Quelque part en ISAN,
il y a deux semaines...
[...]
Le combat avait commencé un jour de mai.
Venue du sud, au delà des rizières, elle voulait vaincre ceux du nord.
Elle passa la première fois légèrement par l'ouest.
Ce fut terrible !
De son voile noir, elle recouvrît le ciel azur.
À midi, il fut minuit !
Elle déversa tout son fiel en quelques minutes...
Submergés,
Les routes et chemins ne savaient que faire de toute cette eau !
Les arbres eurent la tête qui tournent,
Pliant, dansant, oscillant dangereusement,
Ils ne rompirent point !
Ceux du nord reprirent alors leur place.
Ils avaient juste été prévenus qu'ils devaient partir !
Elle reviendrait, elle ne lâchait jamais le morceau !
Deux jours plus tard,
Elle revint le soir...
Elle feinta, passant par l'est !
Sa colère redoubla.
Un terrible bruit survint.
Les lumières artificielles abdiquèrent.
La nuit se para de ses multiples éclats.
Tellement puissante,
Ses lances électriques fusaient à l'horizontale.
À minuit, il était midi !
Son souffle puissant vint à bout du vieux tamarinier du temple.
Elle cingla de son eau tout obstacle récalcitrant.
Les murs et les toits ne purent rien, tout était détrempé !
Un son infernal laissait présager du pire.
Les hommes, inquiets, ne pouvaient qu'attendre qu'elle s’essouffle !
Puis, comme elle était arrivée, elle continua sa route.
Dans la nuit redevenue totalement obscure, les hommes s'endormirent.
Apaisés, la fraîcheur soudaine leur offrit un sommeil salvateur.
Crapauds buffles et batraciens de tous ordres reprirent leur chant.
Au petit matin, les hommes hésitèrent à se réveiller.
Le jour offrirait ce qu'elle avait laissée derrière elle.
Ils ne purent que constater les dégâts.
Toitures envolées, bois des maisons imbibés, planchers détrempés.
Arbres étêtés, bois morts jonchant les parterres.
Boue recouvrant rues et cours des maisons séchant sous un soleil puissant et matinal.
Rizières fraîchement labourées totalement inondées pour la joie de tous.
Les hommes avaient commencé à lancer des fusées dans le ciel,
Tels des sabres pour réveiller Phanya than, Dieu de la pluie
Récalcitrant au début, il avait finalement répondu à l'appel les hommes.
Elle avait donc définitivement gagné !
L'air serait irrémédiablement humide et poisseux pour longtemps.
Elle reviendrait alors à intervalle régulier,
Avant de s'installer inéluctablement.
Elle redonnerait enfin son vert éclatant à une nature assoiffée, à la limite de l'agonie.
Elle remplirait les lits des rivières asséchées et redonnerait la vie.
Ceux du nord venus des contreforts himalayens ne reviendraient qu'à l'automne...
Ceux du sud avaient vaincu !
Chauds, humides et étouffants seraient les mois à venir.
Elle, LA MOUSSON, venue du sud,
Dévastatrice mais salvatrice avait signé son arrivée !
Désormais, elle n'abandonnerait plus personne,
Malgré sa violence soudaine, elle réjouirait les hommes.
Elle était là, comme chaque année, pour le bonheur de tous...
Et de moi-même !
Paille Kheundheu...
Mousson-maison...
Tout ceci n'était qu'une petite fable, écrite il y a trois ans, rien de bien sérieux,
mais elle est d'actualité chaque année et toujours à la même époque !
« La gazette de Ban Pangkhan (19). Du 24/03 au 04/05/2013.Tags :