ce qu'il te plaît ! », n'est-ce pas ? Non non, eh bien pas du tout, avril en mai, mars en juin ? Si si, depuis une semaine dans l'ancienne Vénète nous avons le « bonheur » d'essuyer des giboulées, de la grêle, beaucoup de vent et puis le froid, la totale, et on en revient à ce que je disais en introduction, il faut bien conclure, fera-t-il beau un jour ? « Y'a p'us d'saison ma bonne dame ! ». Heureusement les amitiés et l'accueil familiale sont là pour nous réchauffer les cœurs et nos corps encore habitués aux chaleurs d'ISAN, pesantes et étouffantes, battant des records cette année...
Alors, puisque le climat de la terre se réchauffe, dixit les experts, il faut une moyenne, alors, pas étonnant qu'un temps pourri s'invite sur l'Europe de l'ouest...
Derrière les baies vitrées cinglées de pluies battantes, pas grand chose d'autre à faire que d'écrire des tartines mais il va falloir que je mette un point final à ce récit. Si l'on n'est pas obligés de sortir, en attendant de s'habituer, quoique, ce ne serait pas trop mal que l'on ait pas le temps de trop s'adapter à cet hiver qui s'est invité pour notre séjour que l'on croyait estival, on reste au chaud, partageant des plats d'hiver autour de tables conviviales joliment éclairées d'un bon feu de cheminée...
Et puis, allez, demain ou après demain, il fera beau, non ?
Kenavo, paille kheundheu...
PS : Vous aurez remarqué que je n'ai mis aucune photo du crachin breton, mon appareil n'ayant pas de réglages « Bretagne en hiver » ! Alors, je n'ai mis que des photos de « mon ISAN »...
« Contemplation & douceur de vivre !À l'ouest, du nouveau ? »Tags :