Après une pause à cause de la neige, ce truc tout blanc, froid et mouillée que les humains ont bêtement répandu partout, Millicent reprend l'éducation des foules poulaillères avec un point très important: le coucher.
Il ne s'agit pas de grimper n'importe comment dans le poulailler, un peu de tenue. Déjà, il faut attendre la bonne heure pour aller se coucher, c'est à dire jamais la même que la veille, pour mieux embrouiller les humains (ça leur apprendra à mettre de la neige par terre). D'accord, il faut attendre qu'il fasse un peu sombre, mais c'est très variable. On peut aller se coucher à 17 heures un jour et refuser de rentrer dans le poulailler le lendemain à 18h30. C'est encore plus drôle si il fait nuit noire. Il est aussi impératif de surveiller la météo: en cas de petites averses intempestives, il faut attendre que la pluie recommence avec de monter se coucher, ça fait plaisir aux humains de se mouiller pour venir fermer le poulailler. En tous cas, ça les fait caqueter plus fort.
Mais le plus important, c'est la procession du coucher: on laisse Nestor s'agiter devant comme si c'était lui qui décidait, jusqu'au pied de la rampe. Imogene et Philomène, ces Dupont et Dupond de la volaille, n'ont rien compris, et elles suivent puis montent directement en se poussant l'une l'autre. C'est là que Nestor commence à piquer des sprints entre la mangeoire et la rampe pour faire rentrer celle qui ferme la marche, c'est à dire Millicent. Eh bien, elle n'approuve pas toute cette agitation. C'est affreusement désordonné. Un peu de décorum. Millicent ignore somptueusement le coq et prend son temps, à petits pas dignes pour aller vers la rampe pendant que l'autre cretin sautille sur place. Puis elle laisse passer Nestor, elle est polie, elle. Et enfin, elle grimpe sur la rampe, avec grâce et hauteur de crête. Ou en se plantant la tête la première dans le derriere du coq qui s'est arrêté sur le pas du poulailler, mais ça n'est pas le sujet.
Ensuite, on s'installe, en tas, dans une volée de plumes diverses, au milieu de la paille. Les humains n'ont rien compris, si on se marche dessus ou qu'on s'assoit par hasard sur la tête de Imogene, c'est amical. Nestor, qui fait son malin dehors, retombe en enfance et tente de se faufiler sous l'aile de Millicent, la reine mère. Philomène, toujours distraite, se retrouve avec la patte de Imogene dans l'œil, mais au moins, on se tient chaud. C'est là que l'humaine ouvre la trappe et laisse un courant d'air envahir la chaleur du poulailler. Mais il ne faut pas lui en vouloir, c'est un moment important du rituel du coucher: l'humaine en profite pour caresser tout le monde. Et ça, c'est bien agréable, et c'est n'importe quoi de se précipiter vers sa main comme dans une mêlée de rugby! Nestor se rue devant, il ronronne pratiquement, Imogene et Philomène qui n'appréciaient pas du tout au début et se méfiaient, viennent chercher leurs petites caresses aussi maintenant. Mais c'est pas une raison pour se comporter comme une bande de malappris. Un peu de tenue devant l'Humaine, chacun son tour et de tout façon, Millicent sait très bien qu'elle est la préférée et que même si elle passe en dernier, c'est elle qui a le plus de caresses. Non mais.
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