Les musées de Berlin sont si exceptionnels que nous ne pouvons pas nous empêcher de nous sentir frustrés. La ville n’abrite non seulement son propre îlot (celui des musées) mais les musées sont répartis dans d’autres espaces dotés d’une qualité de vie exceptionnelle. C’est le cas de l’Hamburger Bahnhof, qui ne se situe pas dans l’îlot des musées, ce qui ne l’empêche pas pour autant d’être un musée extraordinaire (rien avoir avec les musées provinciaux). Il s’agit d’un Centre d’Art Contemporain où l’on expose (en mélangeant les genres et en enfreignant les lois) aussi les manifestations artistiques des dernières décennies que les artistes contemporains. L’histoire de l’Hamburger Bahnhof (littéralement la Gare Ferroviaire d’Hambourg) connaît les mêmes vicissitudes que cette métropole. Dans un premier temps, les voyageurs de la ligne Berlin-Hambourg pouvaient être hébergés au sein de cette gare. Plus tard, elle devient un Musée du Chemin de Fer. Abandonné à son sort durant la Guerre Froide, le musée ouvrit à nouveau ses portes au public en tant que Centre d’Art Contemporain pendant plus de dix années. Ces événements (expositions, rencontres, concerts, conférences ou tables rondes…) se suivaient les uns après les autres jusqu’à la démesure.
Les artistes illustres fréquentaient ce haut lieu de l’Art durant le XXe siècle. L’exposition sur Joseph Beuys (1921-1986) est ouverte jusqu’au 1er janvier 2012. Il est le dernier représentant du groupe d’avant-garde: Fluxus, formé d’artistes hétérogènes liés à la poésie visuelle, aux performances, aux installations et aux nouvelles propositions musicales (basées sur le silence et sur les rythmes orientaux) du nord-américain John Cage (1912-1992). Bien que le off soit en allemand, ne manquez pas cette vidéo, puisque l’on appréhende l’univers artistique particulier de ce créateur visionnaire, multifacette et, qui plus est agitateur social.
L’exposition de l’Hamburger Bahnhof intitulée 8 jours au Japon et l’utopie en Eurasie nous présente un Joseph Beuys en tournée au Japon faisant la “promotion”, à travers des tables rondes, des concerts, des conférences, des installations et des performances, une fraternité globale en quelque sorte. L’artiste, très engagé dans des projets de pacification et de respect envers l’environnement, il mettait en évidence les différents moyens de communication de l’art (d’où son obsession pour les interventions sur la voie publique) et croyait que le “salut” était possible que si l’on réunissait la cosmovision et le rationalisme de l’Occident au subsonscient de l’Orient. Dans ce sens, une de ses conférences mettait en garde contre les dangers de l’énergie nucléaire. Souvenez-vous de la tragédie de Fukushima. Voici le lien où vous pourrez trouver toute l’information pratique sur cette exposition: http://www.hamburgerbahnhof.de/exhibition.php?id=29818&lang=en.