Vendredi 20 octobre 2023
Grâce à notre discussion hier avec Céline, une infirmière qui tient un dispensaire à Bénarès, nous allons voir l’association Guria India qui s’occupe aussi des questions de trafic sexuel sur Varanasi.
Le rickshaw trouve assez facilement une maison dans une petite ruelle. On nous fait entrer, visiblement la maison est bien surveillée et Mi me fait remarquer les caméras video.
Nous commençons à dire pourquoi nous sommes ici, nous attendons un peu dans l’entrée, puis on nous fait entrer dans le bureau du directeur.
Dans le couloir des piles impressionnantes de dossiers prêts à partir en Cour de Justice et il faut se faufiler entre les piles pour entrer dans le bureau. Il arrive, en coup de vent, sans même se présenter, nous commençons à discuter. Il ne pourra pas rester longtemps car il a une crémation, et nous, devons prendre le déjeuner avec le Dr Tulsi à 13 h au centre Deva.
Pas de langue de bois, il va droit au but, il est là pour s'occuper de sauver des enfants et faire punir les trafiquants. C'est, après la drogue, le deuxième fléau dans le monde et on commence seulement à en parler
Une petite introduction pour se présenter rapidement et nous comprenons vite que ce travail de sauvetage des filles est toute sa vie, il est marié avec une femme de la même envergure, et leur fille a accepté les conditions de vie drastiques que lui font mener des parents militants, cible de nombreux opposants, que ce soit du côté du gouvernement, de la police, de la justice ou de la mafia des trafiquants. A savoir qu’elle ne sort jamais seule, qu’elle a été à l’école jusqu’à la primaire mais qu’ensuite elle a tout fait à la maison, par internet ou avec des professeurs particuliers. Elle prépare un diplôme en chant classique, et chante pour les enfants (kidnappés puis récupérés) de l’école que ses parents ont mis en place et que nous irons voir demain.
De 10 h à 11 h
environ Ajeet le directeur nous explique l’action de Guria et
comment il se bagarre pour récupérer des filles victimes de ce
trafic et qui se retrouvent prostituées dans différents endroits de
l’Inde, les trafiquants déplaçant les filles dans des lieux dont
elles ne connaissent ni la culture ni la langue. Elles viennent du
Népal et du Ouest-Bengale principalement. Il nous explique le
système pour faire passer facilement la frontière aux filles
népalaises sans qu’elles soient contrôlées, et pour la plupart
des autres, c’est une connaissance ou un « bureau de
recrutement » qui vient leur proposer un travail bien payé
dans une grande ville. L’attrait de l’argent que va pouvoir
gagner la fille et dont ils auront des retombées, éloignent tous
les soupçons, s’ils pouvaient toutefois en avoir. Les filles sont déplacées sur Mumbai, Goa, Hyderabad, le Tamil Nadu.
Le gros problème est l’après. Lorsque l’association arrive à récupérer et sauver des filles, elle les met à l’abri jusqu’au procès, ce qui peut durer des mois ou des années, le procès n’étant intenté que si l’association est certaine que les trafiquants auront une lourde peine de prison et ne pourront plus récupérer les filles. Pour les filles il est difficile de retourner à la maison à cause de la mentalité qui fait que l’opprobre rejaillit sur toute la famille si on sait que la fille a été une prostituée. De nombreux parents rejettent leur fille. Si les parents acceptent la situation et sont solidaires de leur fille, toute la famille est alors protégée, sinon l’enfant est placé dans une maison d’accueil.
Une fois Ajeet parti, c’est un de ses collègues qui nous commentent un document sur ordinateur qui explique tout le travail de l’association. Pour les personnes intéressées nous avons pu enregistrer les conversations. Nous pouvons également indiquer des liens pour des documents sur internet sur demande.
Nous partons à midi 30 et nous arrivons pile à 13 h au centre Deva du Dr Tulsi grâce aux feux verts bien coordonnés tout le long du chemin !
Nous continuons la discussion avec le Dr Tulsi, psychiatre, qui nous donne encore d’autres éléments de réflexion et qui se dit prêt à collaborer avec des ONG internationales qui s’occupent du sujet.
Cela fait des années que je connais le Dr Tulsi qui fait un travail admirable avec les enfants et les adultes handicapés mentaux. Voir le site : https://deva-europe.org/
Rude journée... heureusement le Gange est là. Nous n'avons pas faim après tout ce que nous avons entendu... une pomme et au lit !
Les petites bougies de l'espoir sont toujours là sur le
fleuve, même coincées entre les barques...