Notre « expédition » avait du retard et le départ vers la rivière devait se faire par le premier bus. Dans la fraicheur du matin en compagnie de notre jeune guide, Prabin, nous traversions la ville en[...]
éveil. Les habitants, emmitouflés dans de grandes couvertures, la tête enroulée dans de longues écharpes se rendaient, soit à leur ablution matinal ou vers de petits temples, nichés dans les recoins de chaque rue et maison, pour y faire leur première prière du jour. Nous étions plutôt des extra terrestres pour eux, habillés en « trekkeur de l'impossible », avec nos gros sacs et notre matériel flottant conséquent. Les gens ne faisaient pas attention à nous ! Ils devaient en avoir déjà vu, en pagaille de « ces aventuriers » en quête de sensations alors que eux ne cherchaient qu'une seule chose , s’échapper de cette même montagne où la vie était rude, à la rendre moderne avec des routes et ne plus être obligés d’être de simples des bêtes de sommes portant sur le dos ce que un camion se chargerait si il avait la chance d'avoir une route pour aller dans leur village. La capitale népalaise se fermait pour les fêtes de Dipawali et nombreux étaient ceux qui retournaient dans leur village d'origine pour visiter leur famille.
Pour rejoindre « notre rivière », nous devions emprunter la route du camp de base
Arrivés à la gare des bus, le jour se levait, nous chargions notre bardas, énorme à l'appréciation du chauffeur, sur le bus... Prabin nous donna nos tickets, soit disant réservés , des tickets roses, je m'en souviens bien , dont tous les renseignements concernant le trajet étaient évidemment d'une écriture étrangère, ronde et inconnue qui me semblait être plutôt des hiéroglyphes, dont nous ne comprenions rien !
« Départ 6h30 » gueulait l'encaisseur-controlleur !
A 6h30, nous n’étions que nous ? Pas habitués à l'Asie, nous ne savions pas que nous ne partirions pas à l'heure. Installés dans un bus TATA(eh eh... toujours !) , les genoux comprimés dans des espaces entre les sièges très étroits, faits pour les népalais qui sont des personnes plutôt de petites tailles ! Sagement nous attendions et petit à petit, les passagers rentraient et s'installaient dans la rangée de siège de trois ou deux places assises ;cinq de front ! l'occidentale n'avait qu'à bien se tenir et ne pas avoir de problèmes de sur-poids. Le bus commençait à se remplir fortement et deux autres garçons de l’expédition, très grands(enfin plus grand que moi ) ont alors vite compris. Les népalais montraient leur ticket en expliquant qu'on était assis à leur place, on y comprenait rien, et par un système du jeu des chaises musicales, nous serions bientôt sans place assise ! Le plafond du bus culminant à un mètre cinquante, les deux filèrent sur le toit où, malgré le monde, ils réussirent à s'accroupir avec la population locale. Moi, m'amusant de la situation, je restais debout, comme un con, si si, il faut le dire, la tête penchée sur le coté et comprimée par devant et par derrière au milieu de l'allée du bus, par une foule profitant du festival des lumières pour rejoindre leur village .
Le bus s’ébranla tout de même, ne sachant plus quelle heure il était ! Pendant deux
La surprise fut totale lorsque nous avons vu qu'il y avait encore plus du monde qui avaient grimpés dans le bus, profitant de l’arrêt buffet. Désormais le bus
On verrait, le lendemain, l'armoire passée à dos d'homme, à flanc de montagne lorsque nous descendrions enfin « notre rivière ». Un reflet de soleil dans le miroir de celle-ci nous indiquerait qu'il avait réussi, le bougre, à sauver de l'écrasement son armoire! Enfin, le bus avait du mal à avancer, première , seconde, arrêt pour croiser d'autres véhicules descendant ou montant le col, je ne sais plus. Moi, toujours accroché, étalé c'est plutôt le mot, sur les népalais qui ne disaient rien, résignés, ils étaient, et pourtant même si j’étais plutôt mince à l’époque, je faisais mon poids ! Après la peur de glisser puis de tomber, la peur du passage du bus à ras du précipice, notre charrette à moteur s'immobilisa dans un grand fracas ! On venait de s'affaisser de vingt centimètres, un peu comme lorsque vous avancez dans un étang boueux et que tout d'un coup vous vous retrouvez avec de la boue au niveau des genoux alors que la seconde précédente vous n'aviez que les chevilles recouvertes de vase ! Cela a donc fait un « PATATRAC » ! Plus un bruit. Un doux silence après un cri de stupeur ! Ceux qui étaient les plus proches du bord sautèrent à terre(comme moi,enfin) et le chauffeur et le vendeur de billet,
Le bus surchargé avait plié. Quelques lames de ressort de la suspension arrière avaient cédé ! Alors là, il ne faut pas vous attendre à un bus de remplacement, il faut juste attendre qu'il reparte ! Enfin qu'ils retirent les lames de ressort défectueuses. Vous vous rendez compte du boulot : Soulever le bus, le caler avec les moyens du bord puis défaire les accroches de lames de ressort , retirer celles qui ne pouvaient plus supporter quoique ce soit, les remplacer par d'autres qui étaient ranger dans un coffre (cela devait donc leur arriver fréquemment alors?) puis virer un tiers du chargement et de ses passagers ! Après deux heures, je pense, nous pouvions repartir ! Nous doublions dans la montée, ceux qui avaient eux l'obligation, l'injonction de continuer a pied ,malgré tout , ils nous firent des sourires comme tout ce peuple qui n’arrêtait pas de nous sourire ! Même virés du bus ! Imaginez que cela nous arrive à nous français, nous aurions gueuler et j'en passe ! Moi j’étais content car je me retrouvais debout mais sur la plate forme arrière, légèrement à l’extérieur, le moment le plus confortable de ce voyage en bus. Il était 13 H00 lorsque nous arrivions sur le pont où le bus s’arrêta pour nous déposer nous et notre matériel, tous prêts à descendre « notre rivière » ! Les autres