Il n'y a pas que la mousson qui pointe son nez au moi de mai en ISAN, il y a aussi la rentrée des classes...
Dates aléatoires pendant un temps.
Demandant aux instituteurs, dès la fin de l'année scolaire précédente, quel pouvait être le jour de la rentrée, les réponses se faisaient avec un certain vague à l'âme...
« Pourquoi demander si tôt une date que nous ne connaissons pas encore exactement ? Il a des questions étranges, le farang ! » Semblaient-ils penser.
N'ayant jamais eu le "plaisir" de saluer au garde-à-vous, je voulais savoir si le fiston en saluant de la main gauche (certes, il est gaucher), le fait dans l'ordre des choses ou devra-t-il apprendre (peut-être un jour) à saluer de la main droite ? Quelle question!
[…]
Il est vrai que je me fais un malin plaisir d'avoir cette requête, d'année en année, sachant que suivant la personne interrogée, les dates sont fluctuantes...En fait cela m'est bien égal en général, je peux comme mes voisins être prévenu au dernier moment mais comme la semaine prochaine nous serons dans l'avion en direction de l'hexagone, j'aurais aimé le savoir en avance, lors des achats des tickets, afin de décider des dates de départ et retour de notre excursion car le fiston rentre en PO NUNG, l'équivalent du CP. Je ne voulais pas qu'il passe à travers le début de l'enseignement de cette classe charnière ou du moins qu'il démarre bien l'année quitte à louper quelques cours pour ne pas trop lâcher l'affaire...La rentrée a donc eu lieu le 16 mai et lors des achats de billets d'avion pour notre voyage en France, ce fut en janvier, la rentrée devait avoir lieu à la fin avril ! OK, mon fiston est le seul de l'école a se rendre à l'étranger avec ses parents et ma requête pouvait alors leur paraître incongrue et je les comprends...
Le lundi 13, on était convié à rencontrer les instituteurs, on les connaît, ce sont nos voisins pour la plupart...Le directeur de l'école faisait la distribution de l'allocation de rentrée scolaire. Eh oui, cela existe aussi par ici, certes ce n'est pas grand chose, 360 baths, l'équivalent de 10 euros, elle aiderait à payer les uniformes, enfin en partie !
Changement de section pour Tangmoo, passage de Anuban (maternelle) à Pathom (primaire), tous les uniformes changent...Short brun (avec ceinture) et chemise blanche (nom de l'élèves et sa classe, brodés en haut à droite au niveau de la poitrine) avec chaussures à lacet style basket, de couleur brune remplaçant les chaussures noires à scratch et bien-sûr, chaussettes montantes, brunes aussi, pour finaliser le « déguisement » . Pour le jeudi, jour du scoutisme, à l'uniforme courant, on rajoute casquette et foulard pour améliorer la panoplie. Pour le mercredi, jour du sport, l'uniforme serait le même que l'année dernière, du moins pour débuter l'année scolaire, en effet le maillot de sport de couleur vert-jaune sera remplacer plus tard par un maillot orange. Enfin, le vendredi, jour du Changwat (province), le polo violet de l'année précédente ferait l'affaire, une chemisette viendrait remplacer le polo style Crocodile dans les semaines à venir...Tout cela à un coût et les pauvres 360 baths sont loin d'être suffisant. Évidemment, pour le Farang-Isan, le budget n'est pas un problème, le tout reviendra a plus de 2000 baths ( 50 euros tout de même), si l'on ne veut pas jouer dans la pièce unique, c'est à dire avoir des rechanges...Un budget difficile pour nombreux des villageois. Heureusement, les familles se repassent d'une année sur l'autre, chemises et autres, si ces uniformes sont encore mettables !
Nombreux, les farangs sur les réseaux sociaux, sont ceux qui pensent que l'uniforme a du bon, gommant les disparités sociales affichées avec des fringues de marques, mais cela fait référence à l'exemple qu'ils en ont en Europe...Ici, cela coûte un bras ! Je pense que la blouse par dessus un habit correct, comme à mon époque à la communale en France, serait fort à propos. Le vêtement ne serait jamais de marque de toute façon, les parents ou grand-parents des villages d'ISAN n'en ayant pas les moyens, l'idée ne leur effleurerait même pas l'esprit ! Dans le pire des cas, un seul uniforme pour tous les jours de la semaine serait approprié réduisant alors le budget habillement, devenant exponentiel d'année en année. Je ne vous explique même pas le coût lorsqu'il s'agit des étudiants de Mathayom (collège & lycée), on atteint des sommes « himalayesques » pour ces familles modestes qui auraient la chance d'avoir un enfant doué de pouvoir poursuivre ses études. Pour nombreux, cela a tendance à les décourager, sachant que très souvent dans ces milieux, l'école reste pour les adultes seulement obligatoire et non pourvoyeuse d'un avenir meilleur. Il leur est alors simple de pousser leurs enfants à l'abandon de l'école pour aller rapidement sur le marché du travail...Je ne parle même pas des instituteurs qui incitent d'aller se fournir dans certains magasins de fringues précis afin qu'ils touchent leur commission, mais cela est une autre affaire...
Mais continuons cette semaine de la rentrée scolaire.
Le 15 fut le jour où tous les élèves allaient mettre l'école en route, un travail communautaire que je trouve plutôt bien ! Presque deux mois que les portes et les fenêtres étaient closes, les lieux avaient été accaparés par toutes sortes de bestioles et par une couche de poussière conséquente ! Les petites mains ont bien bossé ; sols lessivés, plafonds débarrassés des toiles d'araignée, tables installées en ordre de bataille pour la connaissance, cantine-préau arasée des herbes folles, pelouse folle du stade de football mise à niveau, arbres taillés, toilettes décrottées, tout était prêt pour commencer l'année scolaire...
L'institutrice de mon fiston, Tangmoo, vint me parler à propos de notre départ en France... « Tu comprends, Pougny Jeff, ce n'est pas bien de faire rater l'école si longtemps (un mois) à ton fils, mais j'ai confiance, il apprend bien, il rattrapera son retard à son retour mais l'année prochaine, penses à ne pas le faire rater l'école si longtemps ! » Je lui aurais bien répondu que je lui avais demandé six mois auparavant la date exacte des grandes vacances afin de caler notre voyage en France en fonction de cette fameuse date mais comme je l'ai écrit plus haut, sa réponse fut alors plus que vague, alors j'ai joué le bon parent d'élève, je n'ai rien dit, enfin j'ai juste approuvé ces dires, en lui promettant que l'année prochaine, j'y ferai attention...
Le 16 fut le jour de la vraie rentrée... Le cahier de Tangmoo fut déjà bien entamé, rappel de l'alphabet thaï, mot déjà appris en maternelle et dessin évocateur des vacances passées ! Le fiston paraissait satisfait, même s'il fut collé à son nouvel uniforme toute la journée due à la chaleur étouffante du moment...Pas de radiateurs au fond des classes en Thaïlande, mais quelques ventilateurs afin de brasser l'air lourd de la mousson naissante...Et puis cette année pas de sieste, grand changement, alors le soir même, la régulation de l'étudiant s'est faite d'elle même ; Durant les vacances, pas d'heure pour aller au lit, dès le premier jour d'école, allez hop, sans rien avoir à dire, Tangmoo était à huit heures au lit...
Le matin du 17, jour du « violet », il me dît que son institutrice lui avait aussi rétorqué qu'il faille lui couper les cheveux... J'allais la voir chez elle, elle habite juste en face de l'école, pour lui demander s'il était possible de repousser le moment de la coupe « commando-marine », en France, il allait faire froid et qu'il puisse garder ses cheveux sur sa tête serait plutôt bien ! Elle a du se dire, « celui là, encore avec ses demandes personnelles ! », mais elle n'a pas tiqué, me disant que la tonte pourrait se faire à notre retour fin juin ! Je lui aurait bien dit que le ministre thaïlandais de l'éducation avait décrété l'année précédente qu'il n'était plus obligatoire de raser les garçons et de faire la coupe au carré pour les filles, coupe réglementaire imposée aux élèves dans les années soixante-dix par le ministre de l'époque. Le ministre actuel ne demandant qu'aux élèves que leurs cheveux soient propres et coupés plus ou moins longs mais correctement... Manifestement, ce décret n'a pas franchi les frontières de Ban Pangkhan et je pense des nombreux villages d'ISAN et de Thaïlande (plus de 70000 tout de même au sein du royaume). Cette mention ne fut peut-être faite que les bangkokois, qui sait ? Je lui aurais bien fait lire ce texte du ministre de l'éducation mais là encore, un jour cela arriverait bien à leurs oreilles sans que je sois encore pointé du doigt avec mes idées saugrenues ! À son retour, on lui dégagera les oreilles et la nuque lui laissant une touffe rase sur le dessus du crane pour qu'il ait la coupe réglementaire.
En attendant, cette année sera réellement l'apprentissage de la lecture et de l'écriture de la langue thaïlandaise, bon courage fiston, ce n'est pas facile facile ! Surtout qu'en allant dans la cours de récréation et qu'en sortant de l'école, il continuera à parler en lao avec ses camarades et sa mère et qu'avec son père, il parlera le français qu'il maîtrise depuis peu en grande partie autant par son écriture que par sa lecture ! Le voyage en France consolidera le tout, à notre retour on continuera l'apprentissage puis on passera à l' « englissch »qu'il baragouine déjà pour le fun...
Certaines règles de l'école thaïlandaise sont plus faciles à suivre pour les étudiants qu'à accepter pour certains parents d’élève comme pour le Farang-Isan, mais on s'adapte et dans l'ensemble, même l'école de Ban Pangkhan reste une école de bonne mesure où ses instituteurs sont motivés et aiment leur métier et le transmettent bien à leurs élèves, ce qui est à mon avis, essentiel !
De toute manière quelle que soit l'école, celui qui aura le goût de la connaissance l’acquerra n'importe où ! Si l'instituteur est bon et attentif à ses élèves, ce sera un plus non négligeable !
Et même si les vacances vont se prolonger pour Tangmoo, je lui souhaite une bonne rentrée tout de même et que cette année soit fructueuse, ainsi qu'à tous les autres enfants de Thaïlande !
Paille Kheundheu...
« Aucun soucis, Nya Pou veillera au grain !Tags :