Cela faisait bien longtemps que je voulais écrire un billet à propos de Michèle Jullian. La publication de son deuxième roman en août dernier, « Là où s'arrêtent les frontières » m'en donnent donc l'occasion. Elle avait déjà publié son premier roman, « Théâtre d'ombres » en 2010, j'aurais pu alors faire un premier article sur ce roman mais étant moi-même plongé dans l'écriture de « Un os dans le riz », je retardais la lecture de celui-ci, je ne voulais pas subir une quelconque influence de mes lectures sur ma propre écriture, choix qui peut paraître douteux mais qui, pour moi, allait de soi. Les deux romans de Michèle que je viens de lire (son premier roman que j'avais déjà lu, je l'ai du coup, lu de nouveau), dont le personnage principal quoique l'on en dise est la Thaïlande, la lecture de son blog dont les nombreux articles qu'elle y écrit (à ce jour plus de 700) ne me laissant en rien indifférent, je me lance donc dans cet exercice difficile d'écrire un article sur une personne que je connais et que j'apprécie particulièrement...
[…]
Michèle Jullian comme son nom l'indique est l'ancienne compagne mais aussi assistante de Marcel Jullian, scénariste, écrivain, personnage éminent des début de la télévision. Pour ceux qui auraient du mal à le situer, vous verrez son nom apparaître dans de nombreux génériques de film des années 50-60. Un de ces films qui ne m'a pas laissé de marbre dont il signa l'adaptation et les dialogues étant « un singe en hiver » avec Gabin et Belmondo, tiré de l’œuvre de Antoine Blondin. Elle a d'ailleurs co-écrit un roman en sa compagnie, elle a travaillé de nombreuses années à France Inter, a participé à l'écriture du scénario de la saga Beaumanoir diffusée sur France 2. Dans sa jeunesse, elle aura pas mal traîné ses guêtres à Londres, ce qui lui ouvrira le monde grâce à l'apprentissage de la langue de Shakespeare, elle voyagera autour du monde et depuis Michèle Jullian n'aura jamais vraiment arrêté de voyager, curieuse du monde mais surtout des gens qui le peuple !
Elle débute son blog fin 2009, elle y relate ses rencontres mais aussi des lectures qui lui donneront du grain à moudre, les événements et actualités du monde qui l'entourent la feront réagir au fil de ses nombreux articles, comme je le disais plus haut au nombre de plus de 700 à ce jours. C'est d'ailleurs lors des événement du printemps 2010 à Bangkok, lors de l'occupation du centre économique de la ville par les « rouges » dont la plupart des belligérants venaient des provinces d'ISAN que nous feront connaissance par l’intermédiaire de commentaires échangés sur nos blogs respectifs. Quelques longues conversations téléphoniques puis une rencontre « familiale » à Bangkok scelleront notre relation amicale.
Si vous n'avez donc pas encore lu un de ses deux romans, visitez son blog, cela vous donnera une idée de l'essence de ses deux romans, vous serez enchantés par son écriture, son style enjoué, ses coups de gueule, vous apprendrez à la connaître, retrouverez les personnes qui lui ont inspirées les personnages de ses deux romans et remarquerez sans aucun doute qu'elle a « du caractère » comme aimait à le dire mon grand-père. Elle offre donc un regard plein d'humanité mais sans concession sur le monde qui l'entoure, alors découvrez :
Vous découvrirez aussi en parcourant son blog une autre de ses passions, la photographie et on peut alors dire que lorsque Michèle Jullian décide de s'adonner à une passion, elle met tous les atouts de son coté, le fruit de son apprentissage et son travail fait que ses photos sont tout simplement magnifiques, son objectif au service de son œil acéré ! Toutes les photos qui illustrent cet article étant d'ailleurs sorties de son boîtier ! Si vous n'avez pas l'occasion de passer du coté de Calais, ville dont elle est originaire où de temps à autre elle expose (eh oui quelle talent!) découvrez ses photographies sur sa page facebook, il y en a plus d'un millier.
LA PAGE FACEBOOK DE MICHÈLE JULLIAN.
Vous aurez appréciez ses photos, les articles de son blog et vous pourrez alors lire ses deux romans, mais attention, même si vous ne l'avez pas fait dans cet ordre, pas de soucis vous vous embarquerez au fil de « Théâtre d'ombres » et de « Là où les frontières s'arrêtent » dans une magnifique histoire où son regard de femme changera des publications « masculines » dont les centres d’intérêts sont souvent les filles et les bars et leur rapport au farang même si ce n'est pas, heureusement d'ailleurs, toujours le cas. Un autre regard, un beau regard sur la Thaïlande !
« Théâtre d'ombres » débute à Paris lorsque la jeune Marie découvre à la mort de son père, personnage publique, écrivain (tiens tiens), qu'il aurait eu une aventure avec une jeune femme thaïlandaise et qu'elle serait enceinte de lui...Marie/Malee (tiens tiens) perplexe, ne connaissant pas son père sous cet angle décide de retrouver cette jeune femme et son future demi-frère qu'elle porte en elle ! Elle passera à Londres (tiens tiens) voir sa mère Florence lui demander conseil. Florence avait voyagé dans sa jeunesse du coté de la Thaïlande, la Malaisie et alentours (tiens tiens). Avant de partir, puisqu'elle ne veut pas s'y rendre « sans biscuit », elle apprendra le thaï à l'université, Marie met tous ses atouts de son coté (tiens tiens). Avant de partir sa mère lui confiera un carnet de voyage qu'elle avait écrit lors de son voyage de jeunesse (tiens tiens) et ce carnet de voyage accompagnera Marie tout au long de son aventure (j'ai d'ailleurs particulièrement aimé ce recit de voyage de la jeune Florence(tiens tiens), oui parce que ce roman est une aventure, autant géographique qu’émotionnelle, une histoire d'amour va naître au fil du roman, (Bon Ok Michèle est une femme tout de même), la rencontre d'un beau chanteur guitariste originaire de L'ISAN (tiens tiens) lors de son arrivée à Bangkok alors qu'un coup d'état vient de se produire (tiens tiens) puis lors de sa montée au nord du pays la rencontre avec un beau militaire (tiens tiens) ! Je n'en dirais pas plus et si j'ai mis des « tiens tiens » un peu partout, c'est juste pour démontrer qu'un auteur (qu'une auteure) s'inspire forcément des événements de sa vie et de ses rencontres pour alimenter son imaginaire afin de raconter une histoire...Et je serais mal placé pour critiquer cet état de fait !
« Là où s'arrêtent les frontières » est la suite de « Théâtre d'ombres » mais peut se lire sans avoir lu le premier roman, mais pourquoi se priver lorsque l'histoire est passionnante de ne pas enchaîner les deux romans, parce que c'est ce que j'ai fait, j'ai relu « Théâtre d'ombres » avant de lire il y a peu « Là où s'arrêtent les frontières », roman que Michèle m'a gratifié d'une belle dédicace ; donc ce roman se déroule quatre ans après le premier et Marie décide de retourner en Thaïlande, un événement que je ne divulguerai pas la poussant à le faire...On retrouve tous les personnages du premier roman, d'autres viendront nourrir l'intrigue, les événements de Bangkok du à la révolte des « rouges » vont lui donner encore du moût pour continuer à s'interroger sur la société thaïlandaise, ses coutumes, ses travers, ses personnages dont je trouve que leurs caractères s'affirment. Ils vont aller vers les limites des frontières, frontières sociales, frontières sentimentales mais aussi tout simplement frontières terrestres. En effet, les Karens, ethnie montagnarde, très présente à la frontière du coté thaïlandais, persécutée par la junte militaire du coté birman, même si Michèle en parle dans son premier roman, les Karens font leur entrée fracassante dans ce roman, je n'en dirai toujours pas plus, juste, je dirai que j'ai particulièrement aimé tout le passage où Marie accompagné de Josh, un autre personnage attachant, vont à leur rencontre dans les montagnes, un moment qui m'a particulièrement ému et impressionné tant les descriptions qu'elle s'est appliquée à écrire, sont d'une beauté flamboyante...On s'y croirait !
Pour conclure, je dirai qu'il ne vous reste plus qu'à vous offrir ces deux beaux romans, si vous les avez déjà lu, offrez les, c'est Noël (et à un autre moment de l'année aussi), si vous n'avez pas d'idée de cadeaux, ceux-ci seront un très beau présent, même aux personnes qui ne sont pas forcément attirées ni intéressées par la Thaïlande, le style de Michèle Jullian et l'histoire, épique, plaira à toutes et à tous...Vous rencontrerez alors Michèle Jullian, une femme à la croisée des cultures comme elle aime à le dire, une femme qui n'a pas de frontières ou du moins qui par sa curiosité et opiniâtreté les franchie sans concession, ni langue de bois ! Bonne lecture à tous et parce que Michèle Jullian aime les gens d'ISAN comme je les aime je lui dirai comme je vous le dit jusqu'à la semaine prochaine :
Paille Kheundheu...
PS : Ses deux romans peuvent se commander sur internet, FNAC, AMAZON etc... mais vous les trouverez aussi en librairie et s'ils ne sont pas dans les bacs, cliquez sur les deux photos de quatrième de couverture pour les agrandir et le numéro ISBN apparaîtra et avec le titre et le nom de l'auteure, votre libraire ne pourra pas vous refuser de les commander pour vous aux éditions de la Frémillerie...
Sachez aussi qu'en achetant ses romans, les droits d'auteur iront à une association qui s'occupe des karens en exil, vous ferez alors, mis à part le fait de vous faire plaisir, une bonne action !
Voici encore quelques photos de Michèle Jullian :
Tags :