Lors de notre dernier passage à Bangkok après notre escapade maritime, nous nous arrêtions du coté de Ratchada, « notre quartier de la cité des anges ». Huay Kwang/Ding Deang sont des quartiers populaires coincés entre le marché de Chatuchak à proximité de la route qui nous ramènerait en ISAN, Vishawadee Rangsit puis nationale 1, plein nord jusqu’à Saraburi pour enfin bifurquer sur la nationale 2 direction Korat, la porte de l'ISAN ! Nous avons toujours séjourné dans ce « petit ISAN » ! Des maisons traditionnelles reconverties en chambres-dortoirs à louer aux petites mains de la capitale, des barres d'immeuble à cinq étages maximum, en effet la largeur des soï de ces quartiers où deux voitures se croisent souvent grâce à des manœuvres digne d'un expert es rallye, empêchent de construire de grandes tours démesurées ! Ne me dites pas qu'il n'y a pas de plan d'urbanisation à Bangkok, quoique avec quelques billets bien placés, le mètre d'un géomètre peut éventuellement avoir des ratés, alors de chaque bord d'un soï minuscule, on pourra remarquer deux immeubles de 10 étages se faisant face en lieu et place de 2 petites constructions respectant « la loi » , mais ça, vous pourrez le voir dans tous les quartiers de la cité des anges ! Mais là n'est pas le propos, revenons-en à nos moutons !
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Pour vous situer, "Ma carte de Bangkok"
Si avant de rejoindre Ban Pangkhan, nous faisions notre stop dans la capitale sur Ratchada, nous étions aussi conviés le dimanche chez la nièce de ma Dame Oy, Keaw. Nous étions arrivés le samedi matin de Hua-Hin, croisant alors des hordes de bangkokois descendant en week-end au bord de la mer, le samedi pas d'école, d'ailleurs la plupart d'entre elles étaient encore fermées, les vacances scolaires n'étant pas terminées pour tous les élèves. Même si le plan de circulation de Bangkok m'est plutôt familier, combien de fois ai-je pu guider un taximeter au sein de la mégalopole, je ne les compte plus, par contre il était hors de question de se faire « ventouser » durant la semaine dans l'enfer du trafic automobile ! Cela m'est bien égal lorsque je me fais conduire, je profite du spectacle, mais comme j'étais au commande, je n'étais pas sûr de mes réactions, serai-je farang-ISAN (Jaï Yen) ou farang tout court (Jaï Ron) ? Je n'ai pas encore atteint l'état « krengjaï » (statut thaï/thaï), loin de là, d'ailleurs je ne suis pas sur de l'être un jour, d'ailleurs, ai-je la volonté de l'être ? Mais je m'égare...En fait, je n'étais pas sûr de m'y retrouver dans la cité, je ne voulais pas tester mes capacités à déambuler correctement dans les rues de la capitale dans le chaos du trafic automobile !
Le samedi nous avions rejoint sans dommage Ratchada. Le dimanche nous irions chez la nièce, en terres inconnues, direction nord ouest entre Nonthaburi et Bang Bua Thong/Bang Yaï, à Ban Tha It exactement. Nous allions à « Perfect Place » se trouvant le long de Rattanathibet road (route 302, parallèle à Cheang Wattana road) sur la rive ouest du Chao Praya !
Le dimanche matin, on peut le dire, ça roule bien à Krung Thep et pour rejoindre ce fameux « Perfect Place », ce fut sans aucun soucis. En semaine, de Ratchada, on peut mettre plus de trois heures aux heures de pointe, à entendre le mari de la nièce de ma femme, il travaille en effet juste à coté du Baan Keaw mansion, hôtel où nous avons nos habitudes lorsque l'on descend à Bangkok. Longeant cette grande avenue de Rattanathibet pour rejoindre Ban Tha it, je remarquais la construction d'une nouvelle ligne de Sky Train, un chantier gigantesque puisque cette ligne partant de « je ne sais où », peut-être du terminal Chatuchak/Mor Chit, permettra de rejoindre le sud de Bangkok quasiment à Samut Sakhon, comme je l'avais vu lors de notre dscente au bord de la mer, dix jours plus tôt ! ( pour les détails, voir le plan ci-dessus)
Nous traversions le Chao Praya et les enseignes publicitaires ventant « Perfect Place », se faisaient de plus en plus nombreuses, insistantes même ; elles nous prévenaient d'un UTURN prochain pour rejoindre l'entrée de cet « havre de paix » !
Tournant sur notre gauche, notre demi tour effectué, une entrée majestueuse avec jets d'eau et mur d'enceinte digne d'un temple romain nous attendaient. La guérite des gardiens étaient en son milieu, plusieurs couloirs d'accès, abonnées, habitants, non abonnées (nous), il fallait montrer pattes blanches ! Nous téléphonions à la nièce pour qu'elle prévienne la sécurité de notre arrivée, mais elle n'avait pas complètement renier ses origines, son coté ISAN, insouciant fit que son téléphone était fermé ou injoignable ! Oy, elle n'avait pas l'adresse exact de la maison...je commençais à me dire... pour mettre une couche de plus, les gardiens avaient des airs plus que mercenaires à la retraite, même pas un sourire, aucune réponse au moindre trait d'humour, cela commençait plutôt bien, en fait cela commençait à me plaire ! Après ce moment de flottement, ils déduisirent où nous allions et réussirent à joindre le mari de la nièce, on laissa la carte d'identité de Ma Dame à la « réception militaire », une photo de la voiture et de sa plaque (eh eh, on n'avait pas encore nos plaques d’immatriculation) et pouvions enfin entrer dans le monde merveilleux de « Perfect Place » ! Le téléphone sur haut parleur, le « beau neveu » m'indiqua la route, ah oui, des soï de partout à égarer un farang-ISAN mais n'importe qui de normalement constitué se serait perdu sans aide ou GPS ! On avançait, on passait encore des postes de gardes, il n'y avait personne sur les routes édulcorées tirées au cordeau, où toutes les haies étaient parfaitement taillées, pas un piéton ni une voiture on croisa...Pourtant les maisons semblaient bien habitées, des voitures et pas de marques de prolétaires étaient garées sous les porches des maisons qui se ressemblaient toutes, enfin presque toutes. Certains soï étaient fermés de gigantesque grilles versaillaises, on aperçut des maisons grandes comme des châteaux ! Il y avait même au sein de "Perfect Place" des classes sociales différentes ! On rejoignit un autre poste de garde pour sortir momentanément de « Perfect Place », les promoteurs n'avaient pas réussi à acheter une route publique tout de même ! On parcourut quelques dizaines de mètres sur cette « Thanon », magasins, petits marché, maisons de bric et de broc bordant la route, circulation intense, on venait de ré entrer dans Bangkok, ce Bangkok plein de vie que j'aime, certes à petites doses mais que j'aime ainsi, puis le haut parleur de mon portable me dît de tourner à gauche vers un autre poste de vigie ! Ce fut plus facile de continuer, j'avais un laisser-passer désormais, j'avais le droit de faire parti de « Perfect Place », momentanément ! On arriva enfin chez le neveu et la nièce, après avoir tourner virer autour d'un plan d'eau artificiel, désespérément vide de monde, ah un épicier, mais personne, une salle de fitness où les instruments de torture devaient avoir souvent besoin d'huile « trois en un » pour les dérouiller ; il y avait aussi une piscine où aucun rire d'enfants ne sortait ! Les seules personnes que l'on vit ce sont des gardiens en moto sillonnant les routes et ruelles de ce gigantesque Moo Baan, des jardiniers et des balayeuses avec leur grand chapeau à bord très large, si caractéristique des travailleurs de l'ISAN, poussant devant eux une charrette en fer, même pas un papier qui traînait dans la rue...Rien !
Les usages passés, arrivés dans la famille, cela se passa plutôt bien, l'intérieur de la maison reflétait le coté ISAN des origines, heureusement, des gamins, du matériel accumulé de partout, la télé avec son feuilleton de la chaîne 7 à fond la caisse, de la vie, certes bruyante mais de la vie ! Je devrais tout de même déplacer mon char pour ne pas gêner les voisins et leur grosse bagnole s'ils devaient sortir de chez eux, pour moi, ça passait mais...il fallait mieux suivre les consignes, les us et coutumes du quartier. Plus tard, on allait se promener autour du plan d'eau, à part trois gamines qui jouaient du Ukulélé (si, si), à part elles, il n'y avait toujours aucun signe de vie...
Un peu plus loin, on remarquait que « Perfect Place » continuait de s'étendre vers les rives du Chao Praya, même pas peur les promoteurs, car il faut le savoir l'année dernière lors des grosses inondations que connut Bangkok, ce Moo Baan fut sous un mètre d'eau pendant plus d'un mois ! Pas si parfait que ça alors ? Les bâtisseurs ont remis un coup de peinture à toutes les maisons qui ont baignées dans les eaux boueuses de l'inondation de 2011, ils font la pub de l'acquisition de pompes monstrueuses en cas où pour palier à une future inondation, mais apparemment « chat échaudé ne craint pas l'eau ! », les maisons continuent de s'étendre inexorablement...et ils continuent à vendre...
Je commençais tout de même à trouver le temps long, je remarquais alors des ouvriers quittant le chantier, cagoulés, portant avec eux leur repas de midi dans ces containers en inox à trois niveaux, cela donnait enfin un semblant de vie au lotissement. Je décidais de les suivre et je me retrouvais très rapidement sur cette petite route publique qui coupe « Perfect Place » en son milieu. Je pouvais enfin acheter des clopes et m’asseoir boire une bière en écoutant les gens d'ISAN mais aussi des birmans qui rigolaient à tout rompre en buvant un coup...Je me sentais mieux, plus chez moi, j'achetais quelques morceaux de poulets grillés made in ISAN et quelques « saloperies » pour les gamins et je rentrais dans le Moo Baan, au crépuscule.
On me proposa de sortir pour aller au marché, il fallait prendre la bagnole, je laissais la famille y aller et tentait une conversation avec le « beau neveu », sino thaï, ingénieur en génie civil, golfeur, plutôt réservé et plus affairer sur sa tablette à chatter sur facebook que d'avoir une conversation avec moi...Eh ouais, nous n'étions pas du même monde, pas grave, nous restions polis, cordiales l'un envers l'autre !
Le lundi, de bonne heure on partit, lui était déjà parti au boulot affronter les embouteillages de la capitale, un waï à la nièce et sa maman, la grande sœur de Oy, on filait plein nord, plein nord-est, retrouver l'ISAN, retrouver Ban Pangkhan, il était temps ! « Perfect Place » n'était vraiment pas fait pour moi...
Je ne comprendrais jamais ce désir de se couper d'un monde, d'un autre monde ; derrière de haut mur, les uns se protégeant d'un monde réel qui plus est n'est pas du tout non sécuritaire à Bangkok mais à force de créer des bulles où des classes sociales moyennes viennent fricoter avec les hautes classes et ne veulent pas voir le reste de leurs congénères, alors ce monde où l'on vit deviendra sûrement dangereux, attisant la jalousie de ceux qui sont en dehors de ces drôles de "ghettos" édulcorés. Ce n'est vraiment pas le monde tel que je le rêve ! Je vous le dit même en mille, à Roi Et aussi, ils commencent à construire ces sortes de "zones vertes" où dehors sera le chaos qu'ils auront créés sans penser aux conséquences désastreuses à venir ! Mais ce n'est que mon humble avis et il faut le dire, sur ce sujet, je suis décidément INDÉCROTTABLE !
Paille Kheundheu...
« Et vous, vous êtes plutôt, Tongs, Crocks ou Slaps ?
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