La gazette de Ban Pangkhan (10). Du 19/02 au 17/03/2012.

Publié le 17 mars 2012 par Jeffdepangkhan @jeffdepangkhan

Cette fois-ci le numéro dix de la gazette de Pangkhan, on pourra le dire, arrive plutôt rapidement ! Même pas un mois depuis le numéro 9. Ce n'est pas que l’actualité serait trop chargée, ne rêvons pas ou espérons le, la vie au village reste et restera paisible et c'est d'ailleurs pour cette raison que j'y suis depuis plus de dix ans et y resterai encore longtemps...Alors pourquoi tant de précipitation ?

La première raison est notre future visite annuelle dans l'hexagone, avec la petite famille, en effet nous partons pour un peu plus d'un mois au pays de la cervoise et de la galette de blé noir, pour faire court, la Bretagne et ses banlieues limitrophes.


Mais la deuxième raison est que lors de la dernière pleine lune,le 7 mars, ce fut le jour du Makha Bucha (punja), jour du premier prêche de Bouddha au sein du parc aux cerfs, à Sarnat près de Bénarès, suite à ce sermon, ses disciples sont partis sillonner toute l'Asie afin de prêcher à leur tour, la parole de Siddhartha[...]

 Au village, comme ailleurs en Thaïlande, on se rassemble au temple, un moment où la communauté se resserre...Mais cela est aussi le départ de nombreuses cérémonies d'ordinations de moines( « tham bouat ») et de jour d'offrande aux défunts (« tham boun katin »). Cette année, la famille n'est pas en reste, et cela méritera donc un article complet à paraître la semaine prochaine...


Un mois s'est donc écoulée depuis la dernière gazette de Pangkhan et l'hiver est bien restée dernière nous, même si ces derniers jours nous connaissons encore(au mois de mars « ça va pas ! »)des matins frais et quelques bestioles, surprises par cette fraicheur en ont donc profité pour s'inviter à la maison !


Sympathique, non, cette scolopendre?Ma matraque en bambou tient la forme...

Nous avons connus les premiers gros orages qui ont permis aux villageois de tester les toitures pour la future mousson ; on entend donc taper du marteau un peu partout au village. Les courageux sont montées sur les tôles ondulées pour ajuster ou remplacer certaines, le matin ou en soirée, car nous avons connu nos premières journées à plus de 40 degrés... La saison chaude est là, nous annonçant Songkran, la fête de l'eau, le nouvel thaï et ceci dans un petit mois.

Le mois écoulé aura permis de présenter trois nouveaux articles « nostalgiques » dans la continuité de l'article paru début janvier « Il était une fois en ISAN », suite à la découverte dans un vieux placard de vieilles photos oubliées :

Mes premiers pas en ISAN (première partie), (deuxième partie) et dernièrement, une thaïlandaise en France.

La fin de l'hiver aura eu un effet sur les potes, ils ont du repartir travailler en Europe alors on s'est fait une belle série de bonne bouffe dont je vous épargnerai les détails, mais les gâteaux au chocolat( il faut bien finir les restes)ont bien plu à Tangmoo !


Le 19 février fut aussi la cérémonie des remises des récompenses aux élèves méritants. En effet « tonton d’Amérique »est arrivé avec sa mallette remplie de baths ! Il est né à Pangkhan mais il fait surtout parti d'un groupe de moines qui furent dépêchés dans les années 80, par le roi de Thaïlande pour aller construire aux quatre coins du monde des temples où de fortes communautés thaïes demeurent. L'oncle de Oy, le jeune frère de son père fut donc l'un d'entre eux et participe grâce à de nombreux dons de la part des « américains »à l’amélioration du temple de Pangkhan, grâce à une sorte de jumelage.

Ici la plaque commémorative de l'inauguration du bâtiment de retraite des moines qui aura tout de même couté près de quatre millions de baths,

mais aussi les rues du village , de nombreux matériel à l’école voire la réfection des bâtiments, mais surtout des étudiants qui grâce à ces donations peuvent poursuivre des études dans les universités en Thaïlande même à l’étranger pour une fille du village. C'est pour les gamins du village est une sacrée opportunité ! Tan a eu « son petit billet de 1000 », la plus grosse enveloppe de 80000 baths allant pour une future médecin...J'allais donc au temple pour rencontrer


PHRA VIDESDHAMMAKAVI,

Ajahn Maha Prasert.

J'avais discuté avec lui il y a quelques années et cela fut un bon moment...Ce coup-ci, le 19. il brilla une fois de plus par son absence, il est très pris par le temple de BUDDHANUSORN à Fremont, Californie dont il est l'instigateur et désormais l'honorable. Il est aussi par monts et par vaux , ses obligations bouddhiques internationales ainsi que sur le territoire thaïlandais bien-sur ne lui laisse que très peu de temps pour Pangkhan...Et pourtant, où je m'attendais le moins à tomber sur lui, je l'ai rencontrer hier, par hasard, je venais au temple du village, chercher les ustensiles de cuisine pour la cérémonie d'ordination des moines de la famille et nous avons pu parler et échanger quelques mots. Il m'a promis du temps, un jour prochain, pour me raconter sa vie monastique qui commença à l'age de six ans dès le début des années 60 à Pangkhan, se poursuivant dans la capitale puis à l'international...Un parcours à la « Prem », personnage principal du roman plus ou moins autobiographique de Pira Sudham, « Terre de mousson » !

Durant le mois écoulé, il y eu aussi une « cérémonie du nom », une sorte de « baptême » pas très courant voire discret au village. Au quarante troisième jour après la naissance, on attribut un nom à l'enfant , pourquoi 43 jours ? C'est le temps nécessaire à l'esprit d'un défunt à se réincarner dans un corps vivant sur terre...


Ahn Phrao,le fils de MAC, le jour de l'attribution de son nom...

Il n'y eu aucun décès, ce qui est assez rare, ce qui est tout à fait justifié de le signaler...

A la suite de la nouvelle lune de fin février, correspondant à l'ancien nouvel an bouddhique et donc thaïlandais , on suivait alors le calendrier lunaire, on eu le droit à la deuxième saison des mariages. Je rappelle que l'autre saison se passe à la suite de la fête du Loy khatong vers la fin novembre... Il y eu donc cinq mariages en moins d'une semaine, quatre plutôt traditionnels sur lesquels je ne m'étendrai pas, j'y ai déjà des articles. Je vous met donc les liens des articles que j'avais fait du mariage de Mac :


Le mariage de Mac, les fiançailles, l'engagement.

Le mariage de Mac, la veille du grand jour.

Le mariage de Mac, le grand jour.

La tendance depuis ces derniers temps est par contre le mariage « m'as-tu vu »...On voyait plutôt cela lors de mariage mixte(farang- thaï), mais cette mode tend à s'étendre au mariage ISAN-BANGKOK.


A trois maisons de chez moi, la fille de la maison se mariait avec un gars dont la famille est de Bangkok, mais de lointaine origine ISAN (surement pas depuis longtemps) mais étant de KHRUNG THEP tout de même, la famille du futur marié a du payer surement plus cher et alors pour le jour du mariage, on a fait appel à un traiteur qui arrive avec ses tables rondes et nappes rouges et son sempiternelle repas plus ou moins thaïs avec accent farang(pour la saucisse et les « cahuettes »)...Whisky « Blend-je-ne-sais-pas-quoi » et bière Leo. Mes voisins, les soulins, sont alors souvent perdus, «  Bo mi Lao Khao, Bia Chang, Lap nua kap ruak( bœuf haché cru au sang frais), Khao gniao...men boa ? » Heureusement, derrière une meule de paille de riz, les irréductibles s’étaient réunis, pour ripailler et fêter cette union comme elle se doit...De nombreux convives de Bangkok s’étaient d'ailleurs invités derrière cette meule de paille, comme quoi les villageois s'encombrent d’à priori inutile...

La différence entre l'ISAN et la cité des anges est certes grande et le complexe d’infériorité de mes congénères est encore bien ancrée ! Il est vrai que cela fait tellement longtemps que les gens de la ville(pas les nouveaux arrivants issus la plupart de l'ISAN) montrent leur dédain envers les paysans, alors même si cela change dans le bon sens, ce n'est pas encore la panacée...Je leur dis souvent, à mes potes, d'affirmer haut et fort leurs traditions même si certaines ne sont pas les meilleures qui soient, mais elles font parties d'un tout dont chacun, ici, devrait être fier ! Il est temps de ne plus courber l’échine...

Après ce léger emportement, je terminerais sur les mariages avec ce qu'on en fait la veille...En effet on peut louer une sono et son ordinateur avec tous ses fichiers karaoké MP3 et pourquoi pas avec l'option « grand écran » pour visionner le clip...

Alors si vous avez survécu lors d'un séjour au village, aux chants des coqs pouvant surgir à tout moment de la nuit( de la journée aussi d'ailleurs),

  

aux aboiements intempestifs des chiens,

aux annonces des haut-parleurs, émanant du « pouyaban (le chef du village) », dès cinq heures trente du matin ;

  

Je n'ai pas pu résister à vous montrer la maison du chef du village à deux années d’intervalles, deux années à la tête du village, eh...Ça rapporte ? No comment !

Donc je reprends, si vous avez résisté à tous ces désagréments et enfin à celui du karaoké lors de la soirée de l'avant mariage déversant ses basses faisant trembler murs et vitres, orgue au son métallique, boite à rythmes insipide, et les voix, ben oui, les filles, les voisines qui se lancent dans la chansonnette dans des demi-notes voire des notes entières en dessus ou en dessous du juste ton, alors si vous résistez à tout ça, si vous réussissez malgré tout à vous endormir alors, vous pourrez prétendre à votre visa long terme, « BAN ISAN » ...Welcome à Ban Pangkhan

On va donc pouvoir terminer notre gazette avec une sorte d'anecdote qui n'en est pas vraiment une...

Je voudrais la dédier à Jean Yanne. « Je hais les départementales, je ne prends jamais les départementales... », phrase mythique de son sketch,



LE PERMIS DE CONDUIRE

En 2001 lors de l'acquisition de mon pickup Tiger 3.0 Toyota, j'ouvre d'ailleurs une parenthèse pour dire bye bye à ma « titine » que j'aurai vendu à la publication de cet article, 230 000 kilomètres, de bons et loyaux services sans problèmes majeurs, mais il était temps de profiter de quelques modernismes, à suivre...


Donc lors de l'acquisition de ce véhicule, je commençais à conduire avec mon permis international mais sachez le, après trois mois de conduite sur le territoire thaïlandais, votre permis internationale pourra être considéré comme obsolète...Cela n'arrive jamais, mais c'est la loi...Présentez votre permis international lors d'un contrôle et la plupart du temps le flic ne saura pas laquelle des pages regarder et devant son ignorance, il vous laissera partir pour ne pas perdre la face...

Enfin je roulais ainsi jusqu'en juin 2002, date où mon permis arrivait à expiration et je me mis en quête du permis thaï, du la transcription du permis « farang », le permis national en permis de conduire thaïlandais...


Ce fut facile et les papiers sont encore aujourd'hui les mêmes à fournir pour l'acquisition du sésame:

Justificatif de domicile (fait pas l'ambassade puis traduit en thaï ou auprès de votre immigration bureau), Photocopie du passeport, page d’entête et page où le visa long terme est tamponné, de toute façon il vous faudra pouvoir présenter l'original,

Un certificat de bonne santé, l’hôpital du coin vous le fournira( bay phèt poua tham bay kap khi)et bien-sur

Votre ancien permis et sa photocopie. A l’époque, je payais 505 baths et après un examen comme quoi je n’étais pas daltonien, je repartais avec le sésame pour une année...A la date anniversaire, pas un jour avant ni un jour après, je revenais avec les mêmes papiers fournis un an plus tôt et après une fois de plus avoir débourser 505 baths, je partais avec un permis de conduire pour cinq ans...

J'avais jusqu'à la date de mon propre anniversaire, cinq ans plus tard et donc quelques mois pour renouveler ce permis...Lorsque la date propice arriva en mars 2009, je refis les papiers (sans le permis français mais avec le permis thaï) et je présentais le tout avec mon ancien justificatif de domicile...Le chef refusa et me dit de prouver où j'habitais. Je montrais mon passeport avec la ribambelle de prolongation de visa, mais il fut intransigeant...Je repartais de Roi-Et vers Sélaphum, vite fait et je demandais au Colonel du commissariat de police de me faire un papier. Il me connaissait et contre une bouteille de whisky, il me fit un papier comme quoi j'habitais bien à l'adresse indiquée sur mon permis de conduire thaï, le tout signé et tamponnée . Je repartis, content de mon papier, sur de moi, mais le fonctionnaire refusa et me dit d'aller à mon immigration ou à mon ambassade etc...Merde alors, je n'avais pas envie de me taper soit trois cents kilomètres pour Mukhdahan voire sept cents pour Bangkok et malgré la supplique, même appuyée de « bonne volonté »(baths baths), le refus fut CATEGORIQUE...Sachant que je retournais bientôt en France, je me dis que j'y ferai de nouveau un permis international...

Depuis je roulais en tout illégalité avec ce permis, alors le premier mars je décidais de refaire un permis thaï pour un an puis cinq ans mais pas a Roi-Et où le refus fut prononcé trois ans auparavant mais à Yasothon, la province d’à coté ; moins de farangs, moins de monde qu'à Roi-Et, plus facile, peut-être ?

Je partais avec tous mes papiers, les mêmes qu'il y a 9 ans , mais actualisés( ben ouais tout de même, faut pas exagérer !). Je présentais donc mon ancien permis thaï périmé (erreur) au lieu de mon permis français ou international, tous les certificats requis et mon passeport. Le chef me demanda d'office trois cents baths... ? Ça commençais bien...Mais je comprendrais plus tard. Je remplis les papiers nécessaires et partais pour une heure de cour de code, de clip où tous les participants dorment plus ou moins, en écoutant à peine, un jeune flic faisant son travail à cœur. Durant la séance, portable et lecteur MP4 étaient de mise...Enfin n'importe quoi ! Ensuite on m’appela avec d'autres puis après les salamalecs du jeune flic avec qui j'avais taillé le bout de gras, je fus propulsé dans une salle d'examen avec machinerie électronique ! Je me suis demandé, « mais qu'est-ce-que-c'est qu'ce bins » ! Je compris vite. Je repassais le permis, en effet je n'avais pas présenter le permis français ou international et mon permis thaï étant périmé, je devais tout refaire depuis le début tel un thaï...Je me dis alors, « pas de lézard, trente questions, pas plus de sept erreurs, c'est à ma portée ! Men boa ? ». Je m'installais derrière la machine, ma carte magnétique enclenché, et surprise l'examen était en thaï...Bô bô bô , « hep monsieur, peut l'avoir en anglais ». Il reprogramma ma carte et je débuta l'examen, les questions me semblèrent faciles même si quelques questions me parurent ambigües...Je répondis rapidement (TROP VITE SUREMENT) et je validais...  « Merde onze fautes ! »...J’interpellai le chef , « Oui mais je suis français, pas anglais, vous comprenez(faux-cul va )! »et il vint, prit ma carte, la reprogramma, me dis de le repasser mais en thaï avec l'aide de OY. Je me dis que cela n'allait pas être bonbon, vu que Oy ne conduit ni voiture, ni motorbike...Enfin on s'appliqua, on s'engueula pour ce qu'elle n'arrivait pas à traduire etcétéra...Trente minutes et trente questions plus tard je validais de nouveau et..."Mazette ! ONZE FAUTES...P...Je suis nul..."Me dis-je ! A ce moment il était déjà midi passé, j'étais alors tout seul dans la salle d'examen, les autres étaient déjà tous partis, avec leur sésame ou non je ne sais pas. Le chef ne s’énerva pas et me dis de recommencer après une ultime programmation de ma carte, il me dit simplement de ne pas valider avant qu'il ne revienne dans la salle... Je recommençais et après vingt minutes il revint, vérifia toute mes réponses, en modifia trois (je pense, tellement il allait vite), et il valida...  « OUAIS UNE FAUTE ! »m'écriai-je ...Il me dit que je l'aurais eu de toute manière mais que là, ça faisait mieux pour ses collègues qui m'avaient vu échouer...Je me dis alors que cela allait me couter quelques billets cette histoire et surprise , non non, les trois cents de départs étaient donc « mon assurance permis ». Après une courte pause déjeuner obligatoire, je revenais, je payais 505 baths comme il y a dix ans, je prenais une photo numérique pour 105 baths (nouveauté) et là, sortit d'une machine des plus moderne reliée un ordinateur, mon permis de conduire sur carte magnétique apparu et surprise... Pour cinq ans de validité !


Je pensais n'obtenir qu'une année de permis mais du coup je pourrai donc conduire jusqu'en 2560-2017

La prochaine Gazette de Ban Pangkhan sera publiée désormais dès notre retour de France au début du mois de mai...

Je laisse des correspondants sur place qui me garderont l'information et les potins bien au chaud dans la saison chaude...

Paille Kheundeu...

de la rizière qui est toujours aussi verte


« Une thaïlandaise en France !
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