Semaine 15 – Matin
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Cela faisait plus d’un mois que je n’avais pas participé au projet 52 de Du côté de chez Ma'... Me revoilà, un peu changée, le cœur cabossé.
Ces quatre dernières semaines ont été parmi les plus sombres de ma vie.
Nous avons perdu quelqu’un de proche, très proche.
Brutalement.
Injustement.
Il était si proche de nous.
Une rupture, une descente aux enfers, une dépression…
Et malgré tout l’amour que nous lui portions, malgré toute l’aide qu’on lui a tendue, ce n’était pas suffisant.
Puis ce SMS reçu au bureau.
Le genre de message qui fige le temps.
Celui qui fait trembler le corps sans que les larmes ne viennent.
Mon monde s’est effondré en silence.
J’ai saisi mes clefs et je suis rentrée chez moi.
Il a fallu l’annoncer...à mon mari ... son petit frère...s'en était aller rejoindre les étoiles.
Des mots impossibles à prononcer.
Un regard incompréhensif, puis l’effondrement.
Je suis allée chez lui tel un automate.
Les pompiers.
La police.
Son médecin.
Les premières condolèances.
Des visages inconnus, des regards lourds de questions.
Et ce courrier…
Celui reçu quelques semaines plus tôt qu'il nous avait demandé de ne pas ouvrir.
Celui que j’ai pris machinalement en partant, sans vraiment savoir pourquoi.
Je ne l’avais pas lu. Je ne pouvais pas. Pas encore.
Puis l’interrogatoire au commissariat.
Les heures qui s’étirent.
En sortant du commissariat, j'étais tellement perturbée que je ne retrouvai plus ma voiture, impossible de savoir où je l'avais garé.
J'étais frigorifiée, perdue dans une ville que je ne connaissais pas.
De retour à la maison, il nous a fallut annoncer l’impensable à notre fille.
Pleurer, sans réaliser.
La nuit est passée, étrange et suspendue.
Le matin suivant, nous nous sommes réunis tous les trois sur notre canapé.
Mon mari et ma fille m'ont demandé de lire cette lettre.
Sa dernière lettre, ses dernières volontées.
Et là, les digues ont lâché.
On a pleuré. Ensemble. Longtemps. Trop.
Les jours suivants ont été faits d’attente.
Il a fallu préparer son au revoir.
J’y ai mis tout mon cœur, chaque détail devait lui ressembler.
Et c’est le 20 mars, le premier jour du printemps, que nous l’avons accompagné pour la dernière fois en musique.
Lui qui adorais tant danser et chanter, il fallait de la musique pour ce dernier moment avec lui...Mon jolybrother, comme je l’appelais tendrement.
Le ciel ce jour-là était… incroyablement bleu.
D’un bleu pur, presque irréel.
Le soleil brillait comme s’il voulait nous envelopper.
La musique adoucissait nos sanglots.
Et dans cette peine immense, il y avait aussi… tellement d’amour.
On s’est serrés.
On s'est serrés fort. Tous.
Depuis ce jour, nos matins ne sont plus les mêmes.
Ils ne le seront plus jamais.
Ce billet participe au Projet 52 organisé par Du côté de chez Ma. Plus d'infos ici