Café du matin #12

Café du matin

#12

Le café a un goût amer. Je n’ai jamais vraiment aimé les premiers jours de l’année, et encore moins les premiers jours de reprise du travail, et certainement encore moins le jour de la rentrée, une fois que les fêtes sont passées, que la lumière s’est éteinte et qu’on retrouve les éclairages crus et impersonnels des chambres d’hôpital que sont nos bureaux, quand on n’en prend pas réellement soin.

Le goût du café est amer. Il a le goût de la solitude des premiers jours de janvier, le goût déjà perdu des jours passés au chaud, dans la tendresse et la chaleur des jours d’un intérieur chaleureux, il sent le vent trop fort, la pluie qui tombe par sacs entiers et le ciel plombé de masses vaporeuses qui ne laissent pas un seul instant présumer de ce qui peut se passer derrière.

Il a un goût amer ce matin, sans que je sache vraiment trop pourquoi, mais je n’aime ni ce café, ni ce matin, ni cette journée, ni rien de ce qui se passe jusqu’au coucher du soleil. C’est un jour sombre et maudit, un jour que la nuit n’arrivera peut-être pas à effacer. Un jour à effacer de ma mémoire qui déjà est beaucoup trop sélective.

Une première journée à vous dégoûter du café. Ce matin, le soleil a pointé le bout de son nez, mais il laisse mon cœur froid.