Nous avons passé la journée dans ce musée absolument extraordinaire. Allez voir sur les différents onglets de leur site pour avoir une idée :
https://www.calicomuseum.org/visiting-the-museum-galleries/
Comme il est interdit d'avoir un appareil photo ou un téléphone, vous aurez les photos du site qui sont très bien !
Nous avons sagement réservé plusieurs jours à l’avance par internet nos deux places au Calico Museum d’Ahmedabad, comme demandé sur le site. Et il faut bien le faire en avance et attendre l’accord donné par mail la veille au soir. Sinon, pas question de rentrer, pas de dérogations possibles, même en pleurant à chaudes larmes. Vingt personnes maximum le matin, autant l’après-midi et la visite commence à l’heure, tant pis pour les retardataires. Les visites sont gratuites. A chaque fois deux heures d’admiration devant des chef-d’œuvre de broderie, de tissage, de teinture, de peinture sur tissu, de décoration d’une délicatesse absolue.
C’est toujours la même dame qui fait la visite, depuis des années, à savoir au moins quinze ans. Elle est toujours aussi abrupte dans son contact avec les gens mais toujours aussi passionnée par son travail.
Le Calico Museum est, pour ma part, le plus beau musée que je connaisse au niveau textile. Une véritable merveille, dans une demeure extraordinaire avec un parc qui l’est tout autant, des bassins, des paons, de la verdure partout et ceci en plein centre d’Ahmedabad.
Nous sommes obligées de faire la visite rien qu'avec nos yeux et nos oreilles, nos jambes aussi car il faut en grimper des étages et traverser des couloirs et longer des galeries ! Pieds nus car il convient de laisser ses chaussures à l'entrée, comme dans toute maison indienne qui se respecte.
Cet état de simplicité et la faible lumière qui règne dans tout le musée afin de respecter au mieux les couleurs, les tissus pour une conservation idéale font que le regard s'adapte petit à petit. Les explications de notre guide passent du discours traditionnel à une sorte de transe quand elle décrit les tissus où sont représentés Krishna et son aimée Radha. Elle désire tellement nous faire comprendre cette beauté, cet amour de l'art textile quand il s'adapte à des scènes touchant les dieux que nous comprenons que ces gens qui brodent ou peignent depuis plusieurs siècles de telles merveilles sont directement connectés à un état de grâce indicible, sinon comment pourraient-ils utiliser des aiguilles aussi fines, faire des broderies aussi délicates et précieuses, y passer des jours et des nuits, créant leurs motifs sans avoir de modèles, laissant aller leur inspiration et leurs fils d'or et de soie courir si prestement sur le tissu ?
Belle leçon d'humilité et d'amour du travail parfait que nous donnent tous ces artistes inconnus. Combien d'hommes, combien de femmes, combien d'heures, de jours, de semaines, parfois d'années à créer de pareils trésors ? Et que nous pouvons admirer tranquillement aujourd'hui, deux cents ou trois cents ans plus tard...