Il est à vendre, ce beau vieux palais, et il le sera sans doute longtemps, car les acquéreurs ne se pressent pas. Aussi, c'est qu'il est situé dans un des quartiers de Venise que les étrangers ne fréquentent guère ! Pour y parvenir, il faut quitter le Grand Canal et s'engager dans le lacis compliqué des petits canaux. C'est après bien des détours que l'on atteint l'humble rio où se dresse la façade inattendue et d'autant plus imposante qu'elle vous écrase par son manque de perspective. Rien d'étonnant donc à ce que la guerrière pensive du seuil ait à attendre longtemps encore, sans doute, le moment de saluer son nouveau maître, celui dont les pas résonneront, un jour, sur les dalles humides du vestibule et qu'il y fera entrer avec lui la lumière, le bruit et la vie...(Henri de Régnier, esquisses vénitiennes, palais à vendre)
quelques images de mai 2010...
J'ai toujours aimé les lieux qui racontent une histoire.
Abandonnée, après des années de déclin, la vieille demeure, usée par le temps se dresse toujours là !
Comme à chaque fois que je me retrouve à Venise, depuis le traghetto en traversant le Grand Canal, mes yeux cherchent la Ca'Da Mosto, et lorsque je traverse le ponte S.S.Apostoli, je jette un regard furtif vers la corte Del Leon Bianco...
Depuis plusieurs années, un échafaudage et une bâche recouvrent la façade du vieil édifice où pourtant
j'ai lu : Manutenzione straordinaria e restauro conservativo della facciata di Palazzo Ca'da Mosto ici
et que deviendra-t-il ensuite ? Un hôtel, un lieu d'exposition, des appartements de luxe ?
Mais c'est la cour qui m'intrigue toujours, rien ne bouge, l'escalier se dérobe de plus en plus au regard.
Difficile de s'imaginer qu'au XVIIIe siècle, le voyageur qui ne bénéficie pas de l'hospitalité privée, venait se loger à la "pension des Rois" Il Leon Bianco considérée comme l'une des meilleures dans la Venise des Lumières.
Ce matin, loin de la foule, je reste un petit moment à contempler les vieilles pierres, oubliées, baignées par la lumière printanière...