Il est triste de constater que dans notre civilisation et époque les uniques drogues autorisées légalement soient celles qui engourdissent le plus les sens et l’intelligence. Sous des devises absurdes et hypocrites (est ce que ce ne sont pas des drogues—et nombre d’entre elles très dures, s’il n’y avait pas un sens quelconque avec un minimum de rigueur intellectuelle à faire la célèbre et tendancieuse distinction entre drogues dures et douces—le tabac, l’alcool, le café, le thé, les médicaments….?) comme l’exige la tolérance zéro envers tous types de drogues, non seulement nous condamnons à un stigmate social injuste et inutile une bonne partie de la population mondiale, insultant au passage l’Histoire et l’intelligence humaines, mais nous privons également de la possibilité d’accéder à un contrôle minimum de qualité les personnes qui, en libre exercice de leur volonté et facultés mentales, décident de consommer les substances interdites, ce qui cause chaque jour des milliers d’accidents tragiques parfaitement évitables.
Comme si toute cette absurdité ne suffisait pas, le fait est que les politiques prohibitionnistes aiment porter atteinte au droit de chaque individu de décider librement de ce qui concerne seulement les frontières de son propre corps et nous éloigner de la possibilité de construire et d’accéder à une culture nécessaire envers les manières dont notre organisme réagit face à certaines substances existantes, non seulement cela n’a pas solutionné le soit disant “problème de la drogue” (les drogues continuent à être consommées massivement dans le monde entier) mais nous pouvons affirmer qu’elles ont précisément été les responsables de sa création. Il est possible d’argumenter que c’est précisément depuis qu’existe la prohibition qu’existe un problème social avec les drogues, et non le contraire. Mais naturellement la prohibition permet de financer des armées, des psychologues et des corps entiers de police et de fonctionnaires dédiés en réalité à la répression sociale tandis qu’avec l’argent obtenu illégalement à travers son trafic adultéré et illégal se blanchissent d’énormes fortunes qui servent à financer des politiques de gouvernements partout dans le monde.
Comme le démontre son étymologie et son usage dans de nombreuses langues modernes, le mot drogue, loin d’être le mal incarné, signifie lui-même médicament, quelque chose qui peut nous causer autant de bien que de mal, dépendant exclusivement de son usage, pour lequel le prohibitionnisme nous empêche d’acquérir la culture nécessaire.
La Coupe du Cannabis d’Amsterdam, qui se fête cette année du 20 au 24 novembre, coïncidant avec les fruits de la récolte saisonnière (http://cannabiscup.com/), a la double intention de divertir et d’informer pacifiquement sur ces sujets dans une ville qui depuis des décades est un modèle de respect social, tout en contrevenant la législation à ce sujet, en relation avec la consommation responsable de la marijuana et du hachich, substances qui loin d’engourdir le jugement sont capables d’agir comme d’efficaces instruments thérapeutiques au moins par rapport aux effets secondaires, et permettent d’ouvrir notre cerveau à des dimensions pacifiques, créatives, spirituelles et peu compétitives qui ne semblent pas bien rimer avec le rythme et le style de vie du capitalisme moderne.