Lorsque l'on est parent d'élève, il y a des obligations auxquelles il est difficile de se soustraire ! J'ai plutôt l'habitude et l'astuce de réussir, la plupart du temps, à éviter de participer à ce que je n'ai pas envie de faire...Mais là, l'âge sûrement, une paternité tardive peut-être, me rend plus malléable puisque lorsque le fiston, Tangmoo, est arrivé de l'école, il y a quelques jours, avec un papier de son institutrice vous annonçant la future sortie scolaire des petites classes de l'école publique de Ban Pangkhan et qu'il avait décidé que son accompagnateur pour
cette excursion serait son " pôpa ", j'ai râlé, comme d'habitude, car en bon français, je suis un râleur pour la forme, mais j'ai abdiqué, j'ai signé le papier de l'école ; sa " môman " a rit sous cape, pensant qu'elle aurait du bon temps sans son mari et son fils au moins pour une longue journée, Tangmoo et moi partis sur les routes de la province de Roi Et pour visiter temples et autres attractions inconnues ! Il est vrai que j'acceptais aussi d'y aller par esprit de curiosité, je voulais savoir et vivre une sortie scolaire en ISAN et je vous préviens, j'allais être servi au delà de mes espérances !
Rendez-vous était donc pris devant le portail de l'école, à sept heures du matin, l'habit du mercredi, c'est-à-dire, " la tenue sport " était celle préconisée pour cette sortie, un petit sac serait bienvenu, avec une rechange (on sait jamais), un peu de bouffe, de l'eau et bien-sur de l'argent de poche ! À sept heures, nous étions là, la plupart des élèves aussi, les accompagnateurs étaient présents (je n'étais bien-sur que le seul farang et nous étions avec mon voisin, le grand-père de Miao et un autre homme du village, les seuls représentants de la gente masculine pour cette expédition), 
les concubins et famille élargie des expéditionnaires s'étaient déplacés pour les adieux, le bus, magnifique bus bariolé comme on en voit sur toutes les routes du pays, était là, ses chauffeurs-animateurs répondaient présent, il ne manquait que les
instituteurs, car tous, ceux de toutes les classes de l'école venaient participer à cette journée qui allait être une journée de fête ! Ils ne manqueraient ça pour rien au monde...Les élèves des grandes classes comme Ma Dame Oy, profiteraient de cette journée comme une journée d'école buissonnière ! Les instituteurs, enfin deux en particulier, toujours les mêmes, j'ai les noms ! Mais je les tairais, je ne suis pas un cafteur, se faisaient attendre !
Depuis le début de la nuit, il pleuvait car un " payou " (typhon) passant sur les cotes vietnamiennes laissaient présager que cette pluie nous accompagnerait toute la journée ; et en effet, ce fut le cas ! Le directeur de l'école demanda au chef du bus de sonner le rassemblement, ce qu'il fit avec un grand plaisir, l'occasion de faire entendre à tous que ce bus aux allures carnavalesques résonnant de toute ses trompes en avait sous le capot, du son ! Par magie, ou plutôt par coïncidence, les deux retardataires arrivaient...Nous étions parés pour le départ ! Appel général, 
distribution de badges pour chacun des élèves pour ne pas se perdre dans les méandres des temples visités, ou plutôt pour retrouver le bus en cas où, les instituteurs chargeaient, riz, eau, glacière, tous trouvaient plus ou moins sa place dans le bus dont la décoration intérieur n'avait rien à envier aux fresques ostentatoires de sa carlingue ! Un signe de la main donné aux membres de chaque famille abandonnant leur progéniture pour cette expédition et le bus s'ébranla. Quelques coups de trompes dithyrambiques et il s'engageait sur la route, direction Sélaphum. 
À peine cent mètres que nous étions sur la route que les écrans de télévision aux nombres de deux, s'allumèrent et dans les
haut-parleurs dont je ne pourrais définir le nombre, commencèrent à cracher leur décibels...Basses à fond, mon cœur mit un certain temps à s'habituer " au beat ", mais je m'y suis fait, les oreilles des marmots ne semblant en rien préoccuper chauffeurs et instits' !
Voici deux petites vidéos pour vous mettre au parfum ! Une petite idée du son ? Je ne suis déjà pas très bon en photo, alors la vidéo, c'est pire mais je me soigne !
Ça promettait ! Un clip plus loin, un succès du moment fit que tous entonnèrent la chansonnette ! À cinq kilomètres, à Ban Kwao, nous chargions les trois instituteurs manquant, dont l'institutrice de mon fiston...Ils habitent dans ce gros village du sous district ! La route vers Sélaphum, toujours en travaux, dans un état boueux avancé fit que le bus roulât au pas...
Les clips s'enchaînant, dans un bruit assourdissant, les gamins chantant à tue tête, les adultes, enfin les instituteurs ne voulaient pas être en reste et sortirent les micros pour animer un gigantesque karaoké ! Que la fête commence !
Puisque je n'arrivais pas à savoir où nous irions exactement,
quelles visites étaient prévus, à part notre premier temple, information que j'avais glané auprès du chef de bus qui d'ailleurs ne connaissait même pas la suite de l'itinéraire, premier temple qui se trouvait être celui de Phra Nam Yoi, près de Nong Pok, je me disais alors que nous n'étions pas arrivés vue la lenteur du convoi...
En cliquant sur toutes les photos, vous les verrez en taille réelle !
À suivre des vues du temple et "annexes" !
Ce te mp le ne se trouve pas bien loin de chez nous, temple où j'ai d'ailleurs du m'y rendre moult fois, accompagnant amis et famille venus nous rendre visite en ISAN, mais à ce rythme, du aux travaux de réfections généralisés sur les routes de la provinces (ah, ces budgets débloqués au moment de la saison des pluies!) mais aussi à la pluie battante, nous arriverions peut-être avant la saint-glinglin ! Il fallait aussi compter sur les arrêts-pipi dans les stations " PoToTor " jonchant les routes du royaume, toutes " équipées " d'un 7/11 (supermarché), ce qui allait contribuer à la dispersion du groupe à de multiples reprises pour des achats compulsifs de saloperies sucrées ou salées en tous genres ; premier arrêt à Sélaphum, à 17 kilomètres du village puis à Phong Thong à 50 bornes, il restait une bonne trentaine de kilomètres avant de rejoindre ce temple, niché dans une jungle en haut d'une colline, nous nous rapprochions des contreforts du Mékong ! Le karaoké battait son plein, les instituteurs encore plus indisciplinés que les enfants me faisaient comprendre une chose dont je me doutais depuis longtemps, mais là, j'en eus la preuve formelle !
D'où venait cette insouciance, cet esprit du " sanook sanook " dont pratiquement tous les thaïlandais sont imprégnés ? La tradition, l'éducation, l'exemple donné par les adultes font que les gamins devenus grands n'auront plu qu'à perpétrer cet esprit de la fête, d'être en joie pour la moindre occasion, l'esprit du " SANOOK SANOOK ? ", ça vient de là ! C'est dans le cœur des thaïs et ma légère irritation au début de ce voyage se transforma en une franche rigolade, comme une épidémie, l'esprit " profitons du moment présent " me gagna inexorablement, ou l'avais-je déjà digéré ? Probablement oui, toutes ces années passées au Ban, au milieu de ce peuple festif et heureux de vivre, malgré tout ce qui pourrait les rendre tristes, n'est pas étranger à cette participation active de ma part à cette débauche de joie ! " L'occasion fait donc le larron " fut donc la devise de ce voyage scolaire !
Photos de "famille" au temple !
Nous arrivions donc au temple de Phra Mahathat Chedi Chaimongkol (son nom officiel), une visite vite fait bien fait, un retour vers le bus, au milieu de centaines d'autres enfants en lieu et place pour les mêmes raisons que les nôtres, une traversée de stand de marchands vendant tout et n'importe quoi, bouffe, jouets, ustensiles quelconque qui allaient se casser dans les quelques heures suivantes...
Nous mangions alors une première fois, quelques achats de " loukchins " et brochettes de toutes espèces de viandes et poissons, venant agrémenter notre pique-nique ! La pluie se fit plus clémentes lors de la visite du temple, une certaine chance était avec nous, mais la pluie repartit de plus belle lorsque nous partions vers un autre temple situé au sein même de Roi Et à entendre le directeur de l'école (j'arrivais enfin à savoir où nous allions quoique...), temple dont je n'arrivais pas à situer, ni à me rappeler le nom dès la minute suivante où le directeur de l'école me l'avait énoncé !
Décidément, Farang un jour, Farang toujours !
On mangeait dans le bus, au milieu des chants des instituteurs qui s'en donnaient décidément à cœur joie, ça bastonnait dans les basses, tellement d'ailleurs que sur notre passage tous les gens de bord de route arrêtaient leur activité pour regarder le convoi passer, sourire pour certains, rire pour d'autres et même quelques uns se mettant à battre des mains en mimant une danse de molam tous en sifflant en roulant les rrrr, enfin, je pense, du moins pour ce petit cri spécifique lié de très près au molam car on ne pouvait certainement pas les entendre, entourés que nous étions de la musique et des chants des instits' grâce aux trois micros misent à leur disposition !
On rebroussait donc chemin et après encore deux arrêts-pipi nous arrivions au temple de Pa Thewapithak Pracha Bamrung (j'ai fait des recherche depuis et donc, pas facile de se rappeler du nom au premier coup, non ?) situé sur la route de Kalasin à la sortie de Roi Et, et non dans Roi Et, grrr... !
Un temple réaménager depuis peu de temps, temple " pédagogique " où les préceptes du Bouddha mais surtout l'exposition de la tradition, voire la bonne morale thaïe, celle qui dit ce qui est bien ou mal, ce qui est bien différent de la pensée du Bouddha, n'est ce pas ?
Donc un temple qui décrit une "certaine façon de se comporter en bon petit thaï", grâce à des statues, certaines scènes sont animées mais surtout il y a des urnes où l'offrande est la bienvenue, et alors lorsque la pièce tombe dans la boite, un haut parleur explique " ce qui est bien et ce qui est mal "...Je ne vous explique pas, lorsque tous les mômes, pas seulement les nôtres de gamins, car les bus de Phra nam Yoï suivirent le même itinéraire que nous, mettent des piécettes en même temps dans toutes les urnes, le brouhaha que cela peut faire...
On peut alors dire dans tous les sens du terme, un vrai bourrage de crane !
L'organisation est parfaite, puisque pour faire de la monnaie, un
stand de la croix rouge est là qui récupère bien-sur sa commission !
Ce temple qui méritent un article à lui tout seul que je vous ferai partager plus tard, fut celui où les instituteurs décidèrent que nous " luncherions " ; encore !
Décidément, on arrête jamais de manger ? Mais cela fait aussi parti du fameux esprit " sanook sanook " ; rire, chanter et manger ! Tangmoo et moi avions déjà tout manger notre riz et annexes mais les instits' avaient tout prévu ; ils sortirent donc les glacières et les récipients à riz gluant et installèrent le tout sous un hall du temple prévu à cet effet ; Poulet grillé, œufs durs et Pla la et le tour était joué ; même si la plupart n'avaient plus faim, après leur pique-nique et les saloperies des 7/11 ingurgitées dans la matinée, tout le monde mangea avec joie ! On digéra en continuant la visite du temple qui renferme un mini zoo où des bestiaux en tous genres, crocodiles, lapins, chats, putois, aigles, lézards, tortues, serpents, poules, paons, canards, cygnes, singes, iguanes et j'en passe, sont l'attraction favorite des enfants, même si leurs conditions de présentation et états sanitaires sont plus que douteux !
Les ados des bus qui suivaient notre bus me suivaient aussi au fil des parterres aménagés de ce temple pour me demander de faire des photos en leur compagnie, cela faisait longtemps que l'on ne me l'avait pas fait celle là ! Peut-être pensaient-ils que je n'étais qu'une figure inhérente du zoo...Ah Ah !
Nous regardions des photos sur l'origine de l'homme en ISAN
lorsque la pluie refit son apparition par forte bourrasque, les cornes du bus se firent entendre pour le rassemblement, et après inventaire satisfaisant des petiots, nous repartions vers la ville de Roi Et, toujours suivis de nos quatre bus d'ados, qui s'avérèrent être des élèves d'un collège de Ubon Ratchatani .
Nous allions rejoindre près du lac central de la ville, l'aquarium qui n'en a que le nom, gratuit pour les écoles, il est dans un état
déplorable, mais à force de passer devant sans jamais m'y être arrêter, je me suis fait une idée précise de l'endroit...Cela ne vaut pas le détour et les gamins qui commençaient à en avoir ras la coupe des visites, firent le tour si vite que nous repartions vers notre village...Il était tout de même déjà presque 5 heures...Notre bus fit retentir son klaxon digne de la corne de brume du phare d'Eckmüll et les quatre autres bus suiveurs répondirent dans un déferlement de sons qui annonçait notre séparation définitive !
Le bus enquilla la route vers Sélaphum, mais à la demande générale, un dernier arrêt dans une station PoToTor des abords de Roi-Et fut implorer par tous ! Il fallait faire le dernier temple de ce voyage, celui de la consommation, dévaliser une dernière fois un 7/11, y laisser ses derniers baths pour ensuite rejoindre Ban Pangkhan l'esprit tranquille, les poches vides, des poches plastiques remplis de chips, chocolats et autres victuailles qu'au village, on ne trouve que très rarement ; il est vrai qu'au village nos 7/11 sont plutôt à l'image de celui-ci !
Musique toujours à fond et chanteurs invétérés nous finissions notre périple dans une fatigue extrême...
Cela faisait 11 heures que nous y étions, les enfants s'endormirent pour la fin du voyage, nullement dérangés par les prouesses " karaokesques " des adultes, sacrés bouts en train d'instits', jamais fatigués...
La nuit tombait lorsque le bus nous déposa devant l'école de Ban Pangkhan, les familles éplorées, restées au village, nous attendaient avec des parapluies, les enfants distribuèrent les petits cadeaux à ceux qui n'avaient pas eu la chance de participer à cette fête, cette débauche de " sanook sanook ", un moment inoubliable, un joie sans nom ; sur onze heures de voyages, jamais un enfant ne se plaignit de la longueur du trajet, car en tout, nous avions fait presque sept heures de bus, une patience à tout épreuve, déjà, si petit et pas un pet de travers...
Et moi dans tout ça ? Comment le farang-ISAN a supporté cette balade tonitruante ? Bah, mis à part avoir la tête comme une pastèque à l'arrivée, mais je ne devais pas être le seul dans cet état, j'ai adoré, "S a n ook s a no o k" ! Épuisé certes, et je me disais :
Quand est-ce qu'aura lieu la prochaine sortie scolaire ?
Oui oui, j'en serai, cracher jurer, j'en veux encore et encore si l'on veut bien encore de moi, bien-sur !
Paille Kheundheu...
